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L’interrogatoire de Christophe Corthouts

Bepolar : Comment est née l’idée de ce nouveau roman ?
Christophe Corthouts :
Au départ, je suis plutôt un auteur de fantastique, voire de thriller technologique avec une pointe de science-fiction. Pour « Silences », je me suis lancé le défi d’écrire un polar/thriller/roman d’enquête, en restant au plus proche de la réalité. Je ne voulais pas faire appel à des éléments fantastiques, ou de spéculation scientifique. A partir de là, comme toujours lorsque j’écris, j’ai « vu » le roman, comme un film, avec ses séquences, ses personnages, son déroulement… Et j’ai posé ce que je voyais sur le papier. C’est d’ailleurs généralement la méthode d’écriture que j’utilise.

Bepolar : Vous nous emmenez dans une petite ville de Pennsylvanie pour un
tournoi de Golf. Pourquoi avoir choisi ces lieux ?

Christophe Corthouts : En fait, sous les couches d’écriture de « Silences », se trouve, bien cachée, la structure de « Jaws », de Steven Spielberg, inspiré du roman de Peter Benchley. Soit un petit ville qui vit du tourisme et un tueur mystérieux et « tout puissant » qui vient perturber la bonne marche des choses. Avec des autorités qui préfèrent que l’on garde le silence sur les dangers que représente l’assassin. Je ne voulais pas écrire un remake de Jaws… Parce que je voulais aussi explorer un élément qui ma fascine, c’est le Mal chez l’être humain. Pourquoi, comment, par quelle mécanique, un être humain peut-il décidé de devenir un assassin ? Enfin, mon cadre de référence, moi qui suis né en 1970 et qui ai grandi « sous influence » de la culture US des années 80 et 90, ce sont tous ces clichés sur l’Amérique et ses petites villes. Des éléments que les lecteurs connaissent eux aussi. Et j’aime établir une sorte de connivence avec les lecteurs et les lectrices. Pour moi, une lecture doit être ludique autant que prenante.

Bepolar : Votre bibliographie comporte de nombreux romans. Est-ce que les lieux influencent les histoires ? Est-ce que ce polar aurait pu être écrit ailleurs ?
Christophe Corthouts : C’est une bonne question. Je pense effectivement que le lieu de l’action peut avoir une influence sur l’histoire. Surtout aussi si les interactions entre les personnages. Dans ‘Silences’ les enjeux, par rapport aux autorités, sont ce qu’ils sont, parce que Birdie’s Fall est une petite ville qui compte que les retombées de son Tournoi de Golf pour vivre le reste de l’année. Si j’avais placé l’intrigue dans une grande ville de Floride, où les parcours de Golf sont presque aussi nombreux que les retraités de la finance ou de la politique, cela n’aurait sans doute pas fonctionner de la même manière. Je me souviens que pour l’écriture de « Virtual World », mon tout premier roman qui parle de parc d’attractions virtuel et de technologies informatiques de pointe, la ville de Seattle, siège historique de Microsoft était un choix évident. Pour écrire un suspense bien poisseux, avec un personnage bizarre qui s’attaque à ses victimes en triturant leur intimités par le biais des réseaux sociaux, je choisirai sans doute une grande ville un peu impersonelle, où les gens n’ont que peu de contacts et vivent repliés sur eux même.

Bepolar : On y suit les traces d’un tueur particulièrement imaginatif. Et pour
le traquer, il y a Jack Sherwood, ancien enquêteur de la police de Philadelphie au passé plutôt violent. Qui est Jack Sherwood pour vous ? Comment pourriez-vous nous le présenter ?

Christophe Corthouts : Jack Sherwood est à la fois un archétype et, je l’espère, un être humain. C’est un archétype parce que c’est l’image de cet enquêteur plutôt doué, qui se heurte à un moment de sa carrière à une situation d’une telle violence, qu’il perd pied. Il a trouvé refuge à Birdie’s Fall dans l’espoir de prendre de la distance avec le Mal. Mais bien entendu, le Mal ne connaît pas de frontière. Et puis, s’il n’y avait pas cet appel de l’aventure, il n’y aurait pas de roman. Mais j’espère en avoir fait un être humain, parce que ce n’est pas un surhomme. Il conserve ses failles, même au fil de l’enquête. Il fait du chemin… mais je tenais à ce qu’il termine le roman toujours dans un état de déséquilibre. Je pense que la vie d’un humain est faites de déséquilibre… et nous passons notre vie à tenter de résoudre ses déséquilibres. Vivre, c’est finalement marché sur un long fil tendu entre la vie et la mort… Un fil qui se trouve à une hauteur qui peut varié, selon les moments de l’existence. Parfois, un chute entraine simplement une redéfinition de nos priorités et de nos objectifs. Parfois, elle peut entraîner la mort. La soucis reste que nous avons souvent peu de perception sur la taille du vide qui se trouve sous nos pieds. Et c’est ce qui rend la vie à la fois passionnante, effrayante, dangereuse, excitante. C’est tout cette complexité que j’essaie de traduire dans mes personnages et mes histoires. Tout en gardant un œil sur un objectif important : distraire et offrir du plaisir.

