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L’interrogatoire de François Dupaquier

Bepolar : Après Juste parmi les hommes publié en 2019, vous êtes de retour avec un nouveau roman, La Lionne. Comment est née ce nouveau roman ?
François Dupaquier : L’idée est née alors que j’avais passé plusieurs années à suivre le conflit en Irak contre l’État Islamique. En 2017 la bataille de Mossoul prenait fin. Avec elle, puis avec la reprise de Raqqa en Syrie l’emprise territoriale de Daesh s’achevait. Alors que j’observais justement Raqqa complètement détruite et que j’en sentais les braises encore chaudes, j’apprenais que beaucoup de djihadistes français responsables de tous ces massacres allaient déjà sortir de prison. L’incapacité des autorités politiques et judiciaires à appréhender suffisamment tôt le problème faisait naître en moi un sentiment d’injustice envers toutes les victimes de Daesh. Je me suis interrogé sur comment on en était arrivé là. J’ai alors voulu ramener toutes ces questions chez nous à travers un polar, pour plonger mes lecteurs au plus près de ce que j’observais à ce moment-là.

Bepolar : On y suit Tara, une jeune policière qui a bien du mal à surmonter la mort récente de sa mère. Comment pourriez-vous nous la présenter au début de ce roman ?
François Dupaquier : Tara une flic brillante mais fragile. C’est une écorchée vive qui boit, se drogue et couche. Elle vit le deuil d’une mère partie trop tôt et ressent un manque difficile à déchiffrer. Elle pense ne pas avoir suffisamment connu sa mère, comme si celle-ci avait essayé de lui cacher une partie d’elle-même. Mais des meurtres d’anciens djihadistes français en Seine-Saint-Denis vont la plonger dans sa propre histoire. Car ce roman est aussi une histoire d’émancipation. Celle d’une fille pour sa mère qui un jour a besoin de parler d’égal à égal avec celle qui l’a mise au monde. Mais c’est aussi l’histoire de femmes en lutte pour leur liberté et contre une société patriarcale qui les oppresse. Mais ce combat-là et ses secrets, Tara devra le découvrir à travers son enquête.

Bepolar : Elle va enquêter sur les meurtres de deux repentis de l’État islamique à Paris. Votre histoire va mêler la DGSI, Daesh, les peshmergas ou bien encore les Yézidis. Qu’est-ce qui vous intéressait dans ce sujet ? Pourquoi l’avoir mis au cœur de votre intrigue ?
François Dupaquier : Au Moyen-Orient j’ai été témoin des horreurs commises par le groupe djihadiste, notamment contre les Yézidis. J’ai aussi été particulièrement marqué par les évènements du 13 novembre 2015 alors que je me trouvais à Paris, de retour des plages grecques où je travaillais sur la crise des migrants. J’ai été assailli par l’ampleur du phénomène terroriste mais aussi par des questionnements sur les raisons qui ont poussés des milliers d’européens à rejoindre cette barbarie au Moyen Orient. Comment avions-nous pu passer à côté de ce phénomène et quelle était notre responsabilité ?

Bepolar : Quelle a été la part de documentation ? Faut-il être encore plus précis quand on s’attaque à des thèmes qui ont profondément marqué notre histoire commune ?
François Dupaquier : Oui c’est certain. Mon roman est une véritable fiction. Mais il s’appuie sur un monde et des situations bien réelles. Il est très difficile de s’attaquer à ces enjeux à la légère. Il faut avoir une légitimité mais aussi effectuer un travail approfondi de recherche. J’ai d’abord fait une étude poussée sur la question djihadiste. J’ai lu des dizaines de livres, articles ou travaux de recherche. Il fallait me libérer de mes doutes afin d’avoir confiance en mon approche. Et ainsi faire que ces questions ne soient plus un frein au travail littéraire.

Bepolar : Elle va croiser tout un tas de personnages secondaires mais qui sont tous très attachants. Comment fabriquez-vous vos personnages ?
François Dupaquier : Je dirai qu’avec les questions de contexte, mes romans démarrent avant tout sur le travail des personnages. Je débute avec mon personnage principal et je traite un enjeu intime de celui-ci. Tout cela vient de mes propres obsessions pour ne pas dire névroses ! Le deuil, l’amour impossible, la filiation… Je m’inspire aussi de toutes les rencontres que j’ai faites dans ma vie, les personnages qui m’ont marqué qu’ils soient réels ou de fiction. Pour définir les contours j’emprunte à des courants littéraires et j’aime jouer avec les archétypes. Dans La lionne j’ai travaillé sur la tragédie par exemple. Au final le travail de l’humain est celui qui m’intéresse le plus mais qui fait aussi de l’écriture une aventure presque traumatique.

Bepolar : Qu’est-ce que vous aimeriez que les lecteurs et lectrices gardent de votre histoire une fois la dernière page tournée ?
François Dupaquier : J’ai surtout envie que mes personnages restent dans leur imaginaire, qu’ils leur manquent comme ils me manquent. Et qu’à travers leur histoire, ils pensent à toutes ces personnes qui ont vécu ces mêmes évènements et qu’il ne faut pas oublier.

Bepolar : Quels sont désormais vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
François Dupaquier : Je commence actuellement le travail de recherche et de documentation sur un prochain projet. L’arène sera maintenant le Sahel, un road-movie sur fond géopolitique impliquant la France, le personnage principal un anti-héros, les enjeux personnels tourneront notamment autour de l’amitié. Tout cela murit encore.


Photo de François Dupaquier par Céline Nieszawer, Copyright Flammarion.

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