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Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps : une mini-série captivante sur l’affaire Le Roux

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Conscients que la vérité sur l’affaire Agnès Le Roux demeure insaisissable, Rémi Lainé et Pascale Robert-Diard choisissent de traquer la vérité humaine au gré d’un passionnant feuilleton judiciaire. Une mini-série palpitante et d’une rigueur métronomique.

Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps
Par : Pascale Robert-Diard, Rémi Lainé
Année : 2023

27 octobre 1977. Agnès Le Roux, jeune héritière du Palais de la méditerranée, l’un des deux grands casinos de Nice, disparaît mystérieusement. Quelques témoins l’ont bien vue partir avec des bagages et monter dans sa Range Rover, mais depuis plus aucune nouvelle et impossible de la retrouver. Très vite, on soupçonne Maurice Agnelet, avocat du Ruhl (soit le casino concurrent du Palais de la méditerranée) et par ailleurs amant d’Agnès Le Roux. D’autant qu’Agnelet aurait manipulé Agnès pour récupérer sa part d’héritage et ainsi provoquer la ruine de la famille Le Roux. Débute alors pour la famille Le Roux – puis plus tard pour les fils de Maurice Agnelet – un combat judiciaire s’étendant sur près de quatre décennies…

Il y aurait mille et une manières d’approcher l’affaire Agnès Le Roux, cette énigme judiciaire par excellence dont les innombrables ramifications constituent une véritable hydre de Lerne. Vengeance, prédation par essence de Maurice Agnelet, règlement de compte mafieux avec comme toile de fonds la fameuse guerre des casinos de Nice… les angles pour appréhender les tenants et aboutissants de cet homicide opaque, que le décès de Maurice Agnelet en 2021 condamne irrémédiablement à l’irrésolution, ne manquent vraiment pas. Avec leur série-documentaire en trois épisodes diffusée sur Arte, le tandem formé par Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au « Monde » et autrice d’un livre sur l’affaire Agnès Le Roux (« La déposition », éditions L’Iconoclaste, 2016), et le reporter et documentariste Rémi Lainé, a choisi l’axe de l’intime.

À cet effet, "Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps" met en lumière une double-tragédie familiale : d’une part le cauchemar traversé par les Le Roux, suspendus pendant 37 ans au funeste destin entaché d’incertitude d’Agnès Le Roux et hantés par sa disparition aussi brutale qu’inexpliquée ; d’autre part la malédiction des Agnelet perpétuellement tiraillés par le doute, par le joug subjacent du père Maurice, et écrasés par les procédures judiciaires incessantes. Et au centre de cet échiquier inextricable, trône un chef d’orchestre dont la main de fer se cache inlassablement sous un gant de velours, personnage aussi retors que mystificateur : Maurice Agnelet. Loin de rechercher le sensationnalisme ou la vérité (laquelle ici par définition échappe, tout au moins partiellement), "Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps" tente donc de retracer l’affaire Agnès Le Roux à travers les mots des membres des deux familles. D’un côté les entretiens mettent en scène Patricia Le Roux et Jean-Charles Le Roux, sœur et frère d’Agnès, de l’autre Guillaume et Thomas Agnelet, les fils de Maurice Agnelet. Toutes ces constellations de témoignages (familles, avocats, juge…), mises en parallèle avec des archives journalistiques, des vidéos de la famille mais aussi d’anciens enregistrements audio ou vidéo – Maurice Agnelet enregistrait à la fois ses appels téléphoniques, de même que la préparation de sa défense, filmée par son fils Guillaume Agnelet – donnent lieu à un documentaire-somme aussi haletant que passionnant.

Cette plongée très documentée et immersive dans les arcanes de l’affaire Agnès Le Roux, par son articulation résolument plus transversale qu’exhaustive, n’apprendra peut-être rien aux plus férus de cette histoire ténébreuse qui fit déjà l’objet de nombreux documentaires. Pourtant, quelque chose d’essentiel et de fulgurant émane de "Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps" : le gouffre vertigineux au bord duquel ont appris à cheminer les membres des deux familles antagonistes. Si Patricia et Jean-Charles Le Roux évoquent indirectement le spectre qui teinta leur existence avec une certaine philosophie, certes plus par fatalité que par insouciance, les regards seuls de Guillaume et Thomas Agnelet suffisent à suggérer toute l’intolérable ambiguïté que fut leur vie de famille. Ces deux frères désormais irréconciliables, dont les représentations respectives de leur père Maurice Agnelet s’opposent radicalement, forment malgré eux des personnages fascinants. Mélange de tourments, de clairvoyance et de colère rentrée que les chroniques judiciaires de 2014, année de la condamnation de Maurice Agnelet aux Assises de Rennes, n’avait pu mettre en évidence avec autant d’acuité.

Aucune vérité ne se dégage de "Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps". Au contraire, des abysses et doutes insondables ne cessent de se dessiner à mesure que s’égraine le récit de la valse des procédures judiciaires. À l’instar du corps resté à jamais introuvable d’Agnès Le Roux, la vérité apparaît fuyante et aussi multiple que le sont les protagonistes. Si la vérité judiciaire, vraisemblable, l’emporte depuis le dénouement de 2014, elle ne peut dissiper totalement l’irrésolution, condamnant les survivants à la douleur. En témoigne cette évocation troublante, narrée par Patricia Le Roux, du signe de la main triomphant et glaçant – en une sorte de victoire de l’équivoque sur l’évidence –, que Maurice Agnelet, sourire aux lèvres, avait adressé à la famille à l’issue du délibéré et peu avant son incarcération. Aussi, la justice aura-t-elle permis, en choisissant de se frayer un passage par-delà l’invincible nébulosité de l’affaire, de précéder l’impossible vérité pour enfin libérer (en partie) les familles d’un poids intolérable.

Bien que les trois épisodes de "Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps" consacrent peu d’espace, notamment, à l’emprise de gourou qu’exerça Maurice Agnelet sur les femmes, préférant avant tout s’en tenir aux mots des fratries interrogées, la présence inquiétante de Maurice Agnelet – par contraste avec le visage poupin d’Agnès Le Roux, ses yeux noirs immenses, mutins et mélancoliques,– se suffit à elle-même. Regard éternellement impassible, éteint ou demi-sourire aux lèvres, Agnelet apparaît tantôt mordant, tantôt comme fier de palabrer et d’exaspérer par ses rodomontades son auditeur ou auditoire. Aussi, "Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps" se distingue en cela également comme un saisissant portrait pointilliste de Maurice Agnelet, dont la physionomie et le caractère ne se manifestent sans doute jamais plus tangiblement qu’au travers des impressions et certitudes qu’il a laissé sur ses proches, sur ses adversaires ou encore sur les différents acteurs du système judiciaire ayant croisé sa route.

Mini-série documentaire ne trois épisodes signée Pascale Robert-Diard et Rémi Lainé, "Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps" est disponible sur Arte.tv jusqu’au 30 mars 2024.

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