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3 raisons de regarder "Madame Claude" sur Netflix

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Il convient d’évacuer quelques attentes ou malentendus auxquels "Madame Claude" ne saurait tout à fait répondre ou obéir : celui de dresser le portrait réaliste d’une maison close dans les années 1960-70 ou d’être un biopic fidèle retraçant la vie de Fernande Grudet, célèbre proxénète plus connue sous le nom de « Madame Claude ». Car si le film, de par son atmosphère et sa thématique, bénéficie d’un soin tout particulier dans sa retranscription de l’aura d’une époque et à travers son aperçu de celle qu’a pu être la carnassière Fernande Grudet, l’enjeu est davantage à trouver dans l’univers codifié du film noir que dans un quelconque effet de réel. Matrone, truands, policiers corrompus, call-girls, hommes politiques (avec un casting luxueux de Karole Rocher à Pierre Deladonchamps en passant par Hafzia Herzy, Roschdy Zem et Paul Hamy)… l’espace de "Madame Claude" est pris dans un engrenage de pouvoirs où la mort (ou à défaut la déchéance) n’est jamais loin. Peu importe la rigueur du déroulé historique, c’est dans son jeu d’influence et d’autorité, dans ses antichambres et ses salons aussi cossus que lugubres, que se joue le long-métrage.

Ici, le principe ne consiste pas seulement à réaliser un état des lieux critique de la prostitution, du système phallocratique, des collusions politiques ou de la corruption. Il s’agit plutôt d’utiliser chacun de ces éléments comme l’ingrédient secondaire d’une intrigue paranoïaque pointilliste, plus romanesque (et riche de péripéties inhérentes au thriller) que documentaire. Un peu à la manière de son film précédent, "Sex Doll" (2016), mais avec nettement plus de finesse et moins de poncifs, la réalisatrice Sylvie Verheyde explore l’attrait que suscite le milieu de la prostitution dans l’imaginaire collectif : sans surprise sa charge érotique et mystérieuse, d’une part, et surtout sa propension à télescoper et arrimer les sphères du banditisme, des puissants intouchables et de leurs règles. Sans jamais prétendre mettre en scène une radiographie minutieuse, la réalisatrice dépeint les arcanes d’un lupanar pour nantis comme la pierre de touche de tout un système où se mêlent paradoxalement le vice, l’immoralité et la douceur. Son regard assez sensible se place bien sûr du côté des femmes opprimées, et ce, dans une optique qui n’est pas sans rappeler « me too » - « tous les hommes nous traitent comme des putes, j’ai donc décidé d’être la reine des putes », ironise « Madame Claude ». Reste qu’on ne se situe pas non plus au sein d’un système résolument pamphlétaire : la condamnation du dispositif d’avilissement s’arrête là où commence la fiction.

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Sorte de figure de proue inflexible d’un opulent galion sans destination, « Madame Claude » régente d’une main de fer son petit monde du sexe tarifé, où le stupre et l’injustice se cachent systématiquement derrière le raffinement du luxe. Exception faite de quelques prostituées qu’elle considère comme ses filles, à l’image par exemple de Sidonie (Garance Marillier), la maîtresse du 32 rue de Boulainvilliers dans le 16e à Paris règne avec un aplomb olympien et toujours tranchant sur ses innombrables putains, quitte parfois à les envoyer dans un odieux guêpier. Comme dans les films de mafia, le contexte est trouble : les clients s’avèrent bien souvent des hauts dignitaires inattaquables et parfois ignobles. Afin de préserver leur honneur, la police des mœurs accorde à « Madame Claude » de poursuivre son business pour un temps. Mais la fin de l’âge d’or du proxénétisme semble imminente à l’heure de Georges Pompidou. Les coups bas sont légion et chaque décision d’un camp ou de l’autre prend des allures de partie d’échec. Au gré de ce perpétuel bras de fer, « Madame Claude », irréductible femme puissante dans un monde dominé par les hommes, peut se gargariser d’asseoir à sa façon son empire sur ses adversaires, le tout au rythme d’une savoureuse BO.

Curieusement, parmi toutes ces filles perdues en quête d’une rédemption évidemment impossible à atteindre, « Madame Claude » apparaît comme l’une des figures les plus condamnées. Sous ses faux airs de générale impitoyable, la maquerelle incarnée avec brio par Karole Rocher exsude une tendresse qu’elle escamote sous son intransigeance. D’une mauvaise foi abyssale, toujours à la fois glacial, désespéré et attachant, le personnage hante le film mais tel un monstre bienveillant. Qu’importe que la cinéaste Sylvie Verheyde enjolive vraisemblablement son rôle pour faire poindre, derrière le film noir, le mélodrame avec plus de force, le résultat est parfois passionnant. Dommage que l’intrigue, aux frontières du film policier et de gangsters, finisse un peu trop délayée entre les différentes trajectoires des protagonistes. Mention spéciale pour la séquence de vacances, paradis dont la nature éphémère rend la fatalité prochaine – le retour au bordel – d’autant plus insoutenable.

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