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L’interrogatoire de Laurent Guillaume

Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman ?
Laurent Guillaume : L’idée est née lors de mes activités de conseiller auprès du directeur général de la police malienne entre 2007 et 2011. À l’époque le djihadisme commençait à s’implanter dans la bande sahélo-saharienne – on parlait déjà de Sahélistan – et la France était devenue l’objectif principal de tous les terroristes qui infestaient le nord Mali. Comme les routes n’étaient pas sûres et que je devais me rendre à Gao en zone rouge, j’ai demandé à un ami, major des rangers américains si je pouvais bénéficier d’un vol en avion militaire US vers le nord. Les américains ont accepté et je me suis retrouvé dans un coucou blanc sans aucune marque distinctive, pas même un numéro d’identification. À l’intérieur, j’étais en compagnie d’une demi-douzaine de types jeunes, barbus, lourdement armés. J’ai causé avec l’un d’entre eux pour réaliser qu’il était un « contractor » de Black Water même si cette société avait changé de nom en raison de problèmes dans le Moyen-Orient. Ce type était donc une sorte de mercenaire mandaté par les États-Unis. Cette privatisation de la guerre m’a amené à me poser la question de qui était ces gars et comment intervenaient-ils dans cette zone pleine de turbulences. L’autre question était de savoir si la France usait de tels procédés. C’est comme ça qu’est né le Messager, un soldat de fortune qui porte le message de la France avec son fusil de précision. N’étant pas un officiel, il est plus facilement sacrifié sur l’hôtel de la raison d’État. C’est le point de départ du roman.

Bepolar : On a trois personnages principaux, comment pourriez-vous nous les présenter ?
Laurent Guillaume : Le Messager est un tueur à gages, un ancien militaire défroqué qui s’est spécialisé le règlement officieux des difficultés géopolitiques de la France. En gros son job est d’éliminer ceux qui risque de faire du tort à notre pays. Quand le roman commence, il croupit dans une prison à Bamako au Mali suite à une opération foireuse dans le Sahel. Son petit ami vient d’être assassiné ce qui va l’obliger à sortir de sa léthargie. Tout le paradoxe réside dans le fait que, au début, le Messager était supposé être le méchant de l’histoire, mais que rapidement, il est devenu le personnage central. Je ne sais pas comment il a fait son coup, mais il s’est imposé à moi.

Marc Andrieu lui était celui supposé être le héros, mais il se fait rapidement voler la vedette par le Messager. C’est un flic sur la corde raide. Il cherche désespérément sa fille toxicomane qui a disparu dans des circonstances troubles. Sa vie privée est un désastre, Andrieux est prêt à aller jusqu’au bout pour retrouver sa progéniture, quitte à bafouer toutes les règles qu’il est chargé de faire respecter.

Julien Vittoz est le maire d’une commune des Alpes, où il s’est exilé après des déboires politiques quelques années auparavant lorsqu’il était ministre de la Défense. Comme toujours avec les politiciens, il ne supporte pas son éviction et ne rêve que de revanche. Il décide de monter une machination infernale afin de retourner en grâce à Paris. Pour cela, il va utiliser à leur insu le Messager et Andrieu.

Bepolar : On se balade dans plusieurs états, du Mali à la Suisse en passant par la France. Tout est criant de vérité, notamment dans les relations entre les États. Comment avez-vous travaillé ? Cela vous a, j’imagine, demandé pas mal de documentation ?
Laurent Guillaume : Pas vraiment, j’ai travaillé pour les affaires étrangères et le ministère de l’Intérieur pendant quelques années. Années qui m’ont amené à côtoyer quelques ministres et quelques hauts fonctionnaires, de diplomates et également des gens des « services » comme on dit pudiquement. Toute cette matière m’a permis de rédiger Doux comme la mort sans avoir vraiment à me plonger dans une documentation pointue. Je précise tout de même que ce n’est qu’un roman et non pas un témoignage sur ce dont j’ai pu être témoin en Afrique de l’Ouest.

Bepolar : On trouve dans votre livre une forme de critique du pouvoir et des élites, vues comme étant plutôt amoraux. Est-ce qu’on peut dire qu’il y a une forme d’engagement dans votre roman ?
Laurent Guillaume : Je ne suis pas un auteur engagé même si à l’occasion j’aime bien mettre une petite cartouche à une classe politique sclérosée et rapace. Et si je ne suis pas un adepte du « tous pourris » je dénonce malgré tout à ma façon ces hommes et ces femmes en croquant les personnages que j’ai pu observer à l’occasion. Certes je force un peu le trait, mais à peine. Pour Vittoz je me suis inspiré d’un homme politique que j’ai bien connu et pour lequel j’avais paradoxalement beaucoup de respect. En fait j’ai écrit le double maléfique de cet homme, tout en gardant le charisme et l’intelligence qui faisaient de lui un politicien redoutable. 

Bepolar : C’est un roman qui ressort cette année. Sa première parution date de 2011. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur lui ?
Laurent Guillaume : Lorsque Pierre Fourniaud m’a parlé d’une réédition de Doux comme la mort pour les dix ans de la Manufacture de livres, j’ai décidé de le relire. Entre temps j’avais écrit cinq bouquins et Il m’était un peu sorti de la tête. J’ai pris plaisir à cette lecture même si certains détails stylistiques m’ont agacé. J’ai donc refait une correction afin d’enlever des lourdeurs et des maladresses. Ainsi le texte a gagné en clarté et en fluidité. En ce qui concerne l’histoire, elle est à mon sens efficace et j’ai une véritable affection pour les personnages, même pour les salopards… surtout pour les salopards en fait. Je crois sincèrement que ce qui rend un récit d’aventures ou un thriller intéressant ce sont les sales types. Pour eux, j’ai toujours des indulgences, plus que pour les héros, peut-être. 

Bepolar : Quand pourrons-nous vous voir en dédicace ?
Laurent Guillaume : Je ne fais plus beaucoup de dédicaces. J’ai un salon programmé fin janvier, Bloody Fleury, à Fleury-sur-Orne et probablement que je serai à Toulouse en fin d’année. D’ici là mon nouveau roman sera paru et je verrai avec l’éditeur le temps que je pourrais consacrer à mes lecteurs et si une tournée des librairies est envisageable. J’ai d’autres activités qui m’occupent beaucoup.

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