- Auteur : Benjamin Dierstein
- Genre : Thriller
- Editeur : Flammarion
- Date de sortie : 19 février 2025
- EAN : 9782080470751
Inscrivez-vous ou connectez-vous pour pouvoir participer au Club !
Résumé :
Printemps 1978 : les services français sont en alerte rouge face à la vague de terrorisme qui déferle sur l’Europe.
Marco Paolini et Jacquie Lienard, deux inspecteurs fraîchement sortis de l’école de police et que tout oppose, se retrouvent chargés de mettre la main sur un trafiquant d’armes formé par les Cubains et les Libyens et répondant au surnom de Geronimo. Traumatisé par la mort d’un collègue en mai 1968, le brigadier Jean-Louis Gourvennec participe à la traque en infiltrant un groupe gauchiste proche d’Action directe. Après des années d’exil en Afrique, le mercenaire Robert Vauthier revient en France pour régner sur la nuit parisienne avec l’appui des frères Zemour. Lui aussi croisera le chemin de Geronimo. Quatre destins qui vont traverser les années de plomb, les coups fourrés politiques et les secousses de la Françafrique.

























































































































![[Analyse] Dark - Saison 1 : des héros rongés par les mythes](local/cache-vignettes/L80xH107/arton16876-f3bc8.jpg?1763963240)








Killing79 1er décembre 2025
Bleus, blancs, rouges - Benjamin Dierstein
Le roman noir est intéressant parce qu’il permet souvent de rendre compte du fonctionnement d’une société. Benjamin Dierstein confirme cette affirmation en poussant le bouchon particulièrement loin. Grâce à un travail de documentation impressionnant, il nous entraîne fin des années 70. Utilisant des protagonistes fictifs, il s’insère dans l’Histoire française pour en révéler ses coulisses.
Dans ce premier tome, il nous ouvre les portes des systèmes policiers et politiques de cette décennie. Le lecteur assiste alors aux infiltrations des groupuscules terroristes d’extrême gauche, aux descentes dans des clubs à la mode, à la guerre des polices et aux manigances de la Françafrique. Les dérives de ce temps nous apparaissent alors à tous les niveaux.
Influencé par son premier amour de lecture, l’auteur marche dans les pas du grand James Ellroy (à ses débuts). Il autopsie une époque de manière caricaturale, à l’aide de personnages secondaires. On découvre ainsi des moments importants de notre passé qui ont changé le cours de l’Histoire. Son mode de narration, fait d’immersions lentes et détaillées, de revues de presse, d’interrogatoires et d’écoutes policières retient le lecteur dans l’ambiance de cette période. Au milieu de l’avènement des stars et du disco, on ressent comme si on y était, toute la violence, la perfidie, la misogynie, l’homophobie et le racisme exacerbés.
Même si vous n’avez pas de connaissances de ces faits historiques, Benjamin Dierstein vulgarise son sujet pour rendre son intrigue passionnante. Dès le premier contact avec tous ces personnages, vous ne pourrez plus lâcher l’aventure. Alors bien sûr, vous devrez prendre votre courage à deux mains avant de vous engager dans cette brique de 750 pages. Mais je vous garantis que la récompense en vaut la peine. En ce qui me concerne, ensorcelé par cette puissance littéraire, je vais de ce pas me plonger avec délectation dans le deuxième épisode, pourtant plus épais !
https://leslivresdek79.com/2025/12/01/1076-benjamin-dierstein-bleus-blancs-rouges/
Aude Bouquine 17 novembre 2025
Bleus, blancs, rouges - Benjamin Dierstein
« Bleus, blancs, rouges » est le premier tome de la trilogie « Sombre France de 1978 à 1984 ». Il est suivi de « L’étendard sanglant est levé » (déjà disponible) et de « 14 juillet » à paraître en janvier 2026. Benjamin Dierstein y entremêle réalité historique, personnalités ayant existé et personnages fictifs. le tout donne à son oeuvre un pouvoir romanesque intense qui vous emporte de la première à la dernière page. Vous pourrez prendre le temps de mesurer ce qui se joue derrière l’action, c’est-à-dire l’Histoire, la politique et les services de police monopolisés par des enquêtes devenues cultes.
Ne soyez pas rebutés par le sujet, une « timeline » historique que vous connaissez mal, ou des thématiques de société qui vous semblent trop loin de vos préoccupations, car Benjamin Dierstein crée une mécanique si haletante que les pages se tournent toutes seules.
Pour résumer ce tome rapidement, « Bleus, blancs, rouges » révèle la tectonique souterraine d’une époque, années 1978-79, alors que l’Europe encaisse les secousses du terrorisme et que la France, au coeur des flux (armes, idéologies, argent, hommes), tente de démêler ses propres puzzles sur son sol. le lecteur bascule fréquemment entre des bureaux parisiens et les terres africaines, entre des personnalités politiques et policières et des protagonistes fictifs créés pour les besoins de l’intrigue.
