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François Truffaut : trois polars incontournables

JOUR 46

Si Truffaut a démontré, sa carrière durant, sa capacité à ne jamais s’enfermer dans un genre cinématographique, il a aussi manifesté son goût du récit policier qui l’a évidemment conduit à flirter avec le suspense, tout en jouant avec les codes du polar ou du thriller. Retour sur trois films emblématiques de ce Truffaut moins célébré que le cinéaste autobiographe du fameux cycle Antoine Doinel.

1- Tirez sur le pianiste

Le deuxième film du jeune réalisateur, qui vient de triompher avec Les Quatre cents coups, est une oeuvre mal aimée, parce que Truffaut déçoit les attentes. Sa seconde réalisation n’est pas une fiction largement inspirée de sa propre vie, mais un faux film policier, où le scénario se joue sans cesse des stéréotypes propres aux séries noires américaines. Dès le début, le frère du héros fuit deux malfrats avant d’être sauvé par un homme qui l’entraîne dans une forme de conversation sentimentale... presque rohmérienne ! La caméra s’attarde sur l’échange en un travelling nonchalant, avant que le quidam ne sorte du champ pour de bon. Jouant sur le registre comique (on repère la présence de Boby Lapointe en chanteur loufoque) et sur une tonalité plus grave (le suicide de la première compagne du pianiste, la mort de sa petite amie, tuée par l’un des deux gangsters du début), Truffaut démontre sa capacité à allier le suspense, l’absurde, le pathétique, avec un art consommé des ruptures (l’enlèvement du protagoniste musicien par les malfrats est traité sur un mode loufoque). Le dernier plan de cette réussite artistique s’attarde sur les yeux tristes de Charles Aznavour, dont le personnage traîne la mélancolie d’une notoriété enfuie. Le comédien et chanteur trouve ici un de ses meilleurs emplois. Et Marie Dubois, dans le rôle d’une jeune femme libre et gouailleuse, est assurément la révélation du film.

2- La mariée était en noir

Le plus hitchcockien des films de François Truffaut. L’héroïne incarnée par Jeanne Moreau est un ange exterminateur, qui élimine un à un les hommes responsables du meurtre de son époux, le jour de son mariage. Le vertige du personnage joué par Claude Rich évoque immanquablement Sueurs froides, l’énorme couteau de cuisine que tient Julie Kohler rappelle Psychose, la musique de Bernard Herrmann, compositeur attitré du célèbre réalisateur anglais, renforce bien évidemment l’analogie, d’autant que sa partition s’accorde brillamment avec cet exercice de style souvent dénigré par les admirateurs de Truffaut. Certaines scènes demeurent en mémoire : la logorrhée stupide du fat personnage interprété par l’excellent Michael Lonsdale, relégué dans un hors-champ signifiant, tandis que le travelling suit le fil rompu du téléphone ; les fondus-enchaînés où se superposent la douleur présente et les souvenirs passés ; l’apparition fantomatique de la vengeresse au cours d’un buffet où elle accomplit la première étape de sa mortelle randonnée. Dans le rôle de la femme moralement blessée que le bonheur a définitivement désertée, Jeanne Moreau est mémorable. Héroïne fatalement attachée à sa mission, elle est une figure tragique par excellence.

3- Vivement dimanche !

Le dernier film de François Truffaut est une fantaisie débridée qui rend à la fois hommage au polar noir des années 50 et à la screwball comedy : un couple professionnel plutôt antagoniste renforce ses liens à la suite de meurtres mystérieux. Lui est un agent immobilier autoritaire, elle une secrétaire plutôt indisciplinée : déroulant un long fil d’indices qui rendent le récit constamment dynamique, le réalisateur s’amuse à parodier les codes du film policier dans un noir et blanc de circonstances, tandis que les comédiens s’amusent à incarner les stéréotypes. L’enquête globalement habile est régulièrement interrompue par l’incursion du comique : une garde à vue est gâchée par une fuite d’eau, le nom d’un homme est en fait celui d’un cheval, un combat à trois est filmé comme la chorégraphie d’un trio de danseurs, certaines répliques font mouche ("Ce n’est quand même pas très glorieux de ligoter un type évanoui - Bah, on n’est pas là pour être glorieux")

A très vite pour un nouveau guide de survie en territoire Covid-19 !

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