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L’interrogatoire d’Anthony Bussonnais

BePolar : Comment avez-vous eu l’idée de ce roman ? Comment tout a commencé ?
Anthony Bussonnais : Je n’ai pas de souvenir exact, ni de quand ni de comment, l’idée m’est venue, mais je sais qu’avant même d’entamer l’écriture de mon premier roman (Un mal pour un mal, paru en autoédition en 2016), cette histoire de chasse à l’homme me trottait dans la tête. Ensuite, la montée du FN, le racisme désormais décomplexé de ses électeurs, la stigmatisation des musulmans, entre autres choses, ont orienté mon intrigue vers ce qu’elle est devenue.

BePolar : Dès les premières pages, on a un choc en découvrant votre personnage de Mehdi nu dans la forêt, début d’une chasse à l’homme terrible. Vous avez écrit cette scène en premier ou est-ce que vous l’avez rédigé après ?
Anthony Bussonnais : Cette scène a été l’une des premières que j’ai visualisées, avant de me lancer dans l’écriture, et la première que j’ai écrite. Je me l’étais passée tant de fois dans ma tête, que je n’avais qu’à décrire ce qui m’apparaissait quasiment comme un souvenir réel. Ne me restait plus qu’à trouver les mots, la formulation, pour faire monter la tension jusqu’à découvrir Medhi, nu. Dès le départ, ce jeune homme pourchassé m’était apparu nu. Ça tombait sous le sens. Ça rend le supplice plus cruel, plus humiliant.

BePolar : Tout tourne autour de trois personnages, Mehdi, François et Claire. Est-ce que vous pourriez nous les présenter ?
Anthony Bussonnais : Mehdi a 25 ans, petit fils d’immigrés Algériens, il est musulman mais ne se considère pas comme pratiquant. C’est un jeune homme agréable, sans histoire, qui a appris, à contre cœur, à faire avec le racisme latent qui gangrène la campagne environnante. Indépendant, il a un travail et un appartement, et est en couple depuis six mois avec Claire, avec qui il vit la relation la plus sérieuse qu’il n’ait jamais eu. Il l’a d’ailleurs déjà présentée à ses parents. C’est pour elle et les siens que Mehdi va dépasser sa douleur, son angoisse, pour tenter d’échapper à ses poursuivants.
Claire a 23 ans, c’est une jeune femme pleine de caractère, qui ne se laisse dicter ni sa façon de penser ni celle d’agir. Folle amoureuse de Mehdi, avec qui elle envisage d’emménager prochainement, leur relation n’est pas officialisée auprès de ses parents, dont elle craint la réaction. Combative et déterminée, dès lors qu’elle va soupçonner qu’il est arrivé quelque chose à Mehdi, elle va tout faire pour le retrouver. Quel qu’en soit le prix.
François a la cinquantaine, il est vétérinaire, marié, et père de famille. C’est une personne respectée, par ses amis, ses voisins, ses concitoyens, et jugée respectable. Organisé, méthodique, et dégageant une certaine sérénité, les gens se reposent volontiers sur lui. Notamment ceux qui partagent sa passion pour la chasse, et sa haine pour « les étrangers ». « Le cerveau » de cette traque sans répit ni pitié.

BePolar : C’est un roman qui parle d’intégration, du rapport de Mehdi avec le pays de ses parents, l’Algérie, mais aussi du Front National et de violences sociales. Qu’aviez-vous envie de dire ou de faire ?
Anthony Bussonnais : Tout d’abord, j’ai du mal avec le mot « intégration ». Il est trop souvent utilisé à mauvais escient. Un individu qui est né en France n’a pas à s’intégrer. Il est une partie intégrante de notre pays. Tous les français sont différents. Toutes les personnes sont différentes. Pour moi, l’intégration c’est accepter les différences de l’autre, et pas lui demander de gommer ses différences. Trop sont ceux, comme le Front National notamment, à reprocher à une partie de la population de ne pas s’intégrer, alors que le problème d’intégration vient d’eux en réalité. Ce sont eux qui créent la violence en stigmatisant des gens, les musulmans souvent, et en les assimilant à des actes barbares dans lesquels ils ne se reconnaissent bien évidemment pas. Des « grands médias » se font le relais de cette désinformation, et c’est comme ça que, des gens qui vivent dans des campagnes isolées – où ils ne côtoient pas de musulmans, n’en connaissent pas, n’en ont même jamais vus – prétendent connaître leurs us et coutumes qu’ils se permettent de juger ; font des généralités, persuadés que rien ne distingue un musulman d’un autre musulman ; affirment qu’ils sont trop nombreux, envahissent la France, et l’islamise. Pour avoir tenté, de nombreuses fois, de démonter leurs théories foireuses, en vain, parce qu’ils campent sur leur position sans volonté de réfléchir, et avoir systématiquement fini par passer pour le con qui veut toujours avoir raison : j’ai essayé de faire passer le message, d’une autre manière, à travers ce livre. Sans que « les méchants racistes » soient déshumanisés.

