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L’interrogatoire d’Ana Kori

Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman ? On retrouve l’unité de Jade Fontaine, déjà vu dans vos précédents romans.. Comment vous pourriez nous présenter cette unité ? Vous n’en aviez pas terminé avec ses membres ?
Ana Kori : J’ai imaginé cette unité à la frontière entre les groupes similaires de la gendarmerie et les unités spéciales que l’on peut retrouver dans les séries (telle que Criminal Minds). L’enfant idéal de ces inspirations est donc devenu l’Unité Spéciale de la Police Judiciaire. Quant à ses membres, ils ont déjà évolué : certains sont partis, des nouveaux arrivent au fil de l’eau, parfois juste pour un opus. Il reste toutefois un noyau dur composé de quatre personnages et à travers eux, je peux développer d’autres arcs narratifs. Je pense que l’unité en ressort très humanisée et moins parfaite. Ils deviennent des gens normaux confrontés à des actes épouvantables.

Bepolar : Qui est Jade Fontaine ?
Ana Kori : C’est d’abord une femme ancrée dans son époque, à cheval entre préceptes d’un autre temps et un désir de se libérer du jugement des autres. À presque 45 ans, elle a toujours été solitaire, mariée une fois et sans enfants. Son mariage s’est soldé dans la douleur et son ex-époux dirige une unité semblable à la sienne. On se rend d’ailleurs bien compte de la concurrence qui s’en dégage dans le second tome de la série « Comme des anges enchaînés ».

Jade semble être sortie de cette relation avec un certain dégoût pour les relations amoureuses et s’est depuis contentée de petites histoires sans lendemain. Enfin, jusqu’à sa rencontre avec le capitaine Nael Legoff…

Professionnellement, elle a une capacité à lire les scènes de crime avec une sensibilité particulière. Elle peut presque ressentir les émotions vécues par les criminels en retraçant les événements. Ce n’est ni magique ni scientifique, c’est une affaire de perception et d’une parfaite connaissance des meurtriers. Peut-être que côtoyer ces individus a développé ce sens, ou bien est-ce autre chose ? Une chose à découvrir dans les tomes pas encore écrits…

Bepolar : Quels sont vos liens avec les personnages membres de cette unité ? Comment évoluent-ils au fil des années ?
Ana Kori : Je crois que je me suis attachée à chacun d’entre eux. J’aime autant le légiste Greg que le technicien Vince et ne parlons pas de la lieutenante Kim et de son supérieur Nael.

Je les vois comme des boules de glaises qui prennent forme et vie au fur et à mesure des tomes. J’avais évidemment défini les contours de leur caractère, mais je dévoile leurs forces et leurs faiblesses aux lecteurices à travers les enquêtes. Et plus je les détaille, plus je les apprécie puisqu’ils sont comme la plupart d’entre nous : imparfaits et attachants.

C’est ça qui m’intéresse particulièrement dans la construction des personnages, insister sur le fait que personne n’est foncièrement bon ou mauvais.

Bepolar : La structure est plus complexe. Comment avez-vous travaillé ?
Ana Kori : J’ai toujours parallélisé les trames dans la série Jade Fontaine afin de fournir plusieurs points de vue au lectorat. Il est par ailleurs important pour moi que le ou la criminelle ait sa propre voix, puisque ces romans sont construits de telle manière que le meurtrier est connu sinon fortement suggéré, et ce, très tôt dans le récit. L’objectif est de suivre son évolution, ses certitudes et ses doutes et de les mettre en miroir de ceux des policiers. Ce sont ces chemins parallèles qui finissent par s’entremêler pour aboutir au grand final : l’affrontement.

Dans ce dernier roman, j’ai donc utilisé cette même technique à laquelle j’ai ajouté une dimension de temporalité. Sans trop en dévoiler, les fils d’intrigues se nouent dans une certaine chronologie qui peut être trompeuse (ou pas). L’objectif était de créer de fausses certitudes pour le lectorat. Cela me semblait s’accorder parfaitement avec l’illusion dans laquelle vivent les antagonistes de l’histoire : les Incels.

Bepolar : On plonge dans le monde des Incels. Qu’est-ce qui vous intéressait dans ce monde là ?
Ana Kori : Je suis toujours en veille sur des tendances sociétales qui conduisent des individus à choisir un chemin criminel. Grande consommatrice de YouTube, j’ai entendu parler du premier Incel célèbre : Elliot Rodger. Un jeune homme qui reprochait aux femmes son célibat et qui faisait des vidéos de lui. Il a fini par écrire et poster un manifeste avant de passer à l’acte . Il a tué 6 personnes et en a blessé 14 autres avant de se donner la mort. Une tuerie qui l’a érigé en modèle pour les Incels.

