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J’aurais aimé te tuer - L’interrogatoire de Pétronille Rostagnat

Bepolar : Avec ce nouveau roman, vous quittez la commissaire Alexane Laroche pour un one shot. Qu’est-ce qui vous a donné envie de changer de cadre ?

Pétronille Rostagnat : Après cinq romans mettant en scène des femmes, je voulais sortir de ma zone de confort et me mettre en danger. Comme une sorte de renaissance, repartir de zéro, mais avec en main un certain savoir-faire dans la construction d’intrigues qui vous rassure. Comme un saut dans l’inconnu, mais avec un parachute ! Avec un one shot, vous pouvez tout vous permettre. Vous pouvez tuer vos personnages, il n’y plus de limites, plus de barrières. Une véritable jouissance pour l’écriture et pour son imaginaire !

Bepolar : On commence avec des aveux, une fois n’est pas coutumes. Une jeune femme se présente au commissariat pour s’accuser d’un meurtre. Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de cette histoire et qu’aviez-vous envie de faire ?

Pétronille Rostagnat : Pour moi, il est important que mes romans soient crédibles et réalistes. N’appartenant pas aux forces de l’ordre et n’exerçant pas dans le milieu judiciaire, je ne peux puiser mon inspiration dans ma vie professionnelle. Je nourris alors mon imaginaire en allant chercher l’information là où elle se trouve. Je suis abonnée à des podcasts, je lis la presse et je rencontre de nombreux policiers. Je m’inspire de faits réels et de témoignages, mais mes romans sont à 99 % de la fiction ! L’idée de mon roman J’aurais aimé te tuer est né après l’écoute d’une de ces émissions. Ce jour-là, je découvrais, à travers la voix de Christophe Hondelatte, l’histoire de Robert Pichon. Alors qu’ils pensaient avoir commis le crime parfait, un couple décide un matin de se rendre au commissariat de leur commune pour avouer le meurtre de leur voisin Robert Pichon. Problème ? Le corps est introuvable et les enquêteurs ne les croient pas…
À la fin de cette histoire aux multiples rebondissements, je me suis dit que j’avais là mon chapitre de départ ! Une jeune femme, Laura Turrel, se présente un matin au commissariat de Versailles pour s’accuser du meurtre de son employeur, Bruno Delaunay ! Emballée par cette problématique, le reste est venu tout seul.
J’avais envie de commencer mon roman par une fin et titiller la curiosité du lecteur qui commence l’histoire en connaissant la « coupable » dès le premier chapitre. Le voyage risque d’être plus mouvementé que prévu !

Bepolar : Votre roman est sur le fil du rasoir puisqu’on doute de la version de la jeune femme. Vous nous emmenez dans des faux semblants. Vous aviez envie de nous maintenir sur le fil en permanence pendant la lecture ?

Pétronille Rostagnat : Quand vous ouvrez un polar, en tant que lecteur, vous souhaiter être embarqué dans l’histoire dès les premières pages et trembler jusqu’au dernier chapitre. C’est un pacte que l’on passe avec le lecteur quand nous sommes écrivains. C’est là ma perception du métier.
Je crains toujours de décevoir. Mon écriture me ressemble. Je vais à l’essentiel, je privilégie l’action et la psychologie de mes personnages. J’écris en me mettant dans la peau de mes lecteurs. Mes chapitres se terminent par une révélation qui donne envie au lecteur de tourner la page. Écrire un polar est un vrai exutoire. Vous pouvez passer outre tous les interdits !
Lors de la sortie de mon premier roman, La fée noire, certains lecteurs m’ont fait part de leurs frustrations d’avoir devinés la fin trop tôt. Je me suis remise en question et j’ai mis les bouchées doubles pour ne pas reproduire cette erreur. Quand je lis aujourd’hui les retours des lecteurs, je me dis que j’ai réussi !
Et je suis devenue plus machiavélique encore, car mes derniers romans se terminent par des doubles twists !

Bepolar : D’ailleurs comment avez-vous travaillé ce roman pour maintenir ce suspens et ce doute ? Est-ce que cela nécessite beaucoup de préparation et de planification ?

