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Benoît Philippon nous parle de son roman Joueuse

Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman ?
Benoît Philippon : Après avoir vu L’Arnaqueur, avec Paul Newman. Film génial sur le bluff et l’arnaque au billard, et tout ce que ça sous-entendait dans la fêlure interne et émotionnelle du personnage principal. Je me suis dit que c’était un thème qui m’intéressait et que j’avais envie de me frotter au genre « arnaque ». Terrain de jeu idéal pour y traiter des thèmes qui me sont chers, comme la manipulation des émotions, la domination masculine, donc le sexisme et assez vite le viol. En télescopant les deux thématiques, j’avais mon fil conducteur pour une vengeance non armée, dans le milieu du jeu et du gambling, histoire de changer les codes du « revenge » qui se passe souvent avec des flingues, plus qu’avec des cartes.

Bepolar : On est dans l’univers du poker. Qu’est-ce qui vous a donné envie de plonger dans le monde du jeu ?
Benoît Philippon : Comme dit plus haut. Je trouve que les narrations qui tournent autour du jeu ou du sport sont super intéressantes dans leur potentiel allégorique et la force d’identification qu’on peut avoir pour les protagonistes, même sans être joueur soi-même. Le meilleur exemple reste Rocky. Le succès du film est indéniable, mais qui dans la salle s’intéresse réellement à la boxe ? Pas moi en tout cas. Par contre, je trouve le parcours du personnage passionnant et son combat personnel, illustré sur un ring, fascinant. C’est la même chose pour L’arnaqueur, ou sa suite La couleur de l’argent. Perso, je ne sais même pas jouer au poker. L’idée n’était pas de faire un roman sur le poker, pour les spécialistes du jeu, qui, je pense, en me lisant, doivent trouver ça un peu « léger » sur l’aspect technique. On s’en fout, parce que c’est pas le sujet. Le sujet, c’est mes personnages et leurs combats pour dépasser leurs blocages, peurs, traumatismes (cochez la case inutile) et pour ça, de le faire dans un décor narratif original qui permet de convoyer suspens, émotion, sensualité... Je ne suis pas un auteur réaliste. J’ai toujours besoin de rendre mon histoire « plus  », « Bigger than life », comme disent mes amis ricains. En tout cas, faut un décor, une ambiance, et le jeu permet un arrière plan ultra riche en potentiel narratif et, comme souvent chez moi, « cinématographique », même en roman

Bepolar : Zack et Maxine sont deux joueurs. Comment pourriez-vous nous les présenter ? Le point commun c’est qu’ils ont quelques failles dans leur passé...
Benoît Philippon : Ils sont tous les deux des joueurs invétérés, aiment le bluff, la manipulation, mais pas pour les mêmes raisons.
Cette attitude d’arnaqueur cache au fond un mal être simple : ils se sentent morts à l’intérieur, mais pour des raisons différentes. Le jeu est une façon de se sentir vivant. C’est aussi une façon de ne pas faire face à ses émotions. Passer son temps à bluffer, c’est mentir aux autres, mais c’est aussi une façon de se mentir à soi-même. Effectivement, chacun a été abîmé, dès leur départ dans la vie, ce qui explique qu’ils aient choisi cette méthode de survie. Maxine a un traumatisme bien plus violent que celui de Zack. Elle n’utilise pas le jeu comme simple drogue, mais elle se prépare pour se venger. Avec cet outil. Elle veut punir par l’arme qui l’a brisée.
Comme souvent dans ce que j’écris, Maxine et Zack sont deux personnages cassés, cabossés, qui vont s’unir pour se reconstruire dans une quête commune.

