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In fine mundi - L’interrogatoire d’Andrès Serrano

Bepolar : Tout d’abord, un petit mot sur vous. In fine mundi est votre premier roman. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire du polar ?

Andrès Serrano : J’ai toujours aimé ce genre de littérature. Quand j’étais tout gamin, dès que j’ai commencé à lire, j’aimais déjà les récits où se mêlaient l’aventure et l’intrigue. Il y eut d’abord Enid Blyton et son Club des Cinq. Vers l’âge de 8 - 9 ans je suis passé aux romans plus consistants de Jules Verne. Vers 13 ou 14 ans, j’ai enfin lu Edgar Allan Poe, une révélation ! Mais attention, mes lectures ne se limitaient pas à ce seul genre de roman, loin de là. Ainsi, par exemple, j’adore la poésie et la grande littérature du XIX ème... Pour ce qui est des polars, mes goûts dans ce domaine sont éclectiques, cela va de Manchette à Stieg Larsson, voire Umberto Eco (Le Nom de la Rose) et surtout Edgar Allan Poe. Pour moi, celui-ci reste le père, l’inventeur, de ce genre de littérature (Double assassinat de la rue Morgue, Le mystère de Marie Roget, Le Scarabée d’Or etc.).
J’ajoute que, si In fine mundi est mon premier roman, j’avais déjà écrit d’autres choses, notamment pour ce qui concerne la poésie. J’ai également écrit beaucoup de chansons...

Bepolar : Vous nous emmenez en Algérie en juillet 1962 pour une série de meurtres d’enfants à Oran. Quelle a été l’idée de départ de ce récit ? Et pourquoi ce cadre ?

Andrès Serrano : Le cheminement qui m’a conduit vers l’écriture d’un roman policier est particulier. Au tout début, j’avais le projet très modeste d’écrire quelque chose sur les jeux très nombreux auxquels nous jouions dans la rue quand j’étais gamin, à Oran. Ce projet n’était destiné qu’aux membres de ma famille et à mes amis. Ayant écrit cela, je me suis dit que cela manquait d’épaisseur, j’ai donc inventé une histoire. Celle-ci a pour cadre la vieille cité d’Oran car c’est là que je suis né, dans une famille d’origine andalouse. Tout simplement. Or il se trouve que l’intrigue policière n’est qu’un prétexte pour décrire le milieu social, politique, religieux, dans lequel je vivais. Un peu à la manière d’un Simenon... Ainsi, tout ce qui constitue le décor de l’intrigue est absolument authentique, la sociabilité aimable ou conflictuelle des pauvres gens des quartiers concernés, les ressorts politiques, les aspects religieux, les crimes décrits sont ceux auxquels j’ai assisté, y compris l’apothéose sanglant du 5 juillet 62 puisque j’y étais...

Bepolar : On y suit l’inspecteur Abel Helme. Qui est-il ? Comment pourriez-vous nous le présenter ?

Andrès Serrano : Ce qui était particulièrement important pour moi, c’était que cet inspecteur d’une trentaine d’années ne fût pas originaire de cette terre meurtrie. C’est un métropolitain qui garde un point de vue assez mesuré sur les évènements et les protagonistes des faits meurtriers de la guerre civile. J’avais décidé de ne prendre aucun parti-pris dans les commentaires que j’aurais pu faire concernant ces sujets hautement inflammables. Le seul engagement qui concerne Abel est celui qu’il entretient avec une certaine Meriem dont il est amoureux fou et qui, elle, est maghrébine et musulmane et qui veut rompre avec son milieu d’origine. Abel Helme demeure jusqu’au bout un fonctionnaire à l’humanité sensible, un homme tout simple mû par un idéal limpide : celui de combattre le crime. Je pense qu’il y aura d’autres romans dans lesquels il sera présent...

Bepolar : On traverse l’Histoire avec votre roman puisque nous sommes quelques mois après les accords d’Evian. Comment avez-vous pris en compte le cadre historique ? On imagine que c’est un plaisir de mélanger l’histoire et le polar.

Andrès Serrano : Deux choses : mon histoire personnelle, celle d’Andrès Serrano, s’inscrit totalement dans les évènements politiques de la grande Histoire. Je suis né à Oran, en 1949. J’avais 12 - 13 ans quand j’ai vu les conséquences terribles de ce conflit. Ce que je raconte dans cet ouvrage, je l’ai vécu, avec ma famille, y compris l’exode final qui nous a fait prendre le bateau pour nous établir dans notre bonne vieille terre de Touraine. Deuxième chose : j’ai un certain goût pour l’Histoire, je l’ai même enseigné puisque j’étais professeur dans cette discipline. Donc vous avez complètement raison : ma passion pour l’Histoire et le goût pour le genre singulier du polar se trouvent réunis ici. Vous dites vrai, c’est un plaisir ! Toutefois j’ai dû, comme un bon historien qui se respecte, faire des recherches concernant certains aspects historiques, souvent des détails, qui me faisaient défaut. Même pour un polar, et c’est vrai pour n’importe quel ouvrage, il ne doit subsister aucune faille dans la présentation des faits ou le déroulement d’un récit.

Bepolar : Le roman vient de sortir il y a quelques semaines, en février. Comment avez-vous vécu ce moment où les lecteurs et lectrices ont pu s’emparer de votre histoire pour la lire ?

Andrès Serrano : Je suis tellement sensible à la nature de votre question. Vous ne pouvez pas imaginer l’émotion qui m’étreint, là, en ce moment même. Car depuis deux mois, j’ai le cœur serré comme celui d’un enfant qui part en voyage et qui découvre un nouvel horizon, de nouveaux paysages. Cet ouvrage est beaucoup plus qu’un récit policier, il est le témoignage authentique de celui qui a connu les violents soubresauts de l’Histoire et les péripéties sauvages d’une histoire familiale. Ces gamins que je raconte dans ce livre, ils sont tous MOI. Celui qui assiste impuissant au lynchage du pauvre hère du début du roman, c’est moi. Celui dont le père entend des voix et qui fait peser le poids de sa folie sur sa maisonnée, c’est moi. Le petit Juan qui assiste au spectacle du grand massacre du 5 juillet, c’est toujours moi. Et de savoir que tous ces lecteurs bienveillants vont partager avec moi le témoignage des faits admirables et terribles auxquels j’ai assisté me console de bien des peines.

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