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L’interrogatoire de Sarah Cohen-Scali

Comment est née l’idée de ce roman ? Qu’aviez-vous envie de faire ?
Sarah Cohen-Scali : J’avais envie d’imaginer une intrigue qui se nouerait autour des peurs enfantines : la peur de l’obscurité, la peur du monstre qui, une fois la nuit venue, se cache sous le lit, une couverture, dans le placard, derrière une porte… Nous en avons tous fait l’expérience au cours de notre enfance et plus tard en tant que parents. Elle est universelle. Elle ne s’efface jamais vraiment pour certains. (J’avoue que moi-même j’ai beaucoup de mal à dormir dans un endroit totalement obscur. Il me faut toujours un point de lumière.) J’ai donc écrit la première partie du roman avec ce seul fil conducteur en tête et en adoptant comme postulat de départ que cette peur enfantine — celle du croque-mitaine en l’occurrence — n’était pas le fruit de l’imagination de l’héroïne ; elle était bel et bien réelle, elle se concrétisait. J’ai tenté de saisir ce moment que l’on craint tous, adultes comme enfants : quand le cauchemar devient réalité. Dans un premier temps je pensais rester dans le registre du fantastique, puis l’improvisation liée à l’écriture m’a amenée à explorer d’autres registres. Car, pour répondre à la deuxième partie de votre question, quand je commence un roman, je ne sais jamais exactement ce que je veux faire.

Elle a un moteur qui la guide et qui va la rendre de plus en plus forte au fil du roman : l’amour pour son père et l’envie de faire la lumière sur sa disparition.

Est-ce que vous pourriez nous présenter Anna ? Qui est-elle ? Quels sont les traits de sa personnalité ?
Sarah Cohen-Scali :La personnalité d’Anna s’est construite autour du traumatisme qu’elle a vécu dans son enfance, soit la disparition de son père. On lui a affirmé que son père était parti, qu’il l’avait abandonnée, elle et sa mère, mais elle est persuadée qu’il a été « dévoré par le croquemitaine ». D’où sa timidité presque maladive, sa peur constante, le cauchemar récurrent qui la hante et qui constitue un handicap dans la vie courante. C’est une adolescente de 16 ans très introvertie. Mais elle a toutefois un moteur qui la guide et qui va la rendre de plus en plus forte au fil du roman : l’amour pour son père et l’envie de faire la lumière sur sa disparition. Vous allez sans doute trouver ça étrange, mais, alors que toute l’intrigue est centrée sur elle, Anna n’est pas mon personnage préféré. Je me suis beaucoup plus attachée en cours d’écriture à Matteo, le policier. Lui aussi a subi un traumatisme dans sa jeunesse (qui n’est que très légèrement évoqué dans le roman, ouverture éventuelle pour un deuxième opus). Il a tout à la fois la rigueur que demande son métier et une sensibilité à fleur de peau. Il se fait manipuler et piéger tout au long de l’histoire, jusqu’au dernier tiers où il prend vraiment les choses en mains.

L’héroïne est séquestrée pendant qu’une enquête est en cours pour la retrouver. Comment avez-vous travaillé ? Vous vous êtes documentée sur des affaires réelles similaires ?
Sarah Cohen-Scali : Comme je l’ai précisé, la première partie du roman s’inscrit dans un registre de fantastique mitigé d’horreur. La narration est faite du point de vue d’Anna, au présent, pour accentuer ( du moins je l’espère) l’angoisse, pour que le lecteur soit en symbiose totale avec ce qu’elle éprouve et ce qu’elle découvre du lieu où elle est séquestrée. Ensuite, la narration change, le temps également, le lecteur suit les autres personnages — la mère d’Anna, son psy, le policier, « les jumeaux » — à l’extérieur ; une enquête est lancée pour retrouver Anna, mais je me suis très vite rendu compte que je n’avais pas envie d’en faire une enquête « classique ». De toute façon, je ne pouvais m’inspirer d’aucune affaire criminelle similaire, à savoir un enlèvement par un monstre. Je ne me suis donc pas documentée sur des affaires d’enlèvement et de séquestration, en revanche, j’ai fait beaucoup de recherches sur les sciences cognitives, la réalité virtuelle et son utilisation dans le champ médical.