J’ai continué à garder ce sujet comme élément de recherche, sans savoir que j’en ferai un roman. Mais il y a deux ans, j’ai découvert qu’il existait une nouvelle branche, une espèce de super Incel en rébellion : les masculinistes. Contrairement aux premiers qui, pour la plupart, vivent reclus derrière leur écran, ces derniers sont partout sur les RS, affichant leurs conquêtes et leur pseudo domination sur les femmes. Ils ont un discours d’une violence extrême et sont admirés par les premiers.

Ce qui est inquiétant, c’est que la répétition de propos haineux sur les différents médias dédiabolise le fond à savoir : dominer les femmes. De récentes auditions par une commission d’enquête à l’Assemblée nationale ont donné un aperçu de la manière dont les porte-drapeaux de ce mouvement se voient : respectueux des lois et légitimes. Personnellement, je trouve ça réellement alarmant puisque ça confirme que s’agissant de la condition des femmes, rien n’est acquis.

Bepolar : Votre roman présente une galerie de personnages féminins. Un des critiques parlent de "portraits de femmes en résistance". Est-ce que l’expression vous convient ?
Ana Kori : Je crois que les femmes sont contraintes de résister, tout le temps, parce que nous constatons que rien n’est acquis. Ce qui est certain, c’est que je n’ai pas voulu que les femmes réagissent comme des victimes, même si dans le roman, certaines le sont. Je n’ai rien inventé. Je connais des femmes violentées, je l’ai moi-même été et le point commun a toujours été la résilience. C’est ça que je voulais montrer, la capacité à se relever et à retrouver sa dignité, malgré des blessures morales et/ou physiques.

À noter que quand on parle de violence, on imagine le pire, mais les actes malveillants envers les femmes ont plusieurs degrés et incidences. Parfois, ce qui semble être des faits peu graves le devient par la répétition. Un peu comme la torture de la goutte d’eau qui tombe sur le front. Pensez-vous que vous résisteriez à être systématiquement jugé, interpelé, insulté juste à cause de votre manière de parler, de vous habiller ou d’être ?

Les femmes de mon roman sont juste des femmes de notre époque. Elles se battent parce qu’elles le doivent.

Ce que j’aime trouver dans un polar, ce sont des émotions

Bepolar : C’est le cinquième titre de cette série de l’unité Jade Fontaine. Quels liens avez-vous avec ses lecteurs et ses lectrices ? Quelle place ont-ils dans la rédaction de chaque nouvelle aventure ?
Ana Kori : J’écoute les remarques constructives des celleux qui me contactent. J’ai cependant arrêté de lire les critiques sur les divers sites parce que les haters sont bien plus prolixes que les autres (surtout avec un livre traitant de ce sujet). Donc, si quelqu’un prend le temps de m’adresser un MP ou un mail pour parler d’un de mes romans, il arrive souvent que la discussion s’installe. J’écoute avec attention leurs attentes, même si je ne les comble pas toujours ! Jade et son équipe restent ma création et je sais où je veux les emmener…

Bepolar : Sur quoi travaillez-vous ? Quels sont vos projets ?
Ana Kori : Actuellement, je suis en pleine écriture du prochain Jade Fontaine, ainsi que sur le troisième volet de mon autre série Elena Mills. J’écris aussi un roman horrifique depuis presque deux ans dont j’ignore si j’arriverais un jour à le terminer !

Par ailleurs, je me suis mise au streaming depuis un an. Aucun rapport avec l’écriture puisque ma chaîne est orientée jeux vidéo. Je prends ça comme un exutoire, un moyen de m’aérer l’esprit tout en partageant de bons moments avec ma communauté… et parfois, je convertis certains d’entre eux à la lecture. Une sorte de petite victoire personnelle !

Bepolar : Qu’est-ce qui fait un bon polar ?
Ana Kori : Ahah si j’avais la recette, je passerai sans doute moins de temps à construire mes romans !

Disons que ce que j’aime trouver dans un polar, ce sont des émotions. Je ne suis pas très attachée à l’intrigue, mais plutôt à ce que ressentent les personnages, les bons comme les méchants. Ce qui conduit un individu à faire telle ou telle chose. Donc, j’aime les émotions et l’analyse psychologique, même si je ne suis pas contre une bonne scène bien visuelle et éprouvante !

Très important : je me lasse vite des héros avec un grand H. Les flics parfaits qui travaillent seuls parce qu’ils sont tellement forts que leurs collègues ne servent à rien ou qui font mieux que les technologies modernes. Si ce genre d’enquêteurs ont eu leur charme à une certaine époque (quand la technique n’était pas la même), ça paraît peu crédible pour un protagoniste du 21e siècle.

Pour moi, un bon polar est avant tout composé de personnages imparfaits dont les erreurs et les doutes peuvent les maintenir sur le fil du rasoir… jusqu’à ce que tout bascule !

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