- Auteur : Hervé Commère
- Editeur : Auzou
- Date de sortie : 4 octobre 2024
- EAN : 9791039550161
Disponible sur
Inscrivez-vous ou connectez-vous pour pouvoir participer au Club !
Résumé :
« Je suis à genoux dans les feuilles et je le supplie de ne pas tirer, mais il ne m’entend pas, il ne voit pas non plus que je pleure.
On n’a rien maitrisé, rien anticipé, comment on pouvait se douter ? Tout a dérapé en si peu de temps. Et maintenant, c’est trop tard. »
Avoir dix-huit ans dans un bled paumé, c’est l’enfer.
C’est comme ça qu’on a eu cette idée : pendant l’été, tout le monde s’échange les maisons.
Mais tout n’est pas rose derrière les portes des voisins.
Chacun a ses secrets, et certains sont plus dangereux que d’autres.
Aude Bouquine 10 janvier 2025
L’échange - Hervé Commère
« L’échange » se déroule en Bretagne aux Monts D’Arrée et met en scène une bande d’amis au carrefour de leur existence. Clara, Fade, Léo, Mathis et Stéphanie, la narratrice, ont dix-huit ans, en passe d’avoir leur bac, mais habitent dans un village perdu au fond du Finistère.
« À la base, on voulait juste qu’il se passe un truc… » pour agrémenter un peu le long été qui arrive, avant de partir sauter dans le grand bain des études supérieures. Comment « Faire qu’il se passe quelque chose dans les Monts D’Arrée » ? L’idée lumineuse vient du club des cinq amis durant le conseil municipal aux risques et péril du Maire qui tient à ce que chaque jeune soit impliqué dans la vie citoyenne.
« On dit qu’on se connaît tous, ici. Mais en fait, on CROIT qu’on se connaît tous. » En effet, à Kernohan, tout le monde se connaît, « Cependant, se connaître, est-ce se comprendre ? » Autant dire que ces cinq-là ont bien réfléchi avant d’annoncer leur idée à une foule médusée : « L‘été prochain, tous les habitants s’échangent leurs maisons. (…) pendant 15 jours seulement, pas pour toute la vie ! » Huit jours plus tard, ils y sont : vive le grand chambardement !
Il faut avouer que cette idée de « L’échange » partait d’une très bonne intention : en apprendre plus sur chacun pour mieux vivre ensemble. Comment s’opposer ? Même ceux qui grincent des dents participent au projet. Chacun tire au sort le lieu de sa nouvelle « affectation » et c’est parti ! Certains sont plus chanceux que d’autres… mais Stéphanie et sa famille se retrouvent dans la maison où vivaient Arthur et sa mère, baraque lugubre qui tombe en décrépitude, une habitation sans presque aucun meuble, aux lumières blafardes. Seul un petit mot les attend sur la table de camping : « Ne dites rien à personne, s’il vous plaît. S’il vous plaît. » Parfois, rentrer dans l’intimité des autres, c’est prendre conscience de leurs vies et de leurs ennuis… Vous êtes à peu près à 12 % du roman !
Voici une lecture que j’ai faite en alternance entre le livre papier et la version audio qui se prête totalement à ce genre de récit. La narratrice, Lise Gillet, est parfaite dans le rôle de Stéphanie. Sa voix est pleine de justesse et de spontanéité. Elle parvient à capter l’essence de l’adolescence, avec ses hésitations, ses éclats de rire, mais aussi ses moments de doute et de gravité. Chaque intonation reflète parfaitement l’intensité des émotions que traverse une jeune de dix-huit ans, à la fois lucide et insouciante, curieuse du monde, mais en proie aux incertitudes. Légère et expressive, la voix de Lise Gillet donne une profondeur particulière au personnage de Stéphanie, rendant son récit encore plus vivant.
L’adolescence est évidemment l’une des grandes toiles de fond de « L’échange ». Clara, Fade, Léo, Mathis et Stéphanie, sont à un tournant crucial de leur vie. Vivre dans ce village isolé les a forgés, mais aussi confinés. À la veille de leurs adieux au lycée, ils ressentent une étrange tension entre la nostalgie de l’enfance et l’excitation mêlée de peur face à l’avenir. le lycée, avec ses rituels familiers et ses amitiés fortes, est sur le point de disparaître, laissant place à l’inconnu des études supérieures, où chacun sera projeté dans une autre ville, une autre réalité. Entre le sentiment de sécurité du « chez-soi » et le désir brûlant de nouveauté, ils oscillent entre espoir et appréhension.