Bepolar : L’intrigue est complexe. Comment travaillez-vous ? Etes-vous plutôt un écrivain "architecte" ou un écrivain "jardinier" ?
Christophe Corthouts : Jardinier. Sans hésitation. Du moins dans un premier temps. Je connais la première scène de mon roman. Et je sais où je veux mener l’intrigue et les personnages. Ensuite, je me promène dans mon récit et, comme je l’indiquais plus haut, je décris ce que je vois sur l’écran de cinéma installé dans ma cervelle. Au fil de l’écriture, il m’arrive de « monter » certaines séquences dans un ordre différent de celui que j’avais imaginé. Parfois aussi, je dais une pause, je relis tout ce que j’ai déjà écrit et je pose, sur un bout de papier, les enjeux et la mécanique de tout ce qu’il me reste à écrire. Cela permet à la fois de ne pas risquer de perdre le fil… Ou de m’engager dans une voie qui pourrait provoquer une profonde réécriture de ce qui précède. Ceci dit, si une très chouette idée surgit et qu’elle demande de revoir tout ou partie du texte, je ne rechigne pas, bien entendu. Ecrire, c’est quelque chose de très fluide pour moi. D’autant plus fluide que le traitement de texte permet aujourd’hui un travail plus aisé de la « matière textuelle ».

Bepolar : C’est un polar assez redoutable et on pense à certaines séries
américaines. Est-ce que vous avez pensé à des films ou des séries au
moment de l’écrire ?

Christophe Corthouts :Bien entendu. Comme je le disais plus haut, je suis un enfant des séries télés d’autrefois. Columbo, Starsky et Hutch, les Experts, L’Incroyable Hulk. Mais je suis aussi un enfant de la VHS et du cinéma américain des premiers blockbusters. Je suis assez vieux pour avoir découvert « Les Aventuriers de l’Arche Perdue », « L’Empire Contre Attaque » ou « SOS Fantômes » sur grand écran. Sans parler des films d’action/thriller comme « Piège de Cristal » ou « Cliffhanger ». Tout cela m’a fortement influencé. Au point, sans doute, de me forger une image d’Epinal des Etats-Unis. Mais c’est une image qu’un grand nombre de lecteurs et de lectrices d’aujourd’hui, partagent avec les auteurs de thriller francophones. Je pourrais aussi citer un film comme « Seven » (même si je pense être plus optimiste envers la nature humaine qu’ Andrew Kevin Walker et David Fincher) ou « Le Silence des Agneaux », adapté de Thomas Harris.

Bepolar : Je fais un pas de côté pour évoquer Henri Vernes. Vous poursuivez depuis deux décennies les aventures de Bob Morane. Est-ce que ça a été facile de se mettre dans les pas d’Henri Vernes ? Et comment considérez vous Bob Morane. Est-ce pour vous encore son personnage ou désormais un peu le vôtre aussi ?
Christophe Corthouts : Je dirais que cela n’a pas été difficile en terme d’écriture. Parce que dès le départ, Henri m’a clairement dit : « Je veux que tu écrives tes Bob Morane. Cela paraîtra sous mon nom, pour des raisons contractuelles, mais ne cherche pas à m’imiter ». Cela tombait bien, parce que je n’en avais pas l’intention. L’imitation vire vite au pastiche, voire à la caricature et je voulais écrire « mes » Bob Morane, tout en respectant un esprit de roman populaire, vif, ancré dans une réalité moderne, mais archétypale. Ce qui a été plus difficile, c’est de découvrir la difficulté de porter le personnage vers le public qui l’avait, il faut l’avouer, un peu oublié. Pas dans son incarnation graphique (à l’époque, les BD de Coria se vendaient encore bien et je pense que la reprise actuelle est un bon succès de librairie…), mais dans son incarnation romanesque. Cela est dû en partie à des difficultés liées aux droits du personnage, à la taille de l’actuelle maison d’éditions et aux changements importants que le monde du livre à connu ses 20 dernières années. Et pour la dernière partie de la question ? Non, Bob Morane est et restera la création d’Henri Vernes. Je trouve d’ailleurs dommage que son œuvre ne soit pas davantage célébrée, étudiée, décortiquée et publiée de façon plus visible. Il y a, dans l’œuvre de Vernes, matière à bâtir un univers transmédia d’une richesse incroyable.

Bepolar : Quels sont désormais vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Christophe Corthouts : Je viens de déposer, aux Edition Lyvr’s, une troisième traduction de roman de Graham Masterton, ce qui constitue un autre pan de mon travail d’auteur. Une nouvelle aventure de Bob Morane, intitulée « Les Naufragés de la Peine Lune » devrait sortit sous peu. Ensuite, « Les Cauchemars de l’Ombre Jaune », encore une aventure moranesque est prévue sous forme d’édition limitée. Mais je « gros morceau » c’est la réécriture finale de « Ténèbres », le deuxième enquête de Jack Sherwood, qui aura des interconnexions avec la première… Et qui élargira un peu l’univers du héros. Ensuite… Mes tirroirs sont plein d’idées et je sais que je m’en irai avec des tas de scénarios inexploités dans un coin de ma cervelle !

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