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Les 5 plus grands polars de Martin Scorsese

Pour célébrer les polars de Martin Scorsese les plus mythiques, l’on pourrait immédiatement citer "Taxi Driver" (1976), "Les Nerfs à vif" (1991), "Les Infiltrés" (2006) ou "Shutter Island" (2010). Autant de thrillers à même de propulser le spectateur dans une expérience fulgurante, qui marque la rétine au fer rouge. Pourtant, la trajectoire du réalisateur italo-américain à travers le film noir ne saurait être explorée sans le véritable baptême scorsésien de Robert De Niro, l’immense "Mean Streets" (1973). De même, deux œuvres le plus souvent trop scrupuleusement rangées du côtés des films de mafia ne sauraient être oubliées : les incontournables "Les Affranchis" (1990) et "Casino" (1995), épopées shakespeariennes auxquelles s’ajoute dorénavant "The Irishman" (2019). Et quid d’un "Loup de Wall Street" (2013) passé au crible du film noir ? Non seulement l’exercice s’avère pertinent mais il semble qui plus est évident pour Scorsese que les requins de la finance se télescopent dorénavant plus que jamais avec les figures du grand banditisme. Rencontre avec ces 5 chefs d’œuvre.

Mean Streets (1973)

Si Martin Scorsese, Robert de Niro et Harvey Keitel sont devenus les géants que l’on sait en partie grâce à "Taxi Driver", les trois hommes n’auraient probablement pas connu une telle carrière sans d’abord exceller dans "Mean Streets". Et ici même sans Bernard Herrman, toute l’atmosphère est exemplaire : gangster, New York malfamé… tout y est.

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En plus d’être le premier grand film (et l’un des plus brillants) de la carrière de Martin Scorsese,"Mean Streets" comporte tous les ingrédients qui font l’identité du papa de "Raging Bull" (1980) : les bas fonds de New York (ici Little Italy ou encore le Bronx), l’impossible rédemption, la couleur rouge omniprésente et bien sûr Robert de Niro. Dans le rôle de Johnny Boy, ce dernier tente avec son ami Charlie (Harvey Keitel) de faire son trou dans le monde de la mafia. L’ennui est qu’à l’inverse de Charlie, dont l’oncle est une figure du grand banditisme sur le point de lui confier la gestion d’un restaurant, Johnny Boy n’est qu’un adulescent paumé multipliant les dettes. Comme dans tout bon vieux film noir, sa trajectoire fatidique va chaque jour s’enliser un peu plus à mesure qu’il tente de se faire une place à grand renfort d’intimidations. Tiraillé par l’obsession religieuse du mal, Charlie essaye de sauver Johnny, mais une sorte de malédiction résiste.

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Martin Scorsese, qui considère ce film comme une vision autobiographique de sa jeunesse et de son quartier, filme "Mean Streets" (initiales M.S. comme lui) en orfèvre. Les symboles (croix, statues, églises...) se multiplient pour tenter de sauver les protagonistes d’une déchéance trop soudaine. Cette façon spontanée et maniériste de mettre en scène des personnages maudits dans la ville de tous les péchés a inspiré de très nombreux metteurs en scène. Parmi les influences les plus notables, citons les fulgurances des cinémas d’Abel Ferrara (surtout "The King of New York" et "Bad Lieutenant") et des frères Joshua et Ben Safdie ("Mad Love in New York", "Good Time", "Uncut Gems").

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Les Affranchis (1990)

Ici, les magouilles et combines de la pègre new-yorkaise se refusent au sentimentalisme des histoires de gangsters à la Coppola et De Palma, lui préférant une violence plus froide et réaliste. La rencontre au sommet de De Niro, Pesci et d’un génie de la photographie : Michael Ballhaus.

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Devenu un classique d’entre les classiques, "Les Affranchis" nous raconte l’ascension fulgurante et la vile déliquescence du gangster Henry Hill (joué par Ray Liotta), passé de petite frappe à prince des ténèbres . Sur une période de 30 ans, Scorsese suit donc le protagoniste entre gloire et destruction, égrainant les riffs des Ronnettes ou encore des Rolling Stones. Le rythme de ce récit tiré de faits réels, dopé par la musique et le montage syncopé de l’immense Thelma Schoonmaker, s’avère fantastique et hypnotique. Au-delà du film de gangsters, "Les Affranchis" s’enracine totalement dans le film noir. À mesure que l’existence d’Henry Hill se rapproche un peu plus de la mort, la mise en scène se métamorphose.

