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L’interrogatoire de Julien Freu

Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman ?
Julien Freu : Il s’agit d’une vieille idée, née en 2005. Je venais de publier mon premier roman et je m’apercevais alors que le nouveau millénaire se mettait sérieusement en place, enfouissant le XXème siècle comme une avalanche. L’envie m’est venue d’écrire la chronique d’une décennie évanouie, les 90’s, à ce moment-là. J’ai abandonné ce projet au bout d’une quarantaine de pages, car je suis parti sur autre chose, une collaboration qui a conduit à la publication de mon deuxième roman. Quand j’ai eu 40 ans, je suis retourné vivre dans le village où j’avais grandi, dans ces années-là. Les souvenirs me sont revenus. J’ai exhumé ce texte et me suis plongé dans sa rédaction en me disant que le petit garçon que j’étais en 1990 avait purement et simplement disparu. J’ai eu envie, pendant quelques centaines de pages, de le retrouver.

Bepolar : Vous nous emmenez dans les années 90. Pourquoi avoir eu envie de situer votre intrigue dans cette période ?
Julien Freu : A nouveau, pour en faire la chronique, joyeuse et un peu désespérée, et l’inventaire de mon enfance et de mon adolescence disparues. Parce que cette ultime décennie du XXème siècle me paraît passionnante à traiter. D’une part par ce qu’elle est bien identifiée, elle prend place entre deux effondrements (celui du Mur de Berlin et celui des tours jumelles du World Trade Center), et qu’elle véhicule un imaginaire puissant (l’an 2000 pointait, on allait voir ce qu’on allait voir). Cette décennie était dense, lente et extrêmement créative. Je voulais lui rendre hommage.

Bepolar : Les chroniques sur le web évoque un mélange de "Ça", "Stranger Things" et "Dark". Est-ce que ce sont des références qui vous conviennent pour votre roman ?
Julien Freu : Quand je me lance dans un roman, j’ai toujours deux textes en tête, des jalons qui définissent une fenêtre de tir. Pour "Ce qui est enfoui", je pensais à "Ça", en effet, qui est un chef d’œuvre absolu et à "Bienvenue au club", de Jonathan Coe.
Je n’ai pas vu Dark, quant à Stranger Things, je suis tombé dessus quand j’en étais aux trois quarts de l’écriture. Ce n’est donc pas une référence. Je ne suis pas très séries, pour tout dire. Mon temps libre est entièrement réservé à la lecture et à l’écriture. Mais je reconnais une qualité scénaristique, une ambition et une ampleur dans la production actuelle. En un sens, mon roman a été pensé comme une série. Chaque chapitre est un épisode, chaque partie une saison. Être romancier aujourd’hui, c’est se mesurer aux séries. Pour voir si la littérature peut rivaliser. Et je suis certain qu’elle le peut, de très loin.

Bepolar : On commence comme un polar avec la disparition d’un collégien, puis on bascule dans un récit qui flirte avec le fantastique et nous emmène sur des chemins surprenants. Comment avez-vous construit votre roman ?
Julien Freu : Ecrire est une activité magique, réellement. J’écris sans plan. L’histoire se dévoile à moi, peu à peu. Elle emprunte les voies, les circonvolutions qu’elle désire. Je suis juste derrière, à courir après l’histoire, mot après mot, page après page. Il n’y a donc pas de construction mais un important travail de reconstruction, une fois le premier jet fini. Et j’aime l’idée de mélanger les genres. Le concept même de genre me pose problème. J’aime King, Ellroy ou Dan Simmons comme j’aime Duras, Maupassant ou Hugo. Si on y réfléchit un peu, les catégories de genre ne tiennent pas. "Crime et châtiment", c’est un polar. Et "Ça", c’est un roman d’apprentissage avant tout.

Bepolar : On va suivre plusieurs collégiens dans ces années 90. Vous êtes née en 1978, donc vous avez bien connu cette période. Qu’est-ce que ce récit à de vous et de vos souvenirs ?

Le paysage est celui de mon enfance et de mon adolescence. Ce texte recycle en effet mes souvenirs pour en faire une œuvre littéraire. Il y a beaucoup de moi en Jérémie et en Dario. Mais, à la façon d’un rêve, ces souvenirs sont modifiés, c’est moi sans être moi, c’est le monde que j’ai connu tout en étant un territoire étrange, distordu. Et comme j’aime à le dire, la mémoire est une chose ni tout à fait vraie, ni tout à fait sérieuse.

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Bepolar : Un petit mot sur le capitaine Ernevin qui va mener l’enquête. Qui est-il à vos yeux ? Comment vous pourriez nous le présenter ?
Julien Freu : Le capitaine Claude Ernevin, c’est mon sur-moi... C’est un centurion romain, qui ne croit qu’en l’honneur. C’est un homme d’une implacable efficacité. C’est un homme qui considère le monde et l’humanité tout entière avec un mépris glacial. Il n’a aucun affect pour ce qui l’entoure, hormis sa fille Aurore, qu’il élève seul depuis la mort de sa femme. Aurore est la lumière absolue de sa vie. Tout son amour, toute son humanité, son empathie, sont réservés à Aurore. J’ai adoré écrire sur cette relation extrême père-fille. La paternité est un sujet qui m’intéresse infiniment. C’est un thème abyssal.

Bepolar : Sur quoi travaillez-vous désormais ?
Julien Freu : Je continue d’explorer les nineties. Mon nouveau roman prend place entre 1994 et 1996, à nouveau dans une ville fictive et ouvre sur l’assassinat d’un jeune couple d’amoureux, une nuit de brume, sur un parking. On va suivre l’enquête sur trois ans, et découvrir une communauté percutée par l’irruption de la violence, du hasard et de la mort. A la fois des lycéens, leurs parents et les enquêteurs. Ah oui, et d’un tueur en série, tant qu’à y être...

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