Club Sang

Profitez de toutes nos fonctionnalités et bénéficiez de nos OFFRES EXCLUSIVES en vous inscrivant au CLUB.

JE REJOINS LE CLUB SANG

Erectus - Le Dernier hiver - L’interrogatoire de Xavier Müller

Bepolar : Le Dernier Hiver est le point final de votre trilogie Erectus. Comment est née l’idée de cette série ?
Xavier Müller : Il est toujours un peu difficile de faire de l’archéologie mentale, mais l’envie de mettre en scène une confrontation entre une femme et l’aspect bestial de son compagnon me taraudait depuis longtemps.
J’étais même à deux doigts d’organiser une réunion avec des amies pour recueillir leur sentiment sur ce scénario : « Imaginons que votre homme ne soit plus tout à fait lui-même, comment réagiriez-vous ? ».
Ça sonne comme l’ordre du jour d’une réunion de prévention des violences conjugales… Pas vraiment étonnant ensuite qu’on ait étiqueté Erectus de roman féministe, avec un brin d’exagération. Plus tard, cette idée a pris corps sous la forme d’une régression des espèces : et si toutes les espèces vivantes remontaient soudain le cours de l’évolution ? Autrement dit, et si la part animale de l’être humain reprenait le dessus ? De façon générale, je trouve qu’on apprend aux enfants à devenir des hommes, mais très peu à devenir des animaux. C’est-à-dire à gérer la force pulsionnelle qui nous habite tous. Voilà de quoi je voulais parler dans le roman.

Bepolar : Est-ce que vous aviez tout le plan en tête de la série dès le départ ? Est-ce que votre dernier tome correspond à votre intention de départ ou est-ce que celle ci a évolué avec le temps ?
Xavier Müller :
Erectus devait être une histoire en un tome. C’est grâce à l’enthousiasme des lecteurs et la richesse de l’univers que deux tomes supplémentaires ont vu le jour. Donc quand j’ai terminé le deuxième tome, je n’avais aucune idée ou presque de ce que pourrait raconter le troisième et dernier volet. Je savais simplement que logiquement l’histoire tournerait autour de la possibilité d’inverser le processus de régression, de façon à redonner un espoir à l’humanité. Et je savais aussi qu’il fallait mettre le holà sur le virus. Au autant il y a eu une appétence pour les histoires de pandémies quand le covid a commencé à déferler en Europe, autant il y a un ras le bol général aujourd’hui pour cet imaginaire. Ça laissait beaucoup de place pour partir dans de nombreuses directions. Remonter aux sources du virus, en revanche, me paraissait intéressant et à son origine extra-terrestre…

Bepolar : Vous mettez en scène une "superrégression". Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que c’est ?
Xavier Müller :
La superrégression est simplement une version survitaminée de la régression. Elle touche non seulement les humains, mais aussi la population d’erectus, d’humains régressifs. Je vous laisse imaginer jusqu’à quel stade de l’évolution humaine les erectus vont se métamorphoser. Cette superrégression était une manière de mettre tout le monde sur un même pied d’égalité, humains comme erectus. Les anciens ennemis affrontent la même menace. Vont-ils parvenir à dépasser leurs différences pour s’entraider ? C’est une nouvelle étape dans ce choc des civilisations. Si aujourd’hui une nouvelle espèce humaine émergeait, sans doute commencerions-nous par mal la traiter avant, dans un second temps seulement, de nouer des relations plus riches avec elle. Au cours de l’histoire, la « découverte » du Nouveau Monde nous a offert un bel et tragique exemple du comportement des hommes face à ceux qu’ils jugent inférieurs. L’être humain est une créature ambivalente, à la fois curieuse et hostile à la nouveauté. Elle me fait penser à mon chien, parfois.