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Il y a d’abord les arrêts sur image, sorte de coups de poignard, qui servent dans un premier temps à illustrer les grandes pages de la vie du gangster. Puis vient plus tard la douceur de la steadycam, qui plonge le personnage dans les rêves de l’adolescence. Enfin, c’est la figure du cercle, celui de la famille Mafia dont on ne ressort plus, qui fait petit à petit office de tombeau allégorique. À ce titre, les séquences du mariage avec le défilé des cousins ou encore le dîner chez la mère de Tommy, pendant que Batts se meurt dans le coffre, sont stupéfiants. Pas un hasard toutefois, car le directeur de la photographie a aussi filmé "Dracula" (Coppola, 1992). Bientôt, le pavillon de banlieue déprimant d’Henry se transforme en prison et les années de bonheur s’évanouissent. Polar de par tous ses policiers et enquêteurs du FBI aux aguets, doublé de conte moral de génie, "Les Affranchis" rassemble de plus l’une des brochettes de personnages les plus incroyables du septième art. Outre Ray Liotta, on compte ainsi Robert de Niro, Joe Pesci, Lorraine Bracco (également psychothérapeute dans "Les Soprano" de David Chase) ou encore Paul Sorvino. Du très grand art, entre trahison et maléfice.

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Casino (1995)

Résolument plus opératique que "Les Affranchis", "Casino" ressemble à la trilogie du "Parrain" (Coppola), de par sa manière extraordinaire et pointilliste de jouer avec l’ombre et la lumière des personnages. Rarement l’hybris du gangster, sa démesure, n’aura été aussi admirablement mise en scène au cinéma.

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De tous les films de Martin Scorsese, "Casino" est peut-être le plus parfait et iconique. Sa structure reste forcément fidèle aux marottes du réalisateur : son protagoniste central (Sam « Ace » Rothstein, porté par Robert de Niro) fait l’objet encore et toujours d’une sorte de malédiction. Du jour où celui-ci, puisant d’entre les puissants, pose les yeux sur Ginger McKenna (Sharon Stone), laquelle va devenir son épouse, se dissémine autour de lui un poison dont n’existe pas d’antidote.

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Martin Scorsese ne s’y trompe pas en choisissant Sharon Stone dans le rôle de la mante religieuse. L’actrice apparaît instantanément comme l’une des femmes fatales les plus irrésistibles du cinéma. Cette fois, son ressort n’est pas seulement l’ambiguïté et la pure attraction érotique à l’image de Catherine Tramell dans "Basic Instinct" (Verhoeven, 1992) mais une véritable puissance démoniaque. Lorsque Ginger embrasse, cela sonne comme un baiser de la mort à la manière du "Parrain 2e partie" (Francis Ford Coppola, 1974).

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Cette domination latente du personnage, même atténuée par la vénalité ou la drogue, donne à voir Sam en roi Midas, en cela que même avec sa capacité de toujours tout changer en or, il ne finira jamais que seul et abandonné. Mentions spéciales pour les jeux de trahison shakespearienne entre les personnages (le monstrueux Nick Santoro porté par Joe Pesci, notamment) et pour quelques-uns des mouvements de caméra les plus inoubliables du septième art, à commencer par le travelling doublé d’un zoom sur Sharon Stone lançant les dés sur le tapis du casino. Rien ne va plus, le sort en est jeté.

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Enfin, notons que cette histoire d’amour tragique qu’est "Casino" apparaît (avec "Showgirls" de Verhoeven, par exemple) comme l’un des pieds de nez les plus virtuoses fait au rêve américain. Ne reste bientôt de ce Las Vegas clinquant, dernier vestige malade la conquête de l’Ouest, qu’un cauchemar autodestructeur.

Le Loup de Wall Street (2013)

Remake totalement halluciné (et transposé dans l’univers boursier) des "Affranchis", "Le Loup de Wall Street" dynamite tout ce que le cinéma de Scorsese retenait jusqu’alors. L’ironie, la farce, les passions… tout explose ici et c’est virtuose.

