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L’interrogatoire de Jean-Christophe Boccou

Bepolar : Avec la Vierge jurée, vous nous emmeniez dans les Balkans. La somme de toutes nos larmes nous entraîne entre Paris et Port-au-Prince. Comment est née l’idée de ce nouveau roman ?
Jean-Christophe Boccou : Après les Balkans, j’avais envie d’un peu de chaleur ! J’avais déjà une nouvelle histoire en tête, mais il me manquait un cadre. Je passe pas mal de temps à travailler les personnages, mais ce qui me passionne tout autant, ce sont les lieux dans lesquels ils vont évoluer.
C’est en commençant à y réfléchir que je suis tombé sur un article dans Libération écrit par Jean d’Amérique, un jeune auteur-poète haïtien. La manière dont il évoquait son pays m’a donné des sueurs froides… et l’envie d’en savoir plus.

Bepolar : Il se déroule donc en partie Haïti. Il y a une histoire de vengeance mais vous parler aussi de la situation sur place. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire sur ce pays ?
Jean-Christophe Boccou : Le choc que j’ai ressenti quand j’ai commencé à me documenter. Mes souvenirs de Haïti remontaient aux années 1980, à l’époque de Bébé Doc et des Tontons Macoutes. Je me suis donc penché sérieusement sur l’histoire du pays, depuis 1804, année où Haïti est devenue la première république noire, jusqu’à nos jours. Le constat est sans appel. Haïti a toujours été un chaudron bouillant : gangs, politiques corrompus, catastrophes climatiques, magie noire, épidémies.
Au-delà d’un matériau particulièrement riche pour écrire un polar, j’ai découvert l’histoire dramatique d’un peuple en souffrance depuis des générations et que la communauté internationale a complètement mis de côté. Un exemple parmi d’autres, le Choléra est de retour en Haïti après sa propagation en 2010 par des Casques bleus sensés venir en aide à la population.
J’avais déjà abordé le drame des familles albanaises victimes de la reprise du sang dans ‘La Vierge Jurée’, et je cherchais cette fois un cadre encore plus épique, haut en couleur, fait de tragédies humaines, mais aussi de résiliences. Des thèmes qui me sont chers.

Bepolar : Vous abordez notamment la thématique du Vaudou. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’en parler ?
Jean-Christophe Boccou : Le Vaudou est un élément incontournable de la culture haïtienne. Au-delà de l’aspect religieux ou cultuel, il a aussi joué un rôle essentiel dans l’histoire politique du pays. C’est un thème important dans le livre, mais j’ai essayé de l’aborder en évitant le côté ‘folklorique’ pour me focaliser sur l’aspect spirituel du Vaudou et son influence toujours très forte sur le peuple haïtien. Par exemple, la tradition des zombis est toujours très présente dans l’île. Loin des clichés du cinéma d’horreur, la zombification, bien qu’illégale, est une pratique toujours en vigueur en Haïti. Elle est pratiquée par des sociétés secrètes qui droguent les victimes et les enterrent vivantes, avant de les ‘ressusciter’ et de les réduire en esclavage.

Bepolar : On y suit le Capitaine Hugo Pétrie. Comment pourriez-vous nous présenter votre personnage ? comment le voyez-vous ? Même question pour Mathias Schaeffer ?
Jean-Christophe Boccou : Hugo est un flic ordinaire qui va se retrouver plongé au cœur d’une histoire extraordinaire dans un pays qu’il ne connaît pas. Je voulais qu’il ait ce côté un peu ‘poisson hors de l’eau’. C’est un français qui découvre une culture qui est à l’extrême opposé de la sienne. Je trouvais aussi intéressant de propulser un personnage de flic ‘classique’ dans un pays hors de contrôle, où même son statut de policier français n’a aucune importance. Il sort d’ailleurs profondément changé de toute cette histoire.
Quant à Mathias, il est le ‘ticket d’entrée’ de Hugo sur le territoire Haïtien. C’est un ancien Casque bleu qui gère la sécurité d’un opérateur téléphonique à Port-au-Prince, et qui va servir d’interface au flic français afin qu’il puisse avancer dans son enquête.

Bepolar : Dans les chroniques que des lecteurs et des lectrices laissées sur le web, nombreux sont ceux qui se sont fait "balader" par votre histoire et n’ont pas vu le dénouement venir. Comment avez-vous construit votre récit ? Etes-vous de ces écrivains qui préparent minutieusement leurs intrigues, ou plutôt de ceux qui laissent leur plume agir ?
Jean-Christophe Boccou : Je commence toujours par écrire quelques pages pour voir si je ‘sens’ quelque chose : si je parviens à mettre en place un rythme ou une mélodie particulière, je me mets au travail. Je suis musicien, on ne se refait pas ! En tout cas, j’ai besoin de ressentir avant de me lancer. Écrire un roman, c’est embarquer pour un voyage au long cours, mieux vaut être convaincu de ce qu’on raconte. Pour ‘La somme de toutes nos larmes’, j’ai voulu me frotter à la tradition souvent casse-gueule du twist final, ce qui implique effectivement plus de boulot en amont et un bon paquet de relectures, histoire de ne pas laisser traîner trop d’indices, même s’il en reste toujours quelques-uns (… je vous laisse les trouver !). Pour le reste, il y a une part de mystère dans le processus d’écriture. Certains personnages finissent toujours par m’échapper pour mener leurs propres existences, ce qui a été le cas avec Zéphyr et Nylah, le frère et la sœur haïtiens. Ce sont eux qui m’ont soufflé la fin du livre. La magie vaudou, sans doute…

Bepolar : Quels sont désormais vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Jean-Christophe Boccou : Je travaille sur un troisième roman qui devrait paraître au premier trimestre 2024. Un Ethno-polar très différent des deux premiers et avec une construction plutôt… atypique !

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