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4 raisons de regarder Calls saison 3

Imaginez une série à visionner sur un écran mais audio, située entre le podcast, le théâtre radio et placée sous le signe de Rod Serling, le papa de "La Quatrième Dimension". Vous obtenez "Calls", objet non identifié et addictif. Avec des épisodes d’une durée d’une douzaine de minutes (une vingtaine exceptionnellement pour le final de la saison 3), la série de Timothée Hochet pour CANAL+ explore le suspense, l’horreur, le fantastique, la SF, le polar… Bref, "Calls" brouille les pistes et emmène son public vers des contrées étranges. En émane un mystère si ténébreux qu’il hante ou questionne longtemps après chaque vision. Son principe, immuable ou presque : l’écoute d’enregistrements sonores retrouvés, plus ou moins fragmentaires, pouvant aussi bien provenir d’une cassette de magnéto, d’une boîte noire d’avion, de messages laissés sur un répondeur, d’appels à police secours, d’une émission de radio, des cassettes d’un psychanalyste... Avec à chaque fois comme point commun la description exclusivement audio, et donc sans image (ou pratiquement car la saison 3 change légèrement les règles), d’évènements tragiques s’étant produits à plusieurs époques.

Passer en revue l’histoire de "Calls" ne serait-ce que dans ses grandes lignes peut vite ressembler à un épisode de "Serge le mytho" tant chaque trajectoire de l’intrigue dépasse l’entendement. Phénomènes paranormaux, tueurs psychopathes, règlements de compte, dimension parallèle, créatures démoniaques sorties d’un film d’horreur, crimes, sectes délirantes et inconsciemment satanistes, réunion de famille qui tourne mal… chaque bribe de scénario donne une impression à la fois authentique – c’est l’effet des enregistrements sonores sur le mode du « found footage » – et totalement métaphysique. Le spectateur se retrouve partagé entre un intense sentiment de réel, dopé par l’immersion fascinante des enregistrements (le recours des comédiens et acteurs comme Charlotte Le Bon, Jérémie Elkaïm, Anaïs Demoustier y contribue), et la sensation que quelque chose de tentaculaire lui échappe. Du reste, le design sonore, d’une épaisseur ahurissante, rend chaque souffle ou craquement vraisemblable. Comme dans les séries "Lost" et "The Leftovers", chaque fois qu’une énigme apparaît sur le point d’être résolue, s’y greffe deux, voire trois nouveaux secrets vertigineux à percer. Tant et si bien que la clarté demeure toujours insaisissable ou presque. Ce qui n’est pas pour déplaire justement, le suspense restant ainsi toujours entier. Mais pourquoi faut-il regarder la saison 3 de "Calls" ?

Parce que dans ce puzzle, chaque détail compte
Que l’on soit passionné par le cinéma de genre, ou encore par le canular d’Orson Welles sur CBS inspiré de « La Guerre des Mondes », importe finalement assez peu pour apprécier "Calls" : le plus crucial reste d’aimer les casse-têtes et labyrinthes. Pourquoi ? Parce que tout compte dans la série. Dates, protagonistes, espaces, allusions… si les événements pouvaient un temps donner l’impression lors de la première saison d’épisodes indépendants, il n’en est plus rien : tout est interconnecté. En découle un puzzle assez alambiqué à reconstituer, jusqu’à transformer chaque spectateur en enquêteur.

Pour ses références, de Serling à Lindelof
Parler d’une pierre angulaire comme "La Quatrième Dimension" tombe sous le sens au même titre que "Lost", "The Leftovers", "Au-delà du réel" voire "Twin Peaks", pour décrire la série "Calls". Timothée Hochet joue le même type de carte que le scénariste Damon Lindelof, contrariant sans arrêt chaque développement du scénario pour sécréter de l’inattendu. Et pourtant, "Calls" ne se limite pas à ces inspirations car il repose sur l’imagination de l’auditeur-spectateur, s’en voit réinventé à travers chacun. C’est comme si le public devenait le co-créateur de la série. Une astuce aussi humble que géniale.

Pour son économie de moyens et son côté thriller de génie
Puisqu’il découle de la conception que se fait chacun de ce qu’il entend, "Calls" reste toujours évanescent et énigmatique. C’est une qualité que l’on retrouve dans les grandes œuvres ayant opté pour une inconnue nichée dans le hors-champ et non pas révélée frontalement dans le cadre de la caméra. On pense bien sûr à "Alien" (Scott, 1979) et "Les Dents de la Mer" (Spielberg, 1975), ou avant cela à "La Féline" (Tourneur, 1942), tous ces classiques ayant su contenir l’horreur dans l’ombre, lui donnant ses lettres de noblesse. C’est qu’il s’avère souvent plus malin de cacher que de montrer, d’autant que les moyens financiers ou la direction artistique peinent parfois à se révéler à la hauteur des attentes. Or, même quand "Calls" saison 3 se pare d’images et de plans comme dans son dernier épisode, ce n’est pas pour démontrer mais pour célébrer le mystère.

Pour son dispositif
Déjà qu’il se trouve omniprésent lorsqu’il est question d’images, le hors-champ dans "Calls" en devient dantesque. Tout n’est qu’écrans noirs ponctués d’oscillations ou prénom pour indiquer quel personnage parle, signifier l’intensité de sa voix ou allégoriser son état. Par exemple, un prénom devient transparent ou s’estompe pour dire qu’un personnage se meurt ou vient de mourir. Bazin envisageait la caméra comme un cache, "Calls" en appose un gigantesque laissant tout dans l’obscurité. Seul l’épisode ultime de la troisième saison prend la liberté d’introduire des plans filmés, d’ôter les chaines du dispositif. Certains critiqueront ce choix mais le résultat n’en reste pas moins bluffant, d’une part parce que toutes les hypothèses et théories ne s’effondrent pas, bien au contraire – quelque chose s’approche hors-caméra et c’est inexplicable –, d’autre part parce que la mise en scène est brillante. Série plus que réussie pour Timothée Hochet, et ce de la première à la dernière seconde.

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