N°87 DU TOP 100 DES MEILLEURS THRILLER DE BEPOLAR

Bien plus vertigineux que ne le laisse d’abord paraître son ton jubilatoire, Get Out, est une expérience aussi flippante que réflexive. Thriller acide et original.
Avec : Daniel Kaluuya, Allison Williams, Catherine Keener, Bradley Whitford
Année : 2017

De quoi ça parle ?

Chris, un photographe noir, et sa petite amie blanche, prénommée Rose, forment un superbe couple mixte s’aimant avec passion. Lorsque cette dernière choisit de passer un cap dans leur relation en le présentant à ses parents, une série d’incidents étranges se produit...

C’est culte parce que…

Relecture antiraciste et sous acide de Devine qui vient dîner…(Stanley Kramer, 1967), Get Out oppose une famille wasp trop sympathique pour ne rien cacher et une nouvelle pièce rapportée. Dans un mélange de peur et de fantasmes, d’attirance et de dégoût, le tourment s’installe et la bienveillance
laisse place aux sourires narquois et aux insinuations. Tout comme la mise en scène, le récit est tordu. Le réalisateur Jordan Peele s’en donne à cœur joie pour ressusciter la blaxploitation seventies.

S’y déploie une imagination faite de brusques dérèglements toujours à la limite entre grotesque et horreur. Jusqu’alors connu pour ses films d’horreur à petit budget et archi rentables (Paranormal Activity, Insidious, The Bay...), le studio Blumhouse derrière le long-métrage laisse un pied dans le
divertissement tout en entrant davantage encore et avec subtilité dans le débat politique. Un suspense qui sait brillamment ausculter le rapport tortueux qu’entretient les US à l’égard des Noirs.

Ce que le film apporte au thriller

S’il ne réinvente rien par sa physionomie générale, Get Out ajoute au thriller horrifique haute tension une propension à brocarder le refoulé américain : ici son racisme ordinaire. C’est rythmé, anxiogène et ça manie autant les codes du gothique (Frankenstein) que ceux de la science-fiction. Comme chez Haneke ou McQueen, la morale se niche avant tout dans le regard.