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L’interrogatoire de Frédéric Lepage pour Si la Bête s’éveille

Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman ?
Frédéric Lepage : Au moment de faire naître un roman, mon approche est souvent conceptuelle. Je me suis demandé ce qui se passerait si un chien guide d’aveugle, pris d’une haine brutale et inexplicable pour son maître non-voyant, décidait de lui nuire au lieu de l’aider. Jusqu’où pourrait aller ce jeu cruel ? Et comment la situation évoluerait-elle si l’entourage, au lieu d’aider le souffre-douleur, refusait de le croire, et le laissait affronter l’épreuve seul, privé de tout secours ? Pour rendre la situation encore plus insupportable, j’ai remplacé le chien par un singe, l’un de ces capucins qu’on place, dans certains pays, auprès de grands handicapés. Un animal capable de perversité aussi bien que de bienveillance. J’ai ainsi conduit une réflexion sur le pouvoir, quand il passe d’une main à l’autre, son détenteur habituel se trouvant empêché d’agir. Cela rendait l’intrigue encore plus étrange et radicale…

Bepolar : On y suit Adam, un jeune enquêteur du NYPD. Comment pourriez-vous nous le présenter ?
Frédéric Lepage : Adam est un flic que sa paralysie temporaire, consécutive à une agression dans des circonstances très mystérieuses, va obliger à remettre tout en cause : sa conception de l’homme, de son travail, de ses relations avec sa femme, qui est aussi sa patronne. Au début, il apparaît comme un jeune mec athlétique, ouvert, facile à décrypter. Mais on se rend vite compte qu’il cache à tout le monde un secret terrifiant, dont il ne peut pas se libérer. La reconquête de son autonomie physique s’accompagne d’une lutte contre ce poids qui lui écrase le cœur.

Bepolar : Et puis il y a Clara, un singe capucin, qui l’aide dans sa convalescence après une agression. Qui est-elle ?
Frédéric Lepage : Clara est capable d’aller chercher des objets pour son maître, d’allumer ou d’éteindre les lumières, d’utiliser des télécommandes, de remplir un verre d’eau, etc. Elle aime les œuvres de Bach, regarde des dessins animés à la télévision, adore son doudou. Mais Clara est le personnage par qui tout bascule. Pourquoi elle, si dévouée et attachante, devient-elle soudain perverse et sadique ? Pour tenter de le savoir, Adam, le héros, va devoir essayer de comprendre ce qui fait notre humanité… et celle de ce singe !

Bepolar : Il est question de la part animale en chacun. Qu’est-ce qui vous intéressait dans cette question et dans ce duo entre l’enquêteur et le singe ?
Frédéric Lepage : Tout polar est forcément un traité d’éthologie qui s’ignore. La science du comportement des animaux traite aussi des instincts de cet animal qui est en nous, Homo sapiens, au cœur de notre cerveau dit « reptilien ». J’ai trouvé passionnant d’explorer avec mon personnage l’univers du crime à travers le prisme de l’éthologie. Adam Leaf va vers la vérité en essayant de comprendre comment agit cet animal en lui. Le problème, c’est qu’Angelina, sa femme et patronne croit, elle l’inverse : que l’homme est avant tout un être spirituel. D’où quelques étincelles entre eux !

Bepolar : Sa femme enquête autour de son agression et d’un meurtre survenu dans l’immeuble Dakota de Central Park. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur cet édifice, presque un personnage à part entière non ?
Frédéric Lepage : J’aime les « décors-monde »… Le Dakota building, à New York, en est un. Il a été construit en 1884 pour la « crème de la crème » de la haute société new yorkaise. Et jusqu’à notre époque, il est resté l’immeuble des hyper-riches. L’actrice légendaire Lauren Bacall a dirigé à la trique, jusqu’à sa mort, le comité des copropriétaires, dont fait toujours partie Yoko Ono, un véritable comité-tribunal dont il faut l’agréement pour acheter un appartement. Antonio Banderas et Melanie Griffith, par exemple, n’ont pas été admis. C’est devant le porche du Dakota, en sortant de chez lui, que John Lennon a été assassiné. C’est là aussi que Roman Polanski a situé son film d’horreur Rosemary’s Baby. J’ai plongé dans les entrailles de cet immeuble fabuleux pour y placer une partie de Si la bête s’éveille.

Bepolar : Les animaux sont d’ailleurs très présents dans vos ouvrages. Je pense bien entendu au Le Colloque des bonobos. Pour quelle raison ?
Frédéric Lepage : Qu’est-ce qui sépare vraiment les hommes des autres animaux ? On ne le sait pas vraiment. Toutes les frontières anciennement admises ont été repoussées par la science. On est là au cœur d’une question d’une extrême actualité, car du destin des animaux dépend le nôtre. Et de la manière dont nous les traitons, dépend notre dignité. Après avoir produit deux cents heures de documentaires sur la nature sauvage, j’ai pensé que mon regard pouvait apporter sur ces sujets un regard autorisé, et que je pourrais le déplacer vers l’univers romanesque.

Bepolar : C’est un roman très dense. Vous parlez d’architecture, des objets connectés, d’alimentation, des dernières découvertes neurologiques... Comment avez-vous composé ce roman ? Comment écrivez-vous ?
Frédéric Lepage : Il me semble qu’en achetant le livre d’un auteur, le lecteur acquiert plusieurs droits : être diverti, étonné, entraîné, mais aussi découvrir et apprendre. Alors, j’aime partager avec lui des univers, et lui offrir des connaissances, à condition bien sûr qu’elles s’intègrent au flux naturel du récit. D’où le foisonnement auquel vous faites référence. Pour le reste, j’écris en deux temps. Un temps paresseux qui peut durer des mois, où j’ai le sentiment de ne rien faire, alors qu’en réalité, mon cerveau construit les moindres détails de l’histoire. Et un second temps où toute la matière accumulée prend forme sur le papier.

Bepolar : Vous avez étalement une belle carrière de producteur pour la télévision. Est-ce que ce métier influence celui d’auteur ?
Frédéric Lepage : Il y a une grande complémentarité. Les univers explorés grâce aux documentaires que je produis, par exemple, alimentent mon imagination romanesque. Par ailleurs, écrire un livre est un exercice très solitaire, alors que la production pour la télévision implique un travail collectif. Un bon équilibre, en somme.

Bepolar : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Frédéric Lepage : Un nouveau roman, déjà fini, qui sortira en février-mars 2022. Des séries documentaires pour la télévision. De la fiction télé : je viens de créer, avec Caroline Glorion, un nouveau duo d’enquêteurs pour France Télévisions, qui sera joué par Valérie Bonneton et François Morel. Deux autres bibles de fiction en cours. Et une pièce de théâtre dont la première lecture a lieu bientôt au théâtre du Gymnase.

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