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Petite histoire du polar, épisode 8 Les débuts du polar déjanté

Polar ET humour, vraiment ? N’est-ce pas antinomique avec les valeurs supposées du polar, celui de nous présenter un bouleversement de l’ordre social et moral établi (un crime, un vol, etc.) et ses conséquences ? Un affrontement entre le bien et le mal, et ses représentants ?

Ce serait faire injure à la complexité de la vie et l’imagination des écrivains. Comme pour certains philosophes, l’humour est une valeur transcendantale qui magnifie le discours en lui donnant distance et humanité : ne dit-on pas que le plus fin des humours est l’humour... noir ?

Mauvais genre par excellence, le polar ne pouvait se laisser enfermer trop longtemps dans des codes rigides. Le polar déjanté est l’héritier des évolutions sociétales et du roman noir. Les grandes crises socio-économiques (1929, 1968) et les guerres ont parfois cette vertu de rendre certains esprits un peu plus critiques et caustiques que d’ordinaire...

Si le hard-boiled est le fils de la crise de 29, le polar déjanté trouve probablement ses racines dans l’après Seconde Guerre mondiale : dans un monde libéré (en partie) des tyrannies oppressantes, l’aspiration à vivre librement et à rire est une forme de salut.

Parallèlement, le polar a aussi été progressivement « déconstruit » par les précurseurs du roman noir, qui introduisent argot, violences, dérision et toutes les corruptions de la vie réelle du monde des hommes, portes d’entrée vers les franges marginales de la société. Situations déjantées, personnages loufoques ou à la limite de la folie, histoires sans queue ni tête et humour fécond et protéiforme vont fleurir sur ce fertile terreau.

Une figure tutélaire du polar déjanté est l’américain Donald Westlake, qui remporte une première fois en 1967 le prestigieux Edgar du meilleur roman policier pour God Save the Mark (Divine Providence en VF). Ce touche-à-tout des mauvais genres, aux multiples pseudos, va notamment briller avec ses polars humoristiques : on pense notamment aux aventures rocambolesques du malchanceux John Dortmunder.

Ce côté novateur et filou vont faire de Westlake la coqueluche des réalisateurs, avec lesquels il collabore régulièrement : aux États-Unis sur Flic et voyou (1973), Le Beau-Père (1983), sa collaboration la plus fameuse en tant que scénariste restant celle qui lui valut une nomination aux Oscars pour son travail d’adaptation du livre de Jim Thompson, Les Arnaqueurs, pour le compte de Stephen Frears (1990).

En France, il compte sept adaptations dont les plus fameuses son Le Couperet réalisé par Costa-Gavras d’après le roman éponyme (2005) et l’adaptation « piratée » de son roman Rien dans le coffre sour le titre Made in USA (1966) parJean-Luc Godard.

Au pays de Rabelais et de l’humour « hénaurme », ce sont d’autres figures qui émergent pour faire rire les amateurs de frissons. Le plus connu et populaire est sans conteste Frédéric Dard alias San-Antonio, mais il ne faut pas oublier d’autres précurseurs comme Fred Kassak ou Charles Exbrayat, qui connut de grands succès et pas moins de sept adaptations dans les années 60.

Exbrayat, figure emblématique de la célèbre collection du Masque, en tant qu’auteur puis comme directeur de collection, dut son succès dans sa veine humoristique aux personnages de Roméo Tarchini, policier Véronais bedonnant et volubile, et à l’excentrique Imogène MacCarthery, vieille fille écossaise patriote et délurée.

Le polar humoristique connait de nombreux descendants, qu’on pense aux parodies historiques d’Henri Viard ou à Tonino Benacquista et son Malavita, ces deux auteurs ayant en commun d’avoir travaillé avec les Audiard - Michel pour le premier, Jacques pour le second - figures tutélaires du polar au cinéma. Plus grand public, on pense aussi aux premiers romans de Douglas Kennedy, où l’ironie et l’humour sont visibles à ceux qui veulent bien le voir...

Et qu’il est réjouissant de voir récemment primés des auteurs mêlant avec bonheur humour et intrigue policière comme Sophie Hénaff et son truculent Poulets grillés (Albin Michel), récompensé par le Prix des Lecteurs du Livre de Poche ou la déjantée Hannelore Cayre dont La Daronne (Métailié) a reçu cette année le reconnu prix du polar européen décerné par l’hebdomadaire Le Point. Des auteurs à suivre !

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