- Réalisateur : Jenny Popplewell
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américaine
- Plateforme : Netflix
- Date de sortie : 10 avril 2024
- Durée : 1h26min
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Résumé :
Quand elle appelle les secours pour signaler qu’on a tiré sur ses parents, Jennifer Pan devient le point de mire d’une affaire criminelle captivante.
Les amateurs de récits policiers ou d’histoires fantastiques savent bien que la réversibilité des identités constitue un ressort dramatique d’une redoutable efficacité. Mais lorsque l’on quitte le cadre de la pure fiction et que l’on se confronte à la réalité la plus sordide, propre à certains faits divers, un constat s’impose : le changement de statut des personnes impliquées mobilise toute l’attention de l’opinion publique et imprime la trace d’une affaire dans la mémoire collective, en même temps qu’elle réactive les vieux schèmes des récits mythologiques, comme la transgression de l’interdit (le désir de tuer ses propres parents) ou la fatalité de la passion amoureuse. C’est dans cette complexe imbrication, entre Éros et Thanatos, que se noue le funeste itinéraire de Jennifer Pan, jeune femme élevée par un couple d’immigrés vietnamiens, résidant au Canada, travaillant dur pour que leur enfant réussisse.
Programmée pianiste virtuose, puis doctoresse, après de brillantes études à l’Université, la petite fille modèle dévie du parcours et s’amourache d’un pizzaïolo impliqué dans des trafics de drogue. Les parents n’encaissent pas, la jeune fille s’entête et, puisqu’une vérité équivaudra toujours à une confrontation perdante, elle choisit le mensonge, dont on sait depuis Jean-Claude Romand qu’il coule tel un lent poison jusqu’à la tragédie.
Diplôme fabriqué par Photoshop, Jennifer tente de sauver la face pour sauver son couple : car son ex-petit ami, prenant ombrage d’une relation trop entravée, menace de lui glisser entre les doigts. Peine perdue. L’ombre du ressentiment recouvrira bientôt la maison familiale d’un immense linceul.
Le documentaire de Netflix, classique dans sa forme, a le mérite de construire son histoire comme un polar, menant d’abord son lecteur sur une fausse piste : pour cela, il suffit de confier les clefs du récit à Jennifer Pan, mythomane douée d’une imagination romanesque, inventant de toutes pièces un cambriolage nocturne qui a mal tourné. Toutefois, les enregistrements des interrogatoires la montrent fébrile, tortillant nerveusement les mèches de ses cheveux, jusqu’à l’aveu du crime par procuration, obtenu par des subterfuges qui démontrent à quel point certaines enquêtes de police tiennent de la partie d’échecs.
Derrière elle, Jennifer laisse le cadavre de sa mère. Son père, lui, a survécu à l’attaque vespérale. Les vérités de Jennifer mérite bien son titre. Mais le titre original (What Jennifer did ("ce que Jennifer a fait") est encore plus explicite, rétablissant la vérité factuelle, celle d’une victime en fait coupable.