Pétronille Rostagnat : Certains auteurs vont élaborer le squelette de leur histoire pendant des semaines avant de se plonger dans l’écriture de leurs romans. Je suis incapable de suivre cette démarche. J’ai un besoin viscéral de me jeter à l’eau dès que j’ai trouvé mon idée. Quand je commence une nouvelle histoire, je connais mes premiers chapitres et la fin, mais je ne sais pas du tout ce qui va se passer entre temps. J’écris au fur et à mesure. Je ne supporterais pas de tout connaître de mon intrigue et de mes personnages dès le prologue. J’écris comme je lis un livre. J’ai besoin de me surprendre, d’aller dans des directions où le matin même je n’aurais pas pensé aller. On peut trouver cette technique de travail brouillon. Je vous rassure, vivant avec mes personnages H-24 pendant ma phase d’écriture, la trame reste cohérente… et je me relis de nombreuses fois. Mes recherches suivent cette même logique. J’effectue mes investigations au fur et à mesure de mon écriture. Par exemple, quand je décide d’écrire une scène qui se passe dans les locaux des gardés à vue au commissariat de Versailles, je ne peux inventer l’endroit. C’est un bâtiment emblématique qui ne pourrait tolérer une erreur dans sa description. Alors avant de me lancer, je navigue sur le web des heures durant. Je visionne des reportages sur le sujet, je lis des témoignages. Quand je sens que je maitrise le lieu, j’attaque le chapitre en question. Je compte en moyenne une heure de recherche pour une page écrite, soit 300 heures de travail d’investigation par roman. Cela peut paraître beaucoup ou peu selon. Ces phases de recherche ne sont pas laborieuses pour moi. J’apprends tellement de choses, je me nourris de toutes ces informations. Je trouve cela passionnant. Je n’ai pas l’impression de travailler, je m’éclate. Aujourd’hui, avec le recul, je me dis que j’aurais adoré aller en fac de droit… mais je ne serais peut-être pas devenu écrivaine !

Bepolar : On a donc quitté Alexane pour le commandant Damien Deguire. Est-ce que c’est facile de se mettre dans les pas d’un nouveau personnage et qui est-il ?

Pétronille Rostagnat : Il n’est jamais facile de créer un nouveau personnage, surtout masculin quand vous êtes une femme. Il y a toujours la peur de partir dans les clichés, de trop en faire ou pas assez. Dans mes précédents romans, décrire la psychologie de mes deux héroïnes de cœur, Alexane et Pauline, n’a jamais été un défi. En tant que femme, je me mets dans la peau de mon personnage et j’écris avec mon cœur et mes tripes. Dans J’aurais aimé te tuer, le duo de choc est composé de deux amis flics : Damien Deguire, commandant à la brigade criminelle de Versailles et de son second, le capitaine Jonathan Pigeon. Le premier est marié et vient d’être père, le deuxième est un éternel célibataire. Tout n’a pas été simple. Je voulais que Damien soit un homme moderne qui navigue entre ses obligations professionnelles et personnelles. S’il est à 100 % dans son enquête, il n’oublie pas pour autant sa vie de famille et son petit garçon qui vient d’arriver dans sa vie. Par exemple, il est toujours présent à 2h du matin pour donner le biberon.

J’ai aimé créer ce personnage masculin car il m’a obligé de repartir d’une page blanche. J’ai dû lui inventer un passé, un présent avec son lot de blessures, de faiblesses, de forces, d’envies… tout cela en 300 pages. Je savais qu’il ne reviendrait pas sous ma plume, donc il a fallu que je le rende sympathique et attachant en quelques chapitres. D’après les premiers retours des lecteurs, je ne m’en suis pas trop mal sortie !

Bepolar : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?

Pétronille Rostagnat : Je travaille sur un nouveau roman qui remettra en lumière Pauline Carel, mon héroïne avocate pénaliste, qui a vu le jour dans mon 4ème roman Un jour, tu paieras. Après un roman sans elle, j’avais envie de la retrouver, de la faire évoluer. Pauline va découvrir la maternité et le choc émotionnel que cela engendre. Fort d’un passé douloureux et tumultueux, elle va se retrouver confronter à son passé. Elle va devoir prendre des décisions difficiles et prendre des risques. Dans ce roman, j’évoque un fait de société qui m’a interpellé il y a quelques mois : le michetonnage. Des jeunes filles, qui entretiennent des rapports romantico-sexuels avec des hommes uniquement dans le but d’obtenir des faveurs financières et matérielles. Lors de mes recherches, j’ai été amenée à lire le témoignage de Nina et de son père Thierry Delcroix, retranscris dans un livre poignant : Papa, viens me chercher. Ce récit évoque leurs mois de souffrance pour sortir de cet engrenage qu’est la prostitution. Cette lecture m’a bouleversée et m’a donnée envie d’évoquer le sujet. Maintenant, il ne s’agit pas de faire un roman de société, je reste dans mon domaine de prédilection soit le thriller. La trame de mon prochain roman évoquera en pointillé la prostitution chez les mineurs, mais tout en restant dans la fiction et le divertissement.
Sinon, je travaille en parallèle sur un autre sujet qui me tient à cœur ayant deux jeunes garçons à la maison : une bande dessinée pour adolescents, mais cela est en cours de création… Tout reste à faire… alors chut !

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