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L’interrogatoire de Sophie Pointurier pour Femme portant un fusil

Bepolar : Comment est né ce nouveau roman ?
Sophie Pointurier : Ce livre m’a été inspiré par le livre de Françoise Flamant, Women’s Lands, qui a été le début de mes recherches sur les terres de femmes. Une fois le livre terminé j’avais envie d’en savoir plus, de poursuivre cette rencontre imaginaire. Je me suis documentée sur toutes les utopies séparatistes qui ont coexisté dans l’histoire des féminismes, comme les béguines au moyen âge, les retours à la terre des lesbiennes dans les années 70, les danoises dans les années 80, mais aussi Umoja, un des villages de femmes Samburu au Kenya. J’avais aussi en tête les œuvres de Wittig, les Guérillères notamment.

J’ai puisé mon inspiration dans une réalité à géométrie variable, entre les utopies réelles et les imaginaires, pour proposer ma part d’utopie à moi, ma version d’une terre possible.

Bepolar : On y suit quatre femmes qui s’installent dans un hameau pour le destiner aux femmes. Beaucoup vont les rejoindre mais au départ il y a Claude, Harriet, Élie, Anna. Qui sont-elles pour vous ? Comment est-ce que vous pourriez nous les présenter ?
Sophie Pointurier : Claude, la narratrice principale, c’est vous et c’est moi. Je l’ai voulue à cet âge charnière où l’on réalise que les compromis nous ont usés. Comme beaucoup d’entre nous, elle a lu Ché Guevara à 16 ans, est engagée dans son quotidien, a été de toutes les manifestations mais elle n’en peut plus : elle n’y croit plus. Elle est à un moment de faille qui arrive après 40 ans, lorsqu’on se rend compte que le monde ne change pas. Claude se situe à ce point de rupture. Elle assiste à une scène déterminante où une vieille femme va tomber du cinquième étage sous ses yeux. Cet événement va être le point de départ de sa quête et de son besoin de se réinventer. Une première femme va l’aider, Élie, une féministe à l’ancienne, puis une autre, Harriet, une Écossaise à la retraite un peu excentrique, et encore une autre, Anna, jeune thésarde aux idéaux encore frais. Elles viennent toutes d’horizons différents (donc elles ne sont pas toujours d’accord), s’engueulent parfois mais elles sont unies par un projet commun.

Bepolar : C’est un polar avec une affaire de meurtre mais aussi l’histoire d’une utopie. Qu’aviez-vous envie de dire à travers ce roman ?
Sophie Pointurier : C’est une histoire d’amitié mais c’est aussi un roman sur la violence. À un moment, Claude va dire au cours de son interrogatoire « quelle guerre légitimez-vous ? Quelle violence trouvez-vous juste ? » et cette question qui nous est indirectement adressée, va être le fil conducteur de sa quête pour un monde plus juste. Quand le monde ne change pas pour celles et ceux qui le subissent, jusqu’où peut-on aller ? C’est à cette question que j’ai voulu non pas répondre, mais réfléchir.

Bepolar : Il y a des femmes victimes de violences conjugales, des femmes qui cherchent juste un peu de paix et de tranquillité, des femmes blessées, des femmes révoltées... Vous aviez envie de montrer plein de facettes de ce qu’est être une femme aujourd’hui ?
Périphérique, votre précédent roman. Est-ce que ces deux histoires ont des liens pour vous ?
Sophie Pointurier : Je voulais proposer une histoire avec des personnages féminins héroïques, des histoires non pas « de femmes », mais une histoire portée par des femmes, c’est dans cette nuance que se glisse souvent le sexisme.

POINTURIER_Portrait ©MelaniaAvanzato

Bepolar : Claude est accusée de meurtres dans ce livre, tout comme Petra l’était dans La Femme Périphérique, votre précédent roman. Est-ce que ces deux histoires ont des liens pour vous ?
Sophie Pointurier : Il n’y a pas de liens directs entre les deux romans. Mais lorsqu’on décide de baser une histoire où les héros sont des héroïnes, on ne peut pas passer à côté des clichés que subissent les femmes depuis que la terre est ronde. Je m’en empare dans mes romans et j’en joue de façon plus ou moins symbolique. On accuse souvent les femmes de tous les maux, elles sont trop ou pas assez, on les soupçonne d’usurpation, d’incompétence, d’imposture ou d’hystérie, la liste est longue malheureusement. Dans ce roman, le simple fait que quatre femmes décident de vivre sans hommes est d’emblée problématique pour le voisinage. Elles qui voulaient fuir la violence vont être rattrapées par celle-ci.

Bepolar : Le livre est sorti il y a quelques semaines. Comment vivez-vous les premières chroniques et rencontres, ces moments où les autres s’emparent de votre récit ?
Sophie Pointurier : Je le vis avec grand bonheur. Depuis la sortie du livre j’ai eu la chance d’avoir beaucoup de rencontres en librairies et l‘agenda ne désemplit pas. C’est toujours étrange de voir la façon dont les gens s’emparent de notre travail, c’est le jeu et je l’accepte.Lors de mes rencontres, beaucoup me parlent de béguinage, d’amitié et me donnent même des adresses de communautés un peu partout en France. Le roman ne fait pas l’apologie de la misandrie, il raconte un choix tragique et la genèse de ce choix. Il me semble qu’il y a un intérêt autour de ces sujets, on manque d’héroïnes, on manque de récits où les femmes décident de ne plus subir l’histoire.

Bepolar : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Sophie Pointurier : Actuellement je suis sur deux projets. Un livre (doc) en collaboration avec une sociologue qui sortira avant l’été je l’espère, et un nouveau roman qui me travaille tous les jours un peu plus.


PS : Photo de Melania Avanzato

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