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J’ai tiré sur Andy Warhol - "Scum Manifesto" : le portrait d’une féministe révoltée

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Qu’est-ce qui a poussé l’Américaine Valerie Solanas à écrire un manifeste prônant l’éradication des hommes et à vouloir tuer Andy Warhol ? Retour sur une vie violentée, matrice d’une prose féministe radicale.

Aurait-on parlé de Valerie Solanas si elle n’avait pas tiré sur Andy Warhol ? En tout cas, cette figure radicale de la révolte, hâtivement reliée au féminisme radical, alors qu’elle en récusait elle-même les principes et les représentantes, fait l’objet d’un nouveau documentaire, qui feuillette la biographie tourmentée de Solanas, où les traumatismes d’enfance -notamment les viols répétés infligés par son père- rappellent comment s’est construit un parcours chaotique. Le film est entrecoupé d’extraits du célèbre Scum Manifesto, un brûlot anti-hommes, mais au-delà un manifeste révolutionnaire, publié en 1967. Le texte est dit en voix off par l’actrice Jehnny Bethou ou déclamé par la compagnie Prosopopée, dont Ovidie sait capter la réelle énergie connectée à des questions contemporaines sur la place des hommes et des femmes dans notre société. Car les mots de Solanas percutent notre époque pour tendre une forme de miroir à ce qui est perçu comme une violence masculine intrinsèque. Et pour répondre à cette violence, la jeune femme essentialise le premier sexe de manière volontaire, afin de susciter la controverse à travers des syntagmes explicites -"avorton congénital"- ou des sentences définitives -"les hommes sont des femmes plus qu’incomplètes", "conserver le mâle n’a même pas la douteuse utilité de permettre la reproduction de l’espèce"-.
On ne saurait séparer ces attaques virulentes d’une existence elle-même violente, où Solanas tente de s’émanciper par les études, n’hésitant pas à se prostituer ou à vendre son bébé pour les financer et devenir une des rares étudiantes en psychologie et en philosophie, perdue dans un monde masculin qu’elle considère comme privilégié : "en master, il n’y avait plus que des hommes et de toute façon, il n’y avait qu’eux qui décrochaient les bourses et les programmes de recherche", note la militante qui se réfère à ces très inégalitaires années 50, aux États-Unis, comme quasiment partout ailleurs sur la planète. Ce que dit son propos sur la recherche scientifique, confisquée par la domination masculine, est un constat factuel étayé par des nombreux exemples, preuve d’une volonté de maintenir les femmes dans l’ignorance.

Ces segments sont les plus convaincants, parce qu’ils associent l’observation du réel et une réflexion dont la pertinence rappelle celle de Simone de Beauvoir ou, plus loin encore dans le temps, la très oubliée Madeleine Pelletier. Ce qu’en fait Solanas par la suite croise plusieurs facteurs : il y a bien sûr une schizophrénie paranoïde, catalyseur d’une cruelle désillusion relative à un tapuscrit (Up your ass) confié au célèbre Warhol, lequel ne le publiera pas et-pire- l’égarera, provoquant l’ire de son autrice. Il y a aussi l’électricité d’une époque où tout semble possible, y compris à des inconnus, dans ce Greenwich Village devenu un des poumons artistiques du monde des années 60, mais également un repère de "freaks" et de "marginaux" qui attirent immédiatement la jeune femme en quête d’évasion. Et il y a les contradictions d’une révoltée qui, en même temps qu’elle rêvait d’exterminer tous les hommes de la Terre, entretenait une amitié avec au moins deux d’entre eux, le scénariste et producteur Jeremiah Newton et le peintre Ben Morea, cofondateur du groupe anarchiste new-yorkais Up Against the Wall Motherfucker. Leurs mots éclairent d’un jour particulièrement intéressant le portrait de Solanas, en même temps qu’ils livrent un jugement sévère sur Warhol, présenté comme un manipulateur, uniquement intéressé par l’argent.
Pour autant, la tentative de meurtre du célèbre artiste ne peut se prévaloir d’une quelconque justification rationnelle. Elle révèle simplement la mégalomanie de son autrice, qui ne se sent rien et cherche à devenir quelqu’un en accomplissant un acte extrême, n’hésitant pas à attendre sa cible pendant des heures. Toute ressemblance avec un célèbre assassinat commis douze ans plus tard, au pied du Dakota Building à New York, ne saurait être fortuite.

Bref, c’est dans le sang de Warhol et dans la confusion totale que se noient les revendications d’une jeune femme désormais reliée à une folie meurtrière, qui lui vaut un internement en hôpital psychiatrique où elle subira une hystérectomie. Les dernières années sont celles de l’errance et du désœuvrement, jusqu’à une mort prématurée en 1988.
De Solanas, il reste, au-delà d’un geste, un texte dont les outrances ne sauraient dissimuler les réflexions sur une société fondamentalement hétéronormée. On comprend que dans le pays qui a vu naître les études de genre, le nom de Valerie Solanas continue de susciter l’intérêt.


Le documentaire est disponible sur arte.tv jusqu’au 25 octobre 2024.

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