Enfin une création Netflix qui sort du lot, exploite des registres très différents, sans jamais perdre le fil de son propos, ni paraître ridicule ! Kleo est vraiment la bonne surprise de ces derniers mois sur la célèbre plateforme, car cette série coche toutes les cases et peut-être la plus importante : ses personnages sont attachants, en particulier son héroïne, Kleo Straub, une espionne de la Stasi, qui, suite à un complot, se retrouve emprisonnée et perd l’enfant qu’elle portait, ayant été frappée par une de ses co-détenues.
Après la chute du mur de Berlin, la protagoniste cherche à comprendre ce qui s’est passé et elle entreprend de traquer toutes les personnes qui ont contribué à sa perte, elle qui croyait dans l’idéal communiste, travaillait de manière zélée pour le gouvernement qui l’employait.
Dès lors, son itinéraire devient un parcours vindicatif jonché de meurtres, avec une bonne dose d’humour sardonique, tandis qu’un policier, témoin d’un assassinat qu’elle a commis à Berlin-Ouest en 1987, s’acharne à la poursuivre, avant de la rencontrer et de faire alliance avec elle. Dès les premières scènes, on est conquis par la photographie très soignée qui nous immerge dans l’ambiance de la guerre froide, et le scénario haletant qui, sans privilégier la surenchère, parvient à trouver un juste équilibre entre les scènes d’action propre au thriller et des moments plus éthérés où affluent les souvenirs de la jeune femme. Quelques séquences rappellent le cultissime Good Bye, Lenin !, mais Kleo assume un ton bien plus décalé : l’absurde affleure au cœur même de la violence la plus débridée et l’on pense volontiers à Quentin Tarantino ou, dans une moindre mesure, au Besson de Nikita à qui l’espionne ressemble par bien des aspects.
Nantie du rôle principale, Jella Haase impressionne, multiplie les déguisements nécessaires aux différents subterfuges de son personnage résolu, joue sur la gamme de tous les sentiments, du désespoir à la distance ironique, en passant par l’espièglerie. Son jeu dicte véritablement le tempo d’une série qui lui doit beaucoup.
A ses côtés, Dimitrij Schaad incarne un flic à la fois hâbleur et maladroit. Quant à Julius Feldmeier, il est un excellent jeune homme fan de techno, colocataire tantôt lymphatique, tantôt survolté de l’héroïne, mais globalement... à l’ouest.