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RePlay - L’interrogatoire d’Elena Sender

Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman ?
Elena Sender : Pour des raisons personnelles il me tenait à cœur de raconter l’histoire d’un amour toxique. Dans ce roman, Loïs, une trentenaire de notre époque, pense avoir trouvé en Tristan l’homme idéal, celui qui coche toutes les cases. Mais cette rencontre va mal tourner. Cet homme, un spécialiste de l’intelligence artificielle, va se révéler aussi génial que diabolique. Il va entraîner Loïs dans un jeu vidéo mortel, RePlay, et tout va dérailler. Si j’ai inscrit ce récit dans le monde de l’intelligence artificielle et de la réalité virtuelle c’est qu’il m’est apparu évident que la relation que l’on entretient aujourd’hui avec les machines – passionnelle et addictive - est tout aussi toxique que celle de ces deux personnages.

Bepolar : Vous mettez en scène un programme qui permet de revivre son passé de changer ses choix. Qu’aviez-vous envie de faire avec cette thématique ?
Elena Sender : RePlay est, en effet, un jeu de réalité virtuelle qui permet de revivre son passé pour faire de meilleurs choix. Vous mettez le casque et hop, vous pouvez serrer dans vos bras votre père disparu ou votre amour perdu, revivre vos années d’étudiant ou le voyage de votre vie. Ça a l’air tentant dit comme cela – et cela va attirer des millions d’utilisateurs – mais en réalité c’est une boîte de Pandore qui va sauter à la figure de tous les protagonistes. Dans la décennie à venir ce genre de programme pourrait devenir réalité. Déjà, des applications offrent d’animer des photos de disparus et le deepfake (l’hypertrucage) permet de faire dire ce que l’on veut à qui on veut à partir d’une photo ou d’une vidéo. Toutes les briques du Légo sont prêtes. Il ne reste plus qu’à les assembler. Dans le futur, cette cure de nostalgie pourrait être utilisée comme nouvelle forme de psychothérapie, pourquoi pas, mais risque aussi de devenir un miroir aux alouette qui nous détourne de l’ici et maintenant ainsi que des vrais humains (pas des avatars !) qui ont besoin de notre attention.

Bepolar : Votre livre s’orne en librairie d’un gros bandeau "Attention Danger". vous aviez envie d’alerter sur les dérives possibles des intelligences artificielles ?
Elena Sender : Le roman alerte sur les dangers de la domination : de Tristan sur Loïs, du virtuel sur le réel, de l’intelligence artificielle sur notre cerveau, des géants de la Silicon Valley sur notre vie intime. Il témoigne du combat que l’on mène au quotidien pour décrocher des écrans, échapper à la tentation du virtuel, revenir au réel, même si il est bancal, moins beau et qu’il peut faire atrocement souffrir. C’est une fiction certes, mais lorsqu’on entend les projets annoncés de « metaverses », d’univers virtuels dans lesquels on vivrait une partie du temps, il est urgent de se poser la question de l’emprise des technologies sur notre vie, pour en délimiter les frontières éthiques. Après, il sera trop tard ! Je ne boude pas les écrans, les applis, internet - je ne pourrais plus m’en passer - cependant je m’inquiète du futur monde virtuel qu’on nous promet. Je considère cela comme un aveu d’échec et d’impuissance, un renoncement à améliorer le monde – bien réel – tel qu’il est. Je ne suis pas désespérée pour autant, bien au contraire ! Le livre, qui peut être très sombre par moment s’achève dans la lumière.

Bepolar : On y suit Lois et Tristan. Ce dernier est le concepteur du jeu et il va essayer de manipuler Lois. Qui sont les deux protagonistes ? Comment pourriez-vous nous les présenter ?
Elena Sender : Loïs est une célibataire, malmenée par la vie, qui cherche le grand amour à Paris, utilisant les moyens qu’offre son époque, comme les rencontres en ligne. C’est la girl next door, la bonne copine qui fait partie d’un trio d’amis inséparable. Elle n’a rien d’une héroïne au départ et aurait bien besoin de prendre confiance en elle. Tristan est un game designer qui panse ses blessures d’enfance en créant des monde virtuels à sa main, en contrôlant des avatars. Un monde dans lequel il est le héros qu’il rêve d’être. Il va offrir RePlay à Loïs pour lui plaire. Si elle est séduite au départ elle va, à un moment donné, être confrontée aux conséquences de ce jeu dangereux. Elle va entrevoir l’horreur et y puiser la force de résister et de se battre. Finalement, elle se révèle bien plus combattante et valeureuse qu’on n’aurait pu le croire. Elle devient une héroïne.

Bepolar : Vous parlez de machination et d’emprise dans votre roman qui est qualifié de thriller psychologique. Comment l’avez-vous construit ? On imagine que concevoir un tel piège pour les personnages demande de la préparation.
Elena Sender : J’ai construit le piège pas à pas, méthodiquement. Mais pas froidement. Je m’y suis prise de manière organique, émotionnelle, en suivant l’évolution de mes ressentis. Si on m’offrait RePlay, que se passerait-il ? Qu’en ferais-je ? A quelle époque de mon passé irais-je ? Avec qui ? Pour faire quoi ? Et si je rencontrais mes proches disparus, et si je pouvais dire à untel tout ce que je n’ai pu dire, et si je réussissais enfin ce concours que j’ai raté, et si je me projetais dans le passé pour fuir mon présent, pour retrouver un amour perdu, et si et si… J’ai incarné chaque possibilité, ai poussé le raisonnement jusqu’au bout et j’ai observé – comme un chercheur le ferait de ses cobayes – ce qu’il adviendrait des personnages, psychologiquement, humainement. Et, petit à petit, implacablement, la porte de la souricière s’est refermée sur eux, jusqu’à l’ultime pas franchi, que je ne peux pas dévoiler ici.

Bepolar : On navigue entre Paris à San Francisco en passant par la Normandie. Quelles importances ont les lieux dans votre écriture ?
Elena Sender : Paris représente la vie active, l’ancrage dans la réalité où Loïs essaie de se faire une place. La Normandie – plus précisément la côte, les falaises et la mer – symbolise l’imaginaire, la créativité, le lieu de tous les possibles où Tristan laisse court à ses délires mégalomaniaques. Et enfin San Francisco est le lieu où les startupers de la Silicon valley - qui ont remplacé les hippies des années 1970 - donnent corps aux idées futuristes les plus folles, sans limite. Ces trois unités de lieux forment une sorte de triangle des Bermudes dans lequel les personnages évoluent au risque de se faire happer dans le monde virtuel et disparaître.

Bepolar : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous désormais ?
Elena Sender : Je réalise pour France télévision un documentaire que je rêve de tourner depuis des années : Climat : 50 ans de combats encore un thriller, mais géopolitique cette fois ! A côté de cela, je cumule des projets de films et de livres. J’ai déjà l’idée de mon prochain roman, mais il faudrait que je trouve le temps de m’asseoir pour imaginer et écrire. Car, pour le moment, je n’ai pas (encore !) d’avatars pour faire le boulot à ma place.

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