L’un d’eux, Robert Vauthier, dit mieux que personne la porosité existante entre diplomatie, « barbouzeries » et nuits parisiennes.
Nous sommes au printemps 1978. La police française est en alerte rouge. Depuis un événement terrible survenu en mai 1968, un homme cristallise toutes les obsessions et les rivalités entre les différents services de police. « Geronimo », trafiquant d’armes, formé et relié à différents groupes idéologiques, hante la mission et les destins de nombreux flics de France.
Marco Paolini et Jacquie Lienard, tout juste sortis de l’école de police, sont sur ses traces. Ils ne sont pas les seuls : Jean-Louis Gourvennec, ancien brigadier, Robert Vauthier, mercenaire de retour d’Afrique, le pistent également. Cette chasse à l’homme s’exécute en parallèle d’une actualité brûlante (Mesrine), de guerres des services entre les RG, la PJ, et la DST. L’heure n’est pas au partage des informations. Au contraire, chaque service protège ses sources et espère sa part du gâteau médiatique (et opérationnel).
Dans « Bleus, blancs, rouges », cette rivalité est incarnée par deux jeunes « bleus » : Marco Paolini et Jacquie Lienard qui entre chacun dans un service concurrent et prestigieux de la police.
Autour d’eux, Jean-Louis Gourvennec dit « Gourv » s’impose très vite comme une figure de l’entre-deux : ancien flic, nouvelle mission que vous laisse découvrir.
Robert Vauthier, relie l’Afrique à Paris. Ancien mercenaire, il tente de se racheter une réputation en ouvrant des boîtes de nuit dans la capitale. En réalité, il est la main droite de l’État et la main invisible des coups tordus. Il est le « barbouze » de la République.
Ce quatuor contribue grandement au sel du roman. J’ai adoré suivre leurs pérégrinations, entre leurs métiers et leurs vies privées. Ils sont absolument formidables ! Rarement en littérature, j’ai été aussi vite attachée à des personnages, c’est dire !
De nombreuses thématiques sont abordées dans « Bleus, blancs, rouges », et cela contribue également à rendre cet ouvrage hautement addictif. Pour faire le lien avec Jacquie et Marco, on y trouve un « guide d’apprentissage » du monde policier. Les premières pages qui traitent de l’école de police, des rites, des règles d’or à ne jamais transgresser, des compétitions entre élèves, et des hiérarchies de groupe sont jouissives. La quête pour débusquer Geronimo et découvrir son identité est à la fois une boussole et une menace. Ils sont prêts à tout pour y parvenir.
Ainsi, les guerres d’ego, le cloisonnement des services, le refus de partager les informations et les informateurs, les rivalités entre unités, les coups d’autorité qui masquent des stratégies personnelles permettent de faire avancer les enquêtes malgré l’institution. L’obstruction est de mise, et le lecteur s’en délecte.
« Bleus, blancs, rouges » décrit avec didactisme les dynamiques politiques en France et les relations poreuses avec l’Afrique. le lecteur participe aux discussions officieuses, aux différents enjeux, et comprend très facilement comment les intérêts convergent, se financent et se protègent. Benjamin Dierstein cartographie le territoire français et européen en réseaux : Brigades rouges, RAF, IRA, ETA, FLNC, groupes palestiniens. Il documente avec maestria la mutualisation des caches, des destinataires, des voies clandestines, et démontre que, au-delà des sigles, certains fédèrent des circuits communs. Il fait exister concrètement cette chaîne de la violence.
L’État français est montré en pièces détachées, chacun y a son pré carré. Progressivement, la morale se brouille, d’autant que la cible Geronimo pose la question de ce qui reste de la loi quand l’urgence de la situation s’installe.
D’un point de vue plus psychologique, l’obsession, la foi, la mémoire traumatique dues à la raison d’État sont finement décortiquées. Certains gestes ou actions sont terriblement destructeurs, et posent la question de jusqu’où aller pour sauvegarder l’État…
Ce que j’ai trouvé très réussi et vraiment bien exécuté relève des ajouts narratifs de l’auteur pour contextualiser les chapitres à venir. « Bleus, blancs, rouges » alterne scènes « coup de poing », textes documentaires tels que les rubriques « revue de presse », les transcriptions d’écoute, la voix de… + nom d’un journal. Les temps de planque des flics, leurs discussions ont l’air accessoires, mais apportent beaucoup d’informations à l’ensemble du récit.
Benjamin Dierstein cultive une langue noire satirique, un vrai sens de la réplique et de l’ironie râpeuse. Les scènes dépeintes sont très cinématographiques et ce n’est pas pour rien qu’il a obtenu le prix Polar en séries aux Quais du Polar en 2025.
« Bleus, blancs, rouges » est un roman qui s’impose un tempo, où l’engrenage narratif pousse le lecteur à vouloir en savoir toujours plus. le réalisme (et donc la crédibilité) vient de la somme des détails qu’il fournit, et chaque micro-indice donne une valeur dramaturgique.
Il faut dire que l’ampleur des informations fournies ne dévore jamais le récit et ses protagonistes. La vitesse des différentes intrigues ne mutile pas la réalité historique. le ton satirique souvent employé n’empêche jamais la gravité des actions.
