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Harry Powell (La Nuit du chasseur)

Harry Powell semble aujourd’hui transcender le strict cercle de la cinéphilie. Devenu une authentique icône de la pop culture, son air à la fois provocateur et nonchalant, dans La Nuit du chasseur (Laughton, 1955), trône désormais en avatar sur les réseaux sociaux, quelquefois même en amorce de publication un peu underground. C’est qu’il y a quelque chose de capiteux chez Harry Powell, de contagieux. Une fascination que l’on doit d’abord à son interprète, Robert Mitchum, qui se situe alors au faîte de la gloire (entre La rivière sans retour, d’Otto Preminger et Celui par qui le scandale arrive, de Vincente Minnelli). Ou encore à son look qui en jette – sorte de cavalier noir magnétique. Moitié gueule cassée, moitié bellâtre, l’acteur véhicule aux yeux des enfants esseulés de l’intrigue – mais aussi dans une certaine mesure auprès des spectateurs – une bienveillance toute paternelle et un goût pour le risque. Son irrévérence et sa malice, plus proches du cowboy que de l’homme de foi, tranchent toutefois nettement avec son accoutrement étriqué de révérend. C’est la contradiction du love et du hate tatoués sur ses phalanges, lesquelles forment une fois ses mains jointes l’union du bien et du mal.

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Pourtant, Robert Mitchum incarne ici un tueur en série dans son acception la plus littérale. Considérer sa folie meurtrière à l’aune de son fondamentalisme religieux ou de sa cupidité (l’histoire du magot) serait une erreur. À l’image d’innombrables psychopathes condamnés à tuer pour exorciser une pulsion qui leur échappe, ses éclats de violence ne reposent sur aucun fondement tangible. Capable de personnifier le fantasme du père retrouvé, il fait passer sa monstruosité pour de la douceur, sa brutalité pour de la fougue. Il y a dans son aura dévoyée de bagarreur au grand cœur la contradiction d’un Tony Montana. Ou quand le fétichisme, la fascination pour une icône, en escamote la véritable nature diabolique. À ce titre, le metteur en scène Charles Laughton a-t-il trouvé en Harry Powell une représentation essentielle et intemporelle de la duplicité et de l’ambivalence. Hormis lorsque le mal laisse tomber le masque – cette scène finale quasi porcine où Powell éructe pour libérer son désir de mort –, difficile de ne pas parfois succomber aux incantations du protagoniste. Entre séduction et répulsion, rarement figure de néo croque-mitaine ne se sera en tout cas révélée aussi sournoise.

4 choses à savoir sur Harry Powell

1. À l’instar de M, le tueur d’enfants de M le maudit(Lang, 1931), Harry Powell semble lui aussi en filigrane aux prises de la pédophilie. À la différence qu’il ne parvient pas à concrétiser ses pulsions.

2. Acteur au caractère trempé, Mitchum souhaitait que l’actrice Shelley Winters joue en personne la scène où l’on retrouve son cadavre – en l’occurrence un mannequin synthétique – dans le lac. Un certain mépris qui ne trouva pas d’échos auprès de Laughton.

3. Tout comme le LOVE et le HATE inscrits sur les mains de Powell, la lumière joue un rôle considérable dans La Nuit du chasseur. Ainsi, l’affrontement de l’ombre et de la lumière – admirable mise en lumière signée Stanley Cortez, l’opérateur de La Splendeur des Amberson (Welles, 1942) – traduit partout dans la mise en scène le déchirement auquel est sujet le tueur. Le combat perdu d’avance du bien contre le mal.

4. Le tueur Harry Powell a été inspiré par un tueur en série hollandais, Harry Powers, qui sévissait en Virginie occidentale. Ce dernier appâtait ses victimes par le biais de petites annonces sentimentales, dans lesquelles il affirmait rechercher l’amour. Son histoire donna lieu en 1953 au roman La Nuit du chasseur (David Grubb).

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