Bepolar : Il y a pas mal d’éléments scientifiques autour du temps ou d’univers parallèles. Quelle est la part de documentation ? Comment travaillez vous autour des données scientifiques pour les intégrer à vos histoires ?
Xavier Müller :
Mon effort de documentation est faible. Je m’appuie essentiellement sur les connaissances acquises au cours de mon premier métier (journaliste scientifique) ou sur mes lectures régulières d’articles et livres scientifiques. Je suis un passionné de faits naturels, au sens très large. Je prends fréquemment mon petit-déjeuner en lisant le compte-rendu de chercheurs ayant découvert une phalange d’homo ancien dans une grotte à l’autre bout de la planète. Lire de la science, c’est comme plonger dans un monde où tout est possible. C’est vraiment un support d’évasion pour moi, ce qui peut paraître curieux car on parle bien de la réalité. Évidemment, j’ai des angles morts, surtout lorsque je prépare un roman. Je n’hésite pas alors à appeler des scientifiques pour combler mes lacunes et de façon à intégrer les informations les plus récentes dans le livre. Il y a un bon exemple dans Erectus - Le Dernier hiver : j’y rapporte des observations expérimentales en génétique qui ne figurent dans aucun article de vulgarisation !

Bepolar : On retrouve un certain nombre de personnages comme Lucas, Anna ou Wuan. On a fait un bout de chemin avec eux. Quels liens entretenez-vous avec vos personnages ?
Xavier Müller :
Certes ces personnages m’ont accompagné durant un sacré moment (il s’est peut-être écoulé huit ans entre l’écriture des premiers mots du tome 1 et la sortie du tome 3), mais en toute franchise je n’y suis pas autant attaché que ça. Certains de mes lecteurs le sont peut-être davantage que moi d’après les retours que j’ai eus. Peut-être parce que les personnages sont comme les acteurs au cinéma, ce sont eux que l’on voit. Mais moi je dois m’occuper de la mise en scène, de l’éclairage, des repérages… Les personnages s’effacent dans mon esprit derrière toute la machinerie mentale qu’un auteur doit mettre en route. Et peut-être leur souvenir s’estompe-t-il également parce que j’avais envie de changer d’univers après tant d’années passées les pieds dans la terre de la préhistoire…

Bepolar : On voyage à Rome, à New York, au Moyen Age, à la Renaissance... Vous aviez un plan bien précis des lieux et des temporalités pour ce roman ?
Xavier Müller :
Oui, comme on voyage dans le temps, je voulais qu’on visite des époques capables d’incarner l’apogée de la civilisation humaine. Erectus a toujours parlé du propre de l’homme. D’où cette idée d’une forme de road-trip à travers le génie humain. Quand on va à Florence, c’est évidemment pendant la Renaissance, une époque d’explosions technique et artistique. Comment aurait réagi Léonard de Vinci s’il était tombé nez à nez avec un erectus ? Il aurait évidemment été passionné par l’anatomie de cette créature aux accents simiesques. Son homme de Vitruve serait devenu l’erectus de Vitruve, sans nul doute.

Bepolar : C’est le dernier, quel sentiment vous habite depuis qu’il est publié ?
Xavier Müller :
D’abord de l’impatience vis-à-vis du projet d’adaptation en bd. Il devrait sortir courant 2023 sous le crayon d’Erik Juszezak et promet d’être brillant. Il reprendra l’intégralité du tome 1 et s’il fonctionne nous continuerons. Je devais écrire le scénario au départ, mais j’étais pressé par l’écriture du tome 3, donc c’est Erik qui s’est occupé lui-même d’adapter. Maintenant que j’ai mis un point final à cette trilogie, je suis tout concentré sur mon prochain projet. Ça sera à nouveau une fresque épique, cette-fois sur l’intelligence animale. C’est mon objectif : vous faire peur avec des menaces auxquelles vous ne pensez pas. Et je vous garantis que vous frissonnerez encore. Mais tout en voyageant et en explorant des univers fascinants.

Galerie photos

spip-slider
XO Editions
spip-bandeau

Votre #AvisPolar

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

ConnexionS’inscriremot de passe oublié ?

Bepolar.fr respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. et nous veillons à n’illustrer nos articles qu’avec des photos fournis dans les dossiers de presse prévues pour cette utilisation. Cependant, si vous, lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe constatez qu’une photo est diffusée sur Bepolar.fr alors que les droits ne sont pas respectés, ayez la gentillesse de contacter la rédaction. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.