"A l’hôpital Lariboisière une femme en état de choc arrive en voiture, avec à l’arrière, deux enfants blessés par balle. Lorsque le commandant Alexane Laroche arrive sur place, la mère est introuvable. Pourquoi s’est-elle évaporée dans la nuit ?" C’est le début du nouveau roman de Pétronille Rostagnat, "Sur leurs traces". Elle a accepté de nous en parler.
Bepolar : Comment sont nées ces nouvelles aventures d’Alexane Laroche ?
Pétronille Rostagnat : Mes deux derniers romans ne mettaient pas en scène mon héroïne Alexane Laroche, commandant à la Brigade Criminelle de Paris, et je dois avouer qu’elle me manquait beaucoup. J’ai eu envie de la retrouver, de la replonger dans une enquête où son intuition et sa force pouvaient à nouveau s’exprimer. Cette nouvelle aventure est née de cette envie, mais aussi du désir d’exploiter son ressenti de mère face à une affaire qui vient profondément la bouleverser. J’avais envie de pousser Alexane hors de sa zone de confort. Je voulais l’embarquer dans une enquête plus intime, où sa vie personnelle se retrouve en miroir de l’affaire qu’elle mène.

Concernant le roman dans son ensemble, l’idée de départ est née d’un fait divers glaçant qui m’a marquée : l’affaire Diane Downs, aux États-Unis, dans les années 1980. Cette mère a un soir conduit ses trois enfants à l’hôpital, tous touchés par balle. L’un d’eux est décédé, les deux autres ont survécu avec de lourdes séquelles. Elle a d’abord prétendu avoir été victime d’une attaque par un inconnu, avant que l’enquête ne révèle qu’elle était en réalité l’auteure des tirs. Cette image — une mère déposant ses enfants ensanglantés aux urgences — m’a profondément troublée et m’a inspiré l’idée de départ de mon roman « Sur leurs traces ».
Bepolar : Quel est votre lien avec ce personnage ?
Pétronille Rostagnat : Alexane m’accompagne depuis plus de dix ans maintenant. J’ai grandi avec elle. C’est mon héroïne de cœur qui est présente dans cinq de mes romans ! Elle a été présente à chaque étape de mon parcours, comme un fil conducteur.
Après trois romans en sa compagnie, j’ai ressenti le besoin de faire une pause pour créer Pauline Carel, son antithèse : une avocate brillante, complexe, marquée par un passé trouble, qui agit davantage avec la tête qu’avec l’instinct. Mais très vite, Alexane m’a manqué. Son intuition, sa fougue, sa détermination… Je lui prête parfois mes colères et mes failles, mais elle garde une force propre que j’admire. Elle me surprend encore aujourd’hui, et c’est ce qui rend l’écriture toujours vivante et nécessaire : c’est une rencontre qui se renouvelle à chaque roman.
Bepolar : Il y a aussi dans ce roman Jérémy Bouscarat, infirmier de son état, qui doit s’occuper en urgence de deux enfants blessés par balle. Qui est-il ? Comment pourriez-vous nous le présenter ?
Pétronille Rostagnat : Jérémy Bouscarat est infirmier — mais c’est surtout un homme brisé. Il a perdu sa femme et sa petite fille dans un accident de la route. Depuis, il avance en mode pilotage automatique, jusqu’à cette fameuse nuit où deux enfants blessés par balle arrivent aux urgences. En posant les yeux sur la fillette, il croit reconnaître les traits de sa propre enfant disparue. Ce choc le sort de sa neutralité de soignant et déclenche chez lui une quête intime, presque obstinée : comprendre qui elle est, d’où elle vient... Jérémy n’est pas un enquêteur ; il vacille, se trompe parfois, mais sa douleur, sa tendresse et son instinct en font, malgré lui, un maillon essentiel de l’histoire. C’est un homme du quotidien dont la faille devient le moteur dramatique.

Bepolar : La mère disparait, et une nouvelle fois, vous explorer les liens de la maternité et le rapport parents/enfants. C’est un thème qui vous porte ?
Pétronille Rostagnat : Oui, c’est un thème central pour moi. La famille, et particulièrement le lien mère-enfant, est à la fois ce qui protège et ce qui peut fragiliser. Dans mes romans, ce lien devient souvent un moteur dramatique : il révèle la lumière comme les zones d’ombre de mes personnages. Je suis moi-même maman de trois enfants, et c’est sans doute pour cela que ces thématiques m’interpellent autant. Elles me poussent à m’interroger : et moi, comment réagirais-je dans une telle situation ? Jusqu’où serais-je prête à aller pour protéger les miens ?
Bepolar : C’est nerveux comme toujours avec vous. Comment vous écrivez ?
Pétronille Rostagnat : J’écris comme je lis : avec l’envie de tourner les pages. J’ai besoin que le rythme s’impose naturellement, que chaque scène pousse vers la suivante. Cela implique beaucoup de travail de coupe, de réécriture, mais aussi de me laisser happer par l’histoire, comme si je la découvrais en même temps que mes personnages. Mon écriture reflète aussi ma personnalité : je suis dynamique, impatiente, j’aime l’action. J’ai besoin que ça pulse, que ça avance, que le lecteur ne puisse pas poser le livre.
Bepolar : Qu’est-ce que vous aimeriez que les gens en retiennent une fois la dernière page tournée ?
Pétronille Rostagnat : J’aimerais qu’ils aient le cœur qui bat encore un peu plus vite, qu’ils ferment le livre avec la sensation d’avoir vécu une expérience. Et si, au-delà du suspense, certaines questions sur la famille, la vérité ou la résilience résonnent en eux, alors j’aurai réussi.
L’équilibre entre le rythme, l’émotion et la justesse des personnages est, à mes yeux, la clé.
Bepolar : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Pétronille Rostagnat : Je travaille actuellement sur un nouveau roman qui paraîtra au printemps 2026. Ce sera un thriller psychologique qui explore encore une fois l’identité, les secrets, et la manière dont le passé finit toujours par ressurgir. En parallèle, je développe aussi une trilogie jeunesse autour d’un pensionnat mystérieux. Une nouvelle aventure d’écriture qui me passionne et qui verra le jour à la rentrée prochaine. Un sacré défi !
Bepolar : Qu’est-ce qui fait un bon polar ?
Pétronille Rostagnat : Un bon polar, c’est une histoire qui tient en haleine, bien sûr, mais pas seulement. Ce sont des personnages auxquels on croit, des émotions palpables, et cette capacité à surprendre le lecteur sans jamais le tromper. L’équilibre entre le rythme, l’émotion et la justesse des personnages est, à mes yeux, la clé.






























































































































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