Leur idée de « L’échange » semble être aussi une manière de marquer cette fin d’une époque, d’agir avant que tout ne change, de retarder un peu ce passage vers l’âge adulte tout en expérimentant le goût de l’inconnu. Mais, dans cette transition, ils découvrent aussi les premières désillusions, les secrets cachés, et la complexité des vies qui les entourent, ce qui les plonge dans des émotions bien plus complexes qu’ils ne l’avaient imaginé.
Très vite, « L’échange » de maison tourne au cauchemar. Ce qui devait être une expérience de découverte mutuelle devient une plongée dans le vertige et le malaise. Les murs des vieilles maisons semblent murmurer des secrets trop longtemps tus. Des non-dits comme des ombres rampantes s’immiscent dans leur quotidien. Les regards se font fuyants, les silences pesants. À mesure que les jours passent, l’atmosphère du village se charge d’une tension oppressante. Les rires des adolescents se muent en murmures inquiets, et la lumière d’été, autrefois éclatante, semble elle aussi se tamiser, laissant place à une angoisse diffuse. Quelque chose de plus profond et de très sombre qu’ils n’auraient jamais imaginé est en train de se déchaîner, et personne ne semble pouvoir l’arrêter.
Ce qui m’a vraiment séduite dans « L’échange », c’est avant tout l’habileté avec laquelle Hervé Commère distille une tension croissante sans jamais la rendre prévisible. Chaque interaction entre les personnages est imprégnée d’une ambiguïté haletante, où les non-dits deviennent aussi captivants que les révélations elles-mêmes.
J’ai aimé la manière dont le roman décortique avec justesse l’adolescence. (langage, mode de communication, réactions), Mais, il ne se contente pas d’explorer uniquement le passage à l’âge adulte à travers les yeux de ses jeunes protagonistes, mais s’attaque aussi subtilement aux zones d’ombre des vies d’adultes. Les personnages, à la fois vulnérables et complexes, sont pris dans des dilemmes qui résonnent bien au-delà des apparences tranquilles du village. Il y a dans ce récit une vraie profondeur psychologique, une belle exploration des émotions qui dépasse les clichés de l’adolescence pour toucher à l’universel.
L’atmosphère (et le lieu), presque suffocante par moments, devient un personnage à part entière, rendant la lecture très immersive. On est constamment sur le fil, dans l’attente de ce qui va surgir du prochain chapitre, dans un jeu de miroir entre les attentes des personnages et celles du lecteur.
« L’échange » est un roman qui pousse le lecteur à aller au-delà des apparences tranquilles et des situations en surface. le roman invite à changer de perspective, à voir au-delà de ce qui est visible. Les relations humaines, les secrets enfouis, et les vérités non dites se révèlent à travers ce prisme d’échanges, où chacun est contraint de regarder autrement ceux qu’il pensait connaître. Comme le dit si bien Proust, cité par Hervé Commère : « Le seul, le vrai, l’unique voyage, c’est de changer de regard. »
spitfire89 8 janvier 2025
L’échange - Hervé Commère
Un roman policier pour ados. En compagnie d’une bande de cinq ados d’un même village des Monts d’Arrée en Bretagne, on vit plusieurs tournants majeurs avec la disparition de l’un d’entre eux, des faux semblant qui finiront par éclater et la séparation pour les études supérieurs.
Une lecture qui tient en haleine, la tension et l’angoisse monte crescendo, l’auteur distille le suspense, l’atmosphère est oppressante, les relations entre les protagonistes vont se compliquer lorsque les langues se dénouent. Une intrigue fluide et addictive, l’idée de base est original avec l’échange de maison. Un livre d’ambiance au multiples surprises.
"On réalise petit à petit ce que cet échange de maisons signifie : on va rentrer les uns chez les autres, on va voir, toucher, inspecter, comparer.
Mais dans le même temps, quelqu’un fera la même chose chez toi !"
"L’amour, c’est aussi ce qu’il y a de meilleur dans la vie, de plus intéressant, de plus beau.
C’est le moteur le plus solide, le plus durable, le plus efficace."