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L’interrogatoire d’Andres Serrano

Bepolar : Comment est née l’idée de ce nouveau roman ?
Andres Serrano : C’est mon éditeur qui a eu l’idée d’une suite à « In fine mundi ». Au mois d’avril 2022, alors que j’étais venu à Paris pour participer au « Maghreb des Livres », Yannick Dehée m’a dit qu’il serait intéressant de créer une suite à « In fine mundi », une série de polars avec les mêmes trois personnages attachants du roman : Abel Helme, son fidèle ami Alberto et Dolores. Le sujet de ce nouveau livre concernerait peut-être les conséquences de la guerre que s’étaient livrés leurs protagonistes, non plus en Algérie désormais indépendante, mais plutôt ici, sur le sol de France. J’ai immédiatement relevé le défi et me suis mis au travail, j’ai donc écrit « Les feux du Talion ». Contrairement à « In fine mundi », ce nouveau roman ne possède pas de caractère autobiographique, et pour ce qui est de l’intrigue tout y a été créé, inventé. Seules demeurent authentiques les toiles de fond politique, sociale, économique.

Bepolar : Alors qu’un tueur sévit en France, on retrouve l’inspecteur Abel Helme pour mener l’enquête. Qui-est-il pour vous ce personnage ? Quels liens avez-vous avec lui ? Et comment pourriez-vous le présenter à vos lecteurs et lectrices ?
Andres Serrano : J’ai toujours voulu, c’était déjà vrai dans le roman « In fine mundi », qu’Abel Helme fût un enfant de la bonne vieille terre de France, qu’il fût même très « français ». Je ne voulais pas d’un personnage fantasque et obligatoirement original, je le voulais solide, franc du collier mais sensible, faisant preuve d’une humanité qui ferait penser aux qualités rassurantes d’un honnête homme. Selon moi, il est une sorte de modèle, quelqu’un de pondéré qui n’abuse pas du pouvoir que sa fonction lui donne, il se sert seulement de sa prédisposition à deviner les arcanes de l’âme humaine. Peut-être même que j’aurais voulu ressembler à cet homme, hélas je ne possède pas toutes ses qualités. Dans ce dernier roman il a désormais une quarantaine d’années et il est inspecteur principal à la police judiciare de Versailles. Il est toujours amoureux de sa femme Dolores qui le seconde en lui donnant quelquefois son avis. Mais l’aide la plus précieuse lui vient sans conteste d’un septuagénaire à la retraite, son vieil ami Alberto Amatt qu’il a connu à Oran, en juillet 1962, et qui désormais vit près de lui.

Bepolar : On est en 1971, quelques années après la fin de la guerre d’Algérie. Qu’est-ce qui vous intéresse dans cette période ? Et comment travaillez-vous la matière historique pour y insérer votre histoire ?
Andres Serrano : J’ai vécu cette période puisque, comme tous les membres de ma famille, j’ai été un rapatrié d’Algérie. Il m’a donc été facile de restituer le climat mental de ces années, surtout pour tout ce qui concerne l’adaptation des exilés sur leur nouvelle terre d’acceuil, à partir de 1962. J’ai tenté de rendre justice à tous ceux qui ont connu les affres du déracinement et les difficultés d’adaptation liées à leur assimilation dans la communauté métropolitaine. Je dois dire que je n’ai pas eu grande difficulté à insérer le récit des « Feux du Talion » dans l’histoire de ces années puisque j’avais une vision très claire de la chronologie et des faits sociétaux majeurs de cette période. Mon plus grand travail a donc surtout concerné la géographie et l’histoire des lieux des différents crimes.

Bepolar : Votre présentation dit de vous que vous avez connu l’exode en 1962 avec votre famille. Est-ce que vous vous servez de la "matière familiale", de vos souvenirs, pour écrire vos récits ?
Andres Serrano : Dans « In fine mundi », sous couvert de l’identité des différents enfants et notamment pour ce qui concerne Bilocha, j’ai effectivement décrit la vie quotidienne des enfants pauvres de ma rue et la conflictualité exacerbée dans ma propre famille. De même pour ce qui est de la vie quotidienne des gens du quartier de saint-Eugène, à Oran, la sociabilité aimable ou conflictuelle de ces très humbles habitants, j’ai fait appel à mes souvenirs et aux témoignages de membres de ma famille. Mais dans ce nouveau roman, « Les feux du Talion », cela n’est pas le cas. La psychologie des personnages, leurs vies de famille, leurs amours et leurs vicissitudes, tout a été inventé, imaginé. Il m’a seulement suffi de reconstituer l’atmosphère, le décor mental de ces années 70 que j’ai bien connues, avec la volonté d’éviter toute forme d’anachronisme.

Bepolar : « In Fine Mundi » a reçu le prix Historia. Qu’est-ce que ça a représenté pour vous d’être récompensé par un magazine d’Histoire  ?
Andres Serrano : Ce jour-là, lors de la remise des prix, trois représentants de ma maison d’édition m’accompagnaient et ils savaient que je recevrais le prix, mais moi j’ignorais l’information. Ce fut une telle surprise quand je fus désigné comme étant le lauréat du meilleur polar historique de 2022 ! Pour moi, c’était énorme, presque irréel. J’avais 73 ans et je recevais un prix littéraire pour mon premier roman… Depuis ce jour j’ai éprouvé d’autres joies concernant cet ouvrage. Ainsi, par exemple, quand j’ai rencontré à Blois, lors des « Rendez-vous de l’Histoire », une lectrice qui avait fait un voyage de plus de cent cinquante kilomètres pour obtenir de moi un envoi autographe sur son exemplaire de « In fine mundi ». Elle m’a alors raconté avec une infinie justesse son ressenti à la lecture de ce que j’avais écrit, j’étais tellement touché, j’ai compris alors pourquoi j’avais écrit ce livre. Ce jour là, ce fut ma plus belle récompense, cela m’encourage à continuer, bien sûr.

Bepolar : Quels sont désormais vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Andres Serrano : Depuis quelques mois je travaille sur deux projets. Le premier concerne un récit autobiographique, pour l’heure je ne peux pas en dire plus car je ne sais pas encore où cela me mènera. Je peux toutefois vous confier que les évènements graves des mois de juin – juillet derniers, je parle ici des émeutes qui ont touché plus de 500 villes françaises, ont sensiblement remis en question la nature de mon projet.
Je suis aussi en train d’écrire une sorte de « road movie » meurtrier qui se déroule dans les années 70. On y côtoie les milieux artistiques, des musiciens, les hippies et d’autres environnements plus interlopes… Une partie de l’histoire se passe lors de festivals, celui de l’île de Wight par exemple. Je suis presque sûr que ça s’appellera « Bison blanc ». Ce titre a un rapport avec un rêve qui m’a marqué et que j’avais fait à l’époque. Mais c’est surtout le prétexte pour décrire une époque débridée où la libération des mœurs a bouleversé toute notre société, surtout la jeunesse.

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