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Que deviennent les bandits à l’heure des décennies eighties et nineties ? Ils se lancent dans la finance et le trading, semble affirmer Martin Scorsese dans "Le Loup de Wall Street". Il n’est d’ailleurs pas incohérent de voir en Jordan Belfort (figure qui existe réellement et qu’incarne ici Leonardo DiCaprio) la version bling-bling et totalement absurde des gangsters scorsésiens habituels. Pendant trois heures, l’Américain nous entraîne dans une histoire comme il en a le secret : la trajectoire d’un personnage qui part de rien, décroche le Graal pour enfin retomber plus bas que terre. Mais à la différence de ses prédécesseurs et successeur ("Raging Bull", "Les affranchis", "Casino" et "The Irishman"), c’est la folie qui domine tout cette fois. Car le fait que "Le Loup de Wall Street" constitue le film le plus barjo de Martin Scorsese, même loin devant les délires noctambules d’"After Hours" (1985), ne fait pas de doute. Sexe, drogues, distorsions illuminées de la réalité… tout cela constitue pour le metteur en scène un moyen de révéler comment le microcosme de la finance emmène ses rois et sbires dans des contrées où plus aucun repère ne permet de distinguer le fantasme du réel (l’analogie avec "American Psycho" est d’ailleurs possible).

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À ce petit jeu de bête féroce et désinhibée par l’illusion du pouvoir, Leonardo DiCaprio excelle dans un exercice haut en couleurs tantôt hanté et hystérique, tantôt frisant la démence. Cache-cache avec le FBI, argent, drogues, relations sociales… tout le quotidien des personnages finit progressivement aliéné et rongé par la virtualité. Brillant, jubilatoire et à mourir de rire ou d’angoisse, le résultat tient du chef d’œuvre. De Jonah Hill à Matthew McConaughey en passant par Margot Robbie et Jean Dujardin, le casting est quant à lui tout aussi brillant. Mention spéciale pour les monologues prodigieux de Jordan et pour la séquence de son déclin, amorcée à grand renfort de « ludes », drogues dont l’effet ne se fait ressentir qu’à retardement. Cette fresque fiévreuse et à la narration polyphonique ultra maîtrisée est vraiment ébouriffante.

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The Irishman (2019)

À l’image de "Rolling Thunder Revue", documentaire de Scorsese sur Dylan où la route devient le moteur de la tournée de concerts, c’est une sorte de road-movie qui procure à "The Irishman" son élan. Assis seul dans sa maison de retraite, Sheeran se souvient des trahisons et des machinations politiques et c’est passionnant.

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Frank Sheeran (De Niro) est l’homme à tout faire du célèbre syndicaliste Jimmy Hoffa et Scorsese nous en dresse un portrait acerbe, jusqu’à faire de lui le moteur de l’un de ses contes moraux les plus réussis. Sous ses faux airs de pot-pourri qui passerait presque pour anodin dans l’éminente filmographie du vénérable Scorsese, "The Irishman" cache un grand film. Il faut faire abstraction du parrainage Netflix – le film était en projet au moins depuis 2008 – et du rythme moins syncopé qu’à l’accoutumée pour mieux apprécier la construction subtile. Si les De Niro, Pesci et Keitel, les vieux potes du cinéaste, sont ici tous réunis (qui plus est avec Pacino qui effectue son baptême chez Scorsese), les choses ont changé : le temps a fait son œuvre et c’est d’ailleurs le sujet principal du film. Tout en se faisant fort de synthétiser tous les grigris du metteur en scène (gloire et décadence, New York, grand banditisme…), c’est donc la vieillesse qui s’avère le maître mot de "The Irishman". Certes, un tour de passe-passe numérique assez bluffant s’applique à rajeunir les héros, mais rien n’y fait : persiste toujours ce regard des acteurs qui ne peut mentir sur l’âge.

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Qu’il s’agisse du tempo général de l’intrigue ou du centre de gravité des protagonistes, comme lestés par la vieillesse, le film s’offre comme une sorte de réflexion testamentaire. Le spectateur lui aussi, face à cette méditation autour du déclin physique et mental, est tenu de faire le deuil de la vivacité des œuvres passées. La filiation ratée, l’amitié mise à mal… Scorsese n’avait certainement jamais glissé autant de tristesse dans l’un de ses films. Si tant est que l’on prenne le temps de l’analyser et de la décortiquer, cette fresque sur la fourberie et la déloyauté a de quoi éblouir. Pas sûr que Frank Sheeran, seul dans sa piteuse maison de retraite à égrainer les remords, ne se rachète un jour de ses fautes. Mention spéciale pour les deux plans ouvrant et clôturant le film, superbes et touchants.

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