De manière générale j’aime mêler les genres, mais avec "Phobie" cela s’est révélé indispensable

C’est un livre très riche, qui mélange les genres, incluant les contes de fées, le thriller et l’anticipation. Comment l’avez-vous écrit ? Vous aviez envie de faire ce mélange où s’est-il imposé au fil de l’écriture ?
Sarah Cohen-Scali : Ce mélange des genres s’est imposé au fil de l’écriture. De manière générale j’aime mêler les genres, mais avec Phobie cela s’est révélé indispensable. Fantastique et horreur dans un premier temps, avec des références constantes aux contes de fée, car les contes de fée — « les vrais, pas les conneries édulcorées de Walt Disney », pour reprendre les paroles d’un de mes personnages — flanquent la frousse et ont, de plus, une vertu initiatique, sans parler de leur interprétation psychanalytique. Thriller dans un second temps, mais j’ai envie de dire « par accident », car Matteo, le policier, est constamment trompé et manipulé. Puis anticipation, oui, au sens propre du terme. J’ai « poussé » les éléments techniques qui existent aujourd’hui. On utilise actuellement la réalité virtuelle pour traiter les phobies et les angoisses, on scénarise ces thérapies pour les rendre plus performantes. J’ai exploité à ma façon ces éléments pour les besoins de mon histoire et il y a, bien sûr, une large part d’invention. Je donne au « cube immersif » qui existe actuellement un pouvoir plus grand qu’il n’en a pour l’instant. Mais allez savoir, peut-être qu’un jour, ce pouvoir se vérifiera ? Nous vivons une période où les bouleversements technologiques sont si fulgurants… Le XXIème siècle illustre vraiment le proverbe : « la réalité dépasse la fiction ». Ce que j’écris là est un peu obscur, je m’en rends compte, mais je crains de trop dévoiler l’intrigue. Si les lecteurs de cette interview n’ont pas encore lu le roman, cela risque de gâcher leur plaisir. Peut-être serais-je plus claire en citant les références que j’avais en tête lorsque j’écrivais : Stephen King pour la première partie car, c’est une évidence de le dire, il excelle dans la description des peurs enfantines et des monstres de toutes sortes, et Philip K.Dick pour la partie anticipation, notamment Minority Report.

C’est un livre "pour ado" qui parle des traumatismes de l’enfance. Vous aviez envie de dire quelque chose de particulier aux jeunes lecteurs ?
Sarah Cohen-Scali : Je ne sais pas si c’est un livre pour ados. Il vient de paraître et je n’ai pas encore rencontré beaucoup de lecteurs. J’ai discuté avec quelques-uns d’entre eux au salon du livre de Paris le mois dernier et ce sont, en majorité, des étudiants. Certes il est question des traumatismes de l’enfance mais ces traumatismes perdurent alors qu’on est adulte et c’est peut-être à ce moment-là qu’on en souffre le plus. Je n’ai jamais envie de dire quelque chose de particulier lorsque j’écris, quel que soit l’âge du lecteur. Je ne veux pas « faire passer de message », pour reprendre l’expression consacrée. J’ai envie de raconter une histoire et d’embarquer le lecteur dans mon univers.

Sur quoi travaillez-vous ? Quels sont vos projets ?
Sarah Cohen-Scali : Début 2018 paraîtra chez Gulf Stream également un roman d’anticipation, dont le titre (provisoire) est Gingo. J’ai hâte de connaitre l’accueil qui lui sera réservé, car pour celui-ci je n’ai pas mélangé les genres, c’est de l’anticipation pure et c’est la première fois que je m’essaie au genre. J’ai terminé il y a quelques mois la saison 2 de Max, un roman historique paru en 2012 et réédité en poche en 2015. Malheureusement pour l’instant le texte est en souffrance puisque Gallimard, l’éditeur du tome 1, a refusé de le publier. Je ne sais donc pas si cette saison 2 verra le jour chez un autre éditeur. Enfin je viens d’entamer un nouveau roman d’anticipation.

Avez-vous des dédicaces à venir ?
Sarah Cohen-Scali : En ce qui concerne Phobie je n’ai pas encore le planning des dédicaces.

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