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L’interrogatoire de Benoît Séverac

Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman ?
Benoît Séverac : D’un atelier d’écriture que j’ai animé en prison. J’ai découvert des gens dont la sensibilité était à fleur de peau, avec beaucoup de colère et de résignation en même temps, d’acceptation mais sans être dupes. Et donc, leurs écrits étaient fulgurants, puissants. Il y avait une constante chez eux : l’enfance déterminante dans leur trajectoire. Beaucoup de manque de confiance en soi, aussi, chez certains. Des adultes à qui on n’a jamais dit « C’est bien » quand ils étaient enfants. Aussi, quand je mettais en valeur leurs écrits, dont certains étaient vraiment bons, je sentais le scepticisme, voire la suspicion. Une expérience vraiment troublante pour moi, qui m’a donné envie d’inventer cette histoire.
Je précise que tout est fiction. Aucun des participants à mon atelier (dont je ne connaissais de toute façon pas le passé) ne peut se reconnaître dans mon roman.

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Bepolar : Est-ce que vous pourriez nous présenter le personnage de Matthieu, et l’équipe de l’inspecteur Cérisol ?
Benoît Séverac : Matthieu Fabas est justement un détenu que j’ai inventé. Il a pris 15 ans pour un meurtre homophobe dont il est coupable, certes, mais il a mis ce temps d’enfermement à profit pour réfléchir aux raisons qui l’ont poussé à commettre cet acte horrible. Petit à petit, il prend conscience que c’est à cause de son père, et de la façon dont celui-ci l’a traité pendant son enfance, qu’il en est arrivé là. Le lendemain de sa libération, son père est assassiné, et tout porte à croire que c’est lui l’auteur de ce deuxième crime. Mais c’est plus compliqué que cela, et les policiers de la Crime du SRPJ de Versailles vont devoir se pencher sur la relation père-fils pour démêler l’affaire.

Bepolar : D’ailleurs, en parallèle de l’enquête, le livre est aussi porté par l’équipe de police, avec des personnalités très attachantes. Vous vouliez une sorte de contrepoint de la "normalité" face au meurtre ?
Benoît Séverac : Mais c’est la vie, ça ! Rien n’est jamais tout blanc tout noir. Il y a toujours un contrepoint, toujours des gens bien sur notre route qui nous aident à nous remettre en selle, et d’autres, moins bien, qui cherchent à nous en faire chuter. C’est un schéma narratif basique en littérature (road-movies etc.) mais c’est le simple reflet de la vie, en condensé.

Bepolar : C’est une histoire autour de la relation entre un père et son fils, qu’aviez-vous envie de dire sur ce sujet ?
Benoît Séverac : Je crois que j’ai voulu parler du non-dit au sein d’une famille. C’est troublant comme la famille, qui est l’entité censée nous protéger, nous faire grandir, nous donner confiance, est tout cela mais peut aussi être le lieu des traumatismes indélébiles.
Mon expérience personnelle m’amène à croire que rares sont les familles où le non-dit n’existe pas. J’ai personnellement été « victime » (je le mets entre guillemets car je n’ai pas souffert de maltraitance) du poids du silence de mon père, suite à sa participation à la guerre d’Algérie.J’ai grandi avec cette chape de plomb, et je crois que depuis mon premier roman, inconsciemment, je tourne autour de cette question.
A 53 ans, avec Tuer le fils, j’ai l’impression d’avoir trouvé les mots et la force de l’attaquer frontalement dans un roman. C’est certainement le roman le plus « personnel » (à ne pas confondre avec « autobiographique ») que j’aie écrit jusqu’à présent, et de façon assumée.

"ce roman est un cauchemar exorcisé"

Bepolar : Il y a la personnalité du père, pas forcément sympathique, mais en creux, il y a aussi une forme de pression sociale sur une relation père / fils. Vous aviez envie également de montrer cet aspect-là ?
Benoît Séverac : Bien sûr, ce roman est un cauchemar exorcisé : celui d’être un mauvais père, un père délétère. Je suis père, deux fois, d’un garçon et d’une fille, et je suis conscient d’avoir été hanté par cette crainte.
D’où, aussi, dans mon roman, une certaine forme de rédemption du père. C’est un sale type, certes, mais victime lui-même d’un traumatisme. Je lui trouve des excuses, presque, ou du moins je trouve des justifications à son comportement inexcusable.

Bepolar : Je voulais aborder la question de la prison. Votre livre montre qu’il y a la punition judiciaire, mais après, il y a une forme de punition sociale, ou tout du moins une suspicion sur Matthieu à sa sortie de prison. C’est ce que vous souhaitiez montrer, que la peine ne s’arrête pas une fois la liberté recouvrée ?
Benoît Séverac : Oui, mais là, j’enfonce des portes ouvertes. La responsabilité n’incombe pas aux autorités seules (police et justice). Nous sommes tous collectivement responsables de cela. Nous avons tous des a priori négatifs sur la population carcérale. C’est quelque chose dont les détenus sont conscients (parce qu’ils étaient à notre place, avant d’être incarcérés) et dont ils souffrent.

"j’ignorais comment la jonction allait se faire entre l’histoire des Fabas père et fils d’un côté, et l’enquête de l’autre."

Bepolar : Comment avez-vous travaillé le plan de votre roman ? Tout était pour vous bien en place au niveau de l’histoire en la commençant ?
Benoît Séverac : Non, pas du tout. J’avais mes personnages : mes flics, mon détenu, son père et l’écrivain. Je savais qu’il allait y avoir un jeu de manipulations entre les uns et les autres, mais j’ignorais comment la jonction allait se faire entre l’histoire des Fabas père et fils d’un côté, et l’enquête de l’autre. Ce n’est pas un problème. Quand les personnages sont très incarnés, ils finissent par imposer leur histoire.

Bepolar : Quelles sont vos prochaines dates de dédicaces ?
28 février 2020
Benoît Séverac : Rencontre et signature à la librairie-café Le Chameau Sauvage à Toulouse (43 avenue des Etats-Unis, M°B – Barrière de Paris)
5 Mars 2020 (soirée, horaire à préciser)
Rencontre et signature à la médiathèque de Couérant (près de Nantes, 44)
6 Mars 2020 (soirée, horaire à préciser)
Rencontre et signature à la médiathèque de Rezé (près de Nantes, 44)
13 mars 2020 à 19h
Rencontre et signature à la médiathèque de Saint-Clar (Gers)
14 mars 2020 à 17h
Rencontre et signature à la librairie Les Passantes à l’Union (Haute-Garonne)
3-5 avril 2020
Je serai au salon Quais du Polar à Lyon (dont une rencontre à la médiathèque du 5ème arrondissement le vendredi 3 avril à 18h30)
24 avril 2020 à 18h30
Rencontre à la librairie Le Café des Plumes à Toulouse (quartier Sept-Deniers)

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