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L’interrogatoire de Benjamin Dierstein pour Bleus, blancs, rouges

Benjamin Dierstein vient de frapper un grand coup avec "Bleus, blancs, rouges", roman qui nous replonge dans les années 70 dans une France alors secouée par des attentats, et qui vient de recevoir le prix Landerneau du polar.

Bepolar : Comment est née l’idée de ce polar qui nous replonge dans les années Giscard ?
Benjamin Dierstein : J’avais envie d’une œuvre ambitieuse qui raconte une contre-histoire de la France, une sorte d’American Tabloïd à la française. Avec plusieurs intrigues, des personnages réels et un effet "saga". En fait, j’ai tout simplement commencé à bosser sur ce que j’aurai rêvé de lire. C’est souvent de là que ça part !

Bepolar : Ce sont des années particulièrement agitées, avec des attentats de groupuscules terroristes à l’extrême gauche, mais aussi de sombres affaires d’états notamment à la Françafrique. C’est ce terreau explosif de ces années là qui vous intéressait ?
Benjamin Dierstein : Oui, il faut dire qu’il y a beaucoup de chose à raconter sur cette époque. De tous les bords politiques, ça fume, ça bouillonne, ça prend des coups, ça les renvoie, c’est violent. Mais j’avais aussi envie de raconter l’époque telle que l’ont vécue les gens normaux : le disco, les stars de la télé, Coluche, Johnny, Mourousi, les pubs Banga… Le roman est truffé de références de l’époque. Tout ce qu’on a gardé culturellement de cette époque c’est énorme, ne serait-ce que concernant la variété française, qui était pour moi à son climax avec l’arrivée de Renaud, Balavoine, Sheller, Lavilliers...

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Bepolar : Cela se double aussi avec non pas une, mais des polices. On a d’un côté les jeunes Marco Paolini et Jacquie Lienard qui sont en concurrence pour entrer dans la prestigieuse BRI, mais aussi un brigadier plus ancien, Jean-Louis Gourvennec qui va infiltrer une cellule gauchiste. Vous vouliez raconter l’histoire de ces polices ?
Benjamin Dierstein : Oui on voit la BRI mais aussi les RG, la Crime, la Mondaine, et puis aussi le GIGN et le SDECE (ancêtre de la DGSE). Le concept de "guerre des polices" date de cette époque. Le film de Robin Davis est sorti en 1979. A l’époque, les flics étaient des stars. Broussard, Ottavioli et Prouteau faisaient régulièrement les unes. Alors forcément, ils défendaient leurs chapelles pour être les meilleurs. C’est cet esprit de compète que j’ai insufflé dans le roman. Les personnages sont tous tellement obnubilés par la compète, que narrativement parlant, ça en fait presque un récit de sport !

Bepolar : C’est un roman très dense, très riche, la radiographie d’une époque. Comment avez-vous travaillé ? Vous êtes plutôt architecte ou jardinier ?
Benjamin Dierstein : Architecte, définitivement. J’ai passé un an et demi rien qu’à me documenter et construire mon plan. A lui seul, le plan faisait 400 pages. Et je ne parle pas des autres documents comme mes listes de personnages, de fringues de l’époque, de morceaux de musique, d’effets de styles, de fils narratifs, etc, que je dresse systématiquement avant d’attaquer la prose.

Bepolar : Il y a également le personnage du mercenaire Robert Vauthier. Lui aussi emblématique de son époque. Quel regard portez-vous sur lui ?
Benjamin Dierstein : C’est un ancien mercenaire qui s’est reconverti en garde du corps pour Delon, Giscard ou Bongo, et qui rêve désormais de se ranger de la violence et de mettre la main sur la nuit parisienne. Il va se mettre au service des frères Zemour, les voyous qui tenaient Paris à l’époque, et utiliser son carnet mondain pour ouvrir une discothèque concurrente du Palace et un réseau de prostitution haut-de-gamme. Mes autres personnages recherchent à être sous les projecteurs, mais lui les fuit. Ce qu’il veut, c’est gagner du fric. J’ai le même regard sur lui que sur les autres : c’est un salopard, mais vu qu’il va finir par merder et souffrir, je ne peux qu’avoir de la tendresse pour lui.

Bepolar : On y croise des personnages secondaires bien connus de tous et toutes : Valéry Giscard d’Estaing, Pierre Goldman, Jacques Mesrine, Jean-Bedel Bokassa, Alain Delon, Tany Zampa ou Omar Bongo. Est-ce que c’est facile de les mettre en scène dans une fiction ?
Benjamin Dierstein : Oui, à condition de se décider clairement sur la manière de les représenter. Pour ma part, j’ai volontairement choisi la voie de la caricature, celle-là que privilégiait Ellroy pour ses personnages réels. J’ai passé beaucoup de temps à regarder des reportages sur eux, à noter leurs manières de parler, de s’habiller, leurs tics de langage, et j’ai réutilisé tout ça pour en faire des personnages décalés et absurdes, qui sont à l’origine de la plupart des scènes drôles du roman.

Le deuxième tome se passera entre 1980 et 1982

Bepolar : Qu’est-ce que vous aimeriez que les lecteurs et lectrices gardent en eux une fois la dernière page tournée ? L’odeur d’une époque qui n’a pas tout à fait disparu aujourd’hui ? Les portraits que vous dressez ?
Benjamin Dierstein : Cet humour justement, le ton léger que j’ai voulu donner aux personnages réels. Les dialogues, parce que je passe beaucoup de temps dessus pour qu’ils fonctionnent comme des tirs de kalach. Et puis les personnages, oui, même si dans ce roman ils ne montrent pas encore tout.

Bepolar : C’est le début d’une trilogie. Qu’est-ce que vous pouvez nous dire de la suite ?
Benjamin Dierstein : Le deuxième tome se passera entre 1980 et 1982, et le troisième entre 1982 et 1984. On y suivra pêle-mêle Action Directe, l’attentat de Copernic, l’arrivée de Mitterrand au pouvoir, Carlos, la mort du SAC, le FLNC, Guy Orsoni, la naissance de la Brise de Mer, les Irlandais de Vincennes, les écoutes de l’Elysée, le Liban, le Tchad…

Bepolar : Qu’est-ce qui fait un bon polar ?
Benjamin Dierstein : Il n’y a rien d’objectif là-dedans, pour moi chacun a sa définition du bon polar, selon ce qu’il aime ressentir. Moi, ce que j’aime, même quand je suis tranquille en train de lire, c’est de me sentir vivant. De prendre des baffes. De rire, de pleurer, d’être en colère. Alors forcément, ce que j’aime, c’est ce qui prend aux tripes.

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