Bepolar : C’est un roman qui a du rythme, des dialogues incisifs et qui proposent de belles images. comment l’avez-vous construit ? Vous êtes du genre à avoir le scénario bien en tête ou est-ce que vous vous laissez porter par l’histoire au fur et à mesure de l’écriture ?
Benoît Philippon : Je suis scénariste avant d’être romancier, donc oui, rythme, dialogue et image, c’est fondamental. Je veux qu’on lise mes romans comme on regarde un film, avec les mêmes sensations. Même visuelles. Je joue toujours sur le montage, de mes chapitres, de mes paragraphes, j’utilise beaucoup le principe du cliffhanger, j’essaie d’avoir ce côté court, cash, qui donne envie de lire la page suivante, et à la fin du chapitre de vouloir connaître la suite immédiatement.

Je l’ai construit comme d’habitude d’abord par les personnages. Les choisir, dessiner leurs contours, puis leurs failles, puis leurs trajectoires, et surtout leurs complémentarités. En quoi ils rentrent en résonance ou en conflit
J’essaie d’avoir une idée assez précise du chemin de fer du roman, ou du scénario, mais j’évite les plans ou les traitements. Je préfère prendre des notes sur mes personnages, sur des thèmes, des idées de concepts ou de scènes, sans sceller une structure rigide qui de toute façon bougera. Parce que les personnages ont leur propre vie. Leur histoire doit rester organique. Et plus on les développe, plus on apprend à les connaître, et ils peuvent alors nous surprendre. Ce qu’on imaginait leur faire faire, quand ils n’étaient qu’une esquisse, ne paraît plus aussi naturel dans le développement. Il faut écouter ces personnages. C’est eux qui guident l’auteur, pas l’inverse.

Bepolar : Vous travaillez aussi dans le monde du cinéma, comment savez-vous qu’une histoire peut faire un roman ou plutôt un film ?
Benoît Philippon : Il n’y a pas de règle. Si c’est une bonne histoire, elle peut de se développer sur n’importe quel support. Après, selon le support, il est forcé d’y avoir adaptation. Un roman de 800 pages ou un film d’1h30, on a un problème de timing pour raconter l’histoire. Par exemple, on en a discuté avec des producteurs pour l’adaptation de Mamie Luger. En film, pour moi, ça ne peut pas marcher. Trop de maris. Donc au cinéma, chacune de ces histoires ferait 5-10 minutes. Trop court pour que ça ne paraisse pas gratuit. Mais en changeant la durée, en parlant format mini-série par exemple, ça redevient réalisable. Bref, chaque cas est unique, mais avant de parler support, parlons histoire. Si elle doit être racontée, elle trouvera son support.

Bepolar : On se souvient qu’en 2016, vous nous aviez proposé un polar, Cabossé, qui avait été sélectionné pour plusieurs prix et en avait remporté plusieurs... Comment avez-vous vécu ce départ en fanfare ?
Benoît Philippon : Oui, j’ai eu de la chance, Cabossé a pas mal fait parler de lui à sa sortie. Grâce aux libraires et bibliothécaire, qui l’ont vraiment repêché et mis en avant. Puis le bouche à oreilles. J’étais heureux de voir que cette histoire, finalement très personnelle, et mon style, un rien particulier, puissent toucher une lectorat aussi large.
Je pensais n’écrire qu’un roman, du coup, ça m’a donné envie de poursuivre. Après il y a eu le phénomène Mamie Luger. On n’avait pas imaginé un tel engouement et un tel succès. Donc maintenant je suis là pour de bon ! J’ai pas mal d’autres histoires sous le coude, donc y a plus qu’à écrire.

Bepolar : Quels sont vos projets, sur quoi travaillez-vous ?
Benoît Philippon : Je suis en train d’écrire mon nouveau roman, qui s’intitule Petiote. Je lance aussi une série BD que j’ai écrit dont le premier tome sortira en Mai, éditée par Auzou. J’ai écrit une nouvelle pour un recueil qui sortira fin 2021 je crois, mais c’est encore secret. En parallèle, je suis toujours sur mes scripts. J’ai travaillé sur un projet Ubisoft et là j’enchaîne sur un script pour Sony Animation. Mais tout ça est secret ;-)

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