L’assassinat d’Olof Palme, Premier ministre suédois, membre du parti travailliste, le 28 février 1986, a marqué les esprits de toutes celles et de tous ceux qui s’en souviennent. Longtemps, l’enquête a piétiné, sans avoir la moindre certitude sur le meurtrier. Et puis, en 2020, un certain Stig Engström, mort vingt ans auparavant, a été désigné par la police et le procureur en charge de l’affaire comme étant le principal suspect.

La mini-série de Netflix revient sur cet homme, graphiste de profession, que l’on voit fuir piteusement dans la scène initiale, quelques instants après le meurtre du dirigeant politique, ce terrible soir d’hiver où le couple Palme revenait d’une séance de cinéma.

Ce citoyen suédois, au départ peu disert, se présente bientôt comme l’un des témoins quasi oculaires de l’événement : qu’est-ce qui le pousse à quitter son anonymat protecteur, alors qu’on le voit courir dans la scène initiale, comme s’il tentait d’échapper aux autorités de police ? C’est cette question qui irrigue toute la mini-série et laisse planer une ambiguïté intéressante, même s’il apparaît tangible que l’attitude d’Engström s’avère stratégique, déroutante aussi, parce qu’il ne cesse de modifier son témoignage.

Cette création soignée, adaptation du livre à succès de Thomas Pettersson, parvient à engendrer une atmosphère de paranoïa d’autant plus addictive que le protagoniste de l’affaire est incarné avec une belle opacité par Robert Gustafsson. Il y a, dans l’affaire de l’assassinat de Palme, beaucoup de points communs avec la mort de Kennedy, et la mini-série essaime, au fil des dialogues entre les personnages, des hypothèses complotistes qui vont du PKK Kurde à la Fraction armée rouge, en passant par la CIA et une quantité d’autres suspects, mus par une détestation de Palme et de ses choix politiques. Mais il y a surtout un homme, mystérieux à souhait, qui suscite le doute. Cela dit, une suspicion n’a jamais constitué une preuve, même si la série semble s’être forgé une conviction définitive sur ce terrible drame, officiellement non résolu.