« Bleus, blancs, rouges » dessine une carte logique de flux, avec un but logique à atteindre, grâce à une écriture dynamique et vivante qui tend vers la réalité de l’époque. Je n’ose imaginer ce que l’écriture de ce roman a demandé en recherches documentaires, puis en transformation de cette matière première en oeuvre romanesque.
Tous les documents ont certainement aidé à propulser l’intrigue afin de maintenir une tension où chaque trajectoire garde son identité sans en parasiter d’autres.
J’ai aimé l’insertion d’une éthique de l’ambiguïté. Il a fallu montrer la porosité entre les différents milieux, entre les politiques et la raison d’État, en laissant les contradictions naître et se déployer à travers les personnages.
À mon sens, la chorégraphie du rythme est parfaite, c’est toute une époque qui prend vit sous nos yeux. Benjamin Dierstein est parvenu à restituer le grain du réel tout en gardant à l’esprit les enjeux, la force du romanesque et en provoquant moult émotions quant au devenir des personnages. Je me suis attachée à tous ! Ce niveau de précision relève du prodige pour une oeuvre qui fera, à la fin, quelque 2500 pages.
« Bleus, blancs, rouges » relève d’une dramaturgie contemporaine ultra documentée qui prend le parti des intrigues à double fonds. Les alliances dissimulées, les fidélités vénéneuses, les griseries de la performance, les frontières obscures entre politique et sécurité entre ambitions personnelles et raisons d’État font de ce roman un chef-d’oeuvre du genre. J’ai commencé et bien avancé « L’étendard sanglant est levé » et je peux déjà vous dire qu’il est du même acabit. Benjamin Dierstein sait écrire et exalter son lecteur. Je ne peux qu’espérer qu’on en fasse bientôt une série, dans le but de lui donner la lumière qu’il mérite amplement. Lisez-le, c’est brillant !
Trilogie Sombre France de 1978 à 1984, tome 1
universpolars 12 avril 2025
Bleus, blancs, rouges - Benjamin Dierstein
Quelle satisfaction de me replonger dans un bouquin de cet auteur. « La cour des mirages », mêlant pédophilie, politique (…) et police m’avait profondément marqué par sa dureté et triste réalité.
Le style et la structure de ce pavé de presque 800 pages sont une véritable énigme littéraire. J’y reviendrai.
Dès les premières pages, nous sommes saisis par la violence inouïe des événements de mai 68, à Paris. Cette période tumultueuse, qui illustre la fracture profonde d’une société française à bout de souffle, nous propulse avec force une décennie plus tard, où tout va se jouer pour nous, lecteurs.
Dans le Paris de cette époque troublée, quatre destins s’entrecroisent : un « ancien » mercenaire, attiré par les profits des nuits chaudes parisiennes, fait son retour dans la capitale ; deux jeunes inspecteurs de la Criminelle traquent sans relâche un dangereux trafiquant d’armes, tandis qu’un brigadier s’infiltre au cœur des mouvements gauchistes.
Leurs chemins vont donc se croiser dans une ville sous tension, où l’ultra-gauche devient de plus en plus dangereuse et organisée. La menace terroriste n’a jamais été aussi palpable. C’est chaud !
Ce bouquin m’a complètement scotché pour plusieurs raisons. Le fait que la plupart des personnages - flics, voyous, artistes, politicards -, qu’ils soient au premier plan ou en arrière scène, soient inspirés de vraies personnes fournit une dose de réalisme qui te prend aux tripes. Il en va de même pour certaines affaires, contexte, etc. C’est vraiment bluffant !
Et puis ce style ! Une énergie qui te saute à la gueule à chaque page, que ce soit dans les conversations, l’action ou même l’ambiance générale. Pour faire court, l’auteur nous balance une écriture tellement viscérale qu’on se retrouve plongés jusqu’au cou dans son histoire. c’est du moins mon cas.
Entre des infiltrations de mouvements radicaux montant en puissance, des traques / obs / planques effectuées sans relâche pour comprendre l’adversaire, repérer les alliances, ou encore en nous plaçant justement du côté de l’adversaire, l’auteur déploie une structure redoutable qui nous absorbe complètement. Nous sommes vraiment en première ligne face à cette France giscardienne qui est en urgence absolue.
Dans cet environnement précaire où règne l’instabilité, la guerre fait rage entre les différents services de police, sans trop de limite. Les méthodes employées relèvent de la vieille école, avec des pratiques qui, malgré leur caractère parfois douteux, voire franchement borderline, ne peuvent nier leur redoutable efficacité ! C’était une autre époque.
Des relations diplomatiques très acrobatiques - sans filet ! - entre la France et l’Afrique, aux revendications de mouvements autonomes de l’ultra-gauche qui veulent tout faire sauter au nom du peuple, en passant par les luttes intestines de voyous à cols blancs, mais aussi en nous plaçant au sein d’une jet-set parisienne aux naseaux poudrée à bloc ou sur les traces de Mesrine, l’auteur nous scotche totalement avec un récit ultra réaliste qui nous prend vraiment aux tripes.
Ce récit intelligent, instructif et très addictif risque de marquer les esprits. Affaire à suivre …