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BePolar : Est-ce qu’en vous confrontant à toutes ces thématiques, vous aviez envie d’écrire un roman engagé ? Est-ce que vous le considérez comme tel ?
Anthony Bussonnais : Ce n’était pas ma volonté première. Mon but est avant tout d’embarquer le lecteur dans mon histoire, et de l’emmener au bout en entretenant l’envie d’enchaîner les chapitres. Mais le fait est qu’il y a un engagement qui en ressort. Et je trouve que c’est une bonne chose quand un roman peut aussi amener à réfléchir, à dénoncer… à condition que ça ait du sens, et que ça n’entache pas le plaisir de le lire.

BePolar : J’imagine que vous avez déjà l’idée d’un prochain roman en tête. Sur quoi travaillez vous actuellement ?
Anthony Bussonnais : Oui, j’ai eu l’idée de mon prochain roman en cours d’écriture d’Un samedi soir entre amis. L’été dernier, j’en ai préparé la trame, réfléchi aux personnages, fait quelques recherches, et j’en ai commencé l’écriture au mois de septembre. Ce sera un nouveau thriller, où on suivra une adolescente en quête de vérité, qui tente de fuir le malheur qui la suit depuis toujours, mais qui ne compte pas se laisser distancer.

BePolar : Quelles sont vos prochaines dates de dédicaces ?
Anthony Bussonnais : Je serai le 7 mars à la Fnac de Saumur, le 14 à la librairie Lhériau à Angers ; au salon Quais du polar, à Lyon, le premier week-end d’avril ; le 16 mai à la maison de la presse de Mérignac.

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  • loeilnoir 28 avril 2020
    L’interrogatoire d’Anthony Bussonnais

    Une expédition dans les bois minutieusement préparée : sept véhicules se succèdent, leurs occupants impatients d’entamer une partie de chasse nocturne, on s’apprête à libérer la « bête » séquestrée dans un coffre… Quelques heures plus tôt, un jeune homme, Medhi, a rendez-vous avec sa petite amie, Claire, devant un cimetière de campagne…

    Je remercie Net Galley et les Editions Préludes pour la découverte de ce roman assez atypique dans le paysage actuel du thriller français, de par sa forme et de par son contenu. Dès le départ, les dés sont joués : nous devinons dans les grandes lignes la trame de cette intrigue, qui est relativement peu élaborée. Est-ce un défaut ? A mon sens, non, car ce livre m’a passionnée de la première à la dernière page. Les chapitres alternent entre le passé et le présent, à quelques heures d’intervalle, sans perdre le lecteur. La lecture est fluide, le style franc, froid, tranché colle aux actes de préméditation du crime, réfléchi et organisé et surtout au caractère manipulateur de François, chef de bande, initiateur de cette mise à mort barbare. Bien que la psychologie des personnages ne soit pas extrêmement développée, on devine l’importance de l’effet de groupe, de l’influence de caractères forts sur les plus faibles. Ce n’est pas un crime gratuit, le geste est motivé par une haine de la « différence » entretenue depuis l’enfance, par des discours xénophobes sans fondement transmis de génération en génération…

    L’histoire que nous conte Anthony Bussonnais est terriblement inquiétante, tant dans le sujet traité, la xénophobie et ses conséquences les plus extrêmes, que dans le réalisme de certains passages : ce livre n’est assurément pas à mettre entre toutes les mains… Âmes sensibles s’abstenir car nous sommes confrontés à de la barbarie pure… L’auteur pointe du doigt la bêtise, l’ignorance, le manque d’instruction qui touche toutes les strates de la société et pas seulement le demeuré qui vit au fin fond de la campagne, cliché remis en cause par la part prépondérante du notable, celui dont le statut social inspire confiance, celui que l’on respecte et qui pourtant sera l’instigateur de cette cruauté abjecte… La seule lumière de ce livre très sombre émane de la famille de Medhi, la victime : eux seuls sont capables d’empathie, d’humanité. Cette famille maghrébine touchée par le malheur en plein coeur du ramadan porte pourtant un message d’amour et de paix, aux antipodes de l’autre famille, dont le moteur n’est que la haine du prochain…

    Sans entrer dans le détail, ce livre m’a d’autant plus perturbé que je connais très bien les lieux mentionnés et même si l’auteur a pris soin de remplacer quelques noms, cela a rendu l’intrigue très réaliste à mes yeux, et j’ai eu une vision toute autre de ma campagne chérie, de mon havre de paix, des forêts où je vais me promener qui se sont brutalement transformées en lieu de massacre ignoble… Expérience de lecture assez brutale je l’avoue ! Cette histoire peut malheureusement être transposée dans n’importe quelle région de France, « la France profonde » employée péjorativement ne veut pas dire rurale mais « basse », d’une bassesse d’opinion, de jugement… Ce livre a eu tant d’impact sur moi que je suis obligée de me dire : STOP, ce livre n’est qu’une fiction… Je trouve que pour un premier roman publié, c’est une belle réussite !

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