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Reptile : que vaut ce polar néo-noir entre Fincher et Coppola ?

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Aussi maîtrisé que légèrement fumeux, le film néo-noir "Reptile" apparaît tout entier dédié à l’acteur Benicio del Toro, qui porte ici également la casquette de co-scénariste et de producteur délégué. Côté mise en scène, difficile de ne pas reconnaître l’influence de David Fincher sans compter celle de Sidney Lumet…

Le cocktail de "Reptile" coche toutes les cases les plus classiques, qu’il s’agisse de polar et de thriller : un assassinat non élucidé, un flic aussi aguerri que désabusé, et bien sûr la clé du mystère qui dépasse l’entendement. Tout cela dans la plus pure tradition des néo-polars les plus angoissants.

Par son atmosphère à certains égards étouffante, poisseuse et mystérieuse, "Reptile" (à ne pas confondre avec l’excellent film quasi éponyme signé Joseph L. Mankiewicz) convoque sans détour la rhétorique de David Fincher. La recette apparaît comme celle d’un thriller à la fois haletant, noir et implacable. Sans jamais atteindre la perfection obsessionnelle de son modèle ("Seven", mais surtout "Panic Room", "Zodiac" et "Gone Girl"), "Reptile" bénéficie ainsi d’un certain soin qui se traduit à travers les plans monochromes ou expressionnistes (façon "La Nuit du Chasseur" de Laughton). Tandis que nombre des protagonistes du film semblent des plus ambigus – double-jeu potentiel que la mise en scène, au gré entre autres des oppositions de couleurs, ne cesse de surligner. En découle même une sensation d’oppression et d’incertitude à la manière d’un thriller paranoïaque comme "Conversation secrète" (Francis Coppola, 1974) voire d’un film d’épouvante comme "Rosemary’s Baby" (Polanski, 1968).

Et pour donner de la consistance à tous ces personnages résolument insaisissables, quoi de mieux qu’un casting solide ? Rien de moins ici que producteur délégué, scénariste et acteur principal, Benicio Del Toro se réserve sans surprise la part du lion dans "Reptile". Non content de se dépeindre en flic vertueux ou du moins en voie de rédemption, il s’adjuge un écrin à-même de lui permettre de revenir au premier plan. Et il faut dire que sa présence magnétique dans la peau de l’inspecteur Tom Nichols, par opposition à la tonalité fallacieusement plus aseptisée de Justin Timberlake en époux éploré, contribue pour beaucoup aux réussites du film. Quant à Alicia Silverstone, perspicace Judy Nichols, Michael Pitt, revenant qui hante admirablement les trop rares scènes où il apparaît, ou encore l’étrange Karl Glusman – pour ne citer qu’eux –, ils jouent de leur opacité pour épaissir un peu plus l’intrigue du long-métrage. Un bon point, si ce n’était par ailleurs une impression un peu vaine qui se dégage finalement.

"Reptile" emprunte trois directions notables pour installer son récit : la dynamique du film de mafieux – l’une des scènes d’ouverture donne le sentiment d’évoluer dans le milieu de la pègre, type "Les Affranchis" (Scorsese, 1993) ou "Le Parrain" (Francis Coppola, 1972) alors qu’il s’agit au contraire de policiers attablés – ; une touche délibérée d’horreur, chaque maison donnant l’impression d’être hantée ; une nuance de film noir à la "Serpico" (Lumet, 1973) ou encore à la "Police fédérale, Los Angeles" (Friedkin, 1985). Un caractère vraiment composite qui permet au film d’avancer à couvert, transparent dans sa substance mais sans néanmoins trahir ses quelques trompe-l’œil scénaristiques. Malheureusement, toutes ces bonnes volontés et prétentions – parce que Grant Singer, même en rendant hommage ici ou là à ses illustres modèles, n’échappe cependant pas à une certaine vanité – n’aboutissent pas à une structure très stable. En chemin, de trop nombreux personnages utilisés pour asseoir les ténèbres se retrouvent étrangement abandonnés en cours de route. Il en va ainsi par exemple de l’inspecteur Dan Cleary, interprété par Ato Essandoh. Ainsi, "Reptile" déploie beaucoup d’effets qui semblent en définitive nettement plus poseurs que réellement utiles à l’intrigue, cela surtout pour préserver son twist ou le fortifier.

Reste qu’en dépit de sa tendance à feindre l’épaisseur grâce à quelques tics de mise en scène (gros plans sur les visages, petits détails qui comptent, cortège classique du polar…), "Reptile" surclasse assez largement la moyenne bas de gamme des thrillers Netflix. N’en déplaise à la confusion de son scénario ou à son manque d’originalité, ce long-métrage coche patiemment la plupart des cases du thriller à combustion lente, sans passion mais avec une application qui fait malgré tout son petit effet.

"Reptile" est disponible sur Netflix depuis le 29 septembre 2023.

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