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Ben H.Winters sur le grill de Bepolar

Bepolar : Pouvez-vous nous raconter comment est né ce roman ?
Ben H.Winters : J’ai imaginé une histoire dans laquelle l’esclavage existait encore aujourd’hui aux Etats-Unis avec un personnage qui a été capturé et embauché par le gouvernent pour chasser à son tour des esclaves.
C’est une uchronie. Je m’intéressais à la question des violences policières envers la communauté noire aux Etats-Unis et à un certain nombre de questions contemporaines comme de l’obsession et de l’héritage de l’esclavage qui restent toujours d’actualité.

Bepolar : Votre héros, Victor est un personnage torturé. Est-ce qu’il était difficile de s’incarner, d’imaginer un homme en train de chasser d’autres hommes alors que lui-même est un ancien esclave ?
Ben H.Winters : C’est effectivement toujours difficile d’imaginer un personnage dont le passé et l’histoire sont très différents des miens, mais en même temps c’est ce qui fait le défi et c’est ce qui est intéressant. Victor lui-même essaye au maximum de ne pas s’interroger sur ce qu’il est en train de faire, de savoir si ce qu’il fait est juste ou injuste, bon ou mauvais. Je voulais faire comprendre qu’il y a du bon en lui et qu’il essaye de se censurer pour arriver à mener a bien sa mission.

Bepolar : Les sentiments de Victor refond surface, il est obligé de tout verrouiller pour avancer ?
Ben H.Winters : Effectivement toute sa vie et ses souvenirs sont remplies d’expériences brutales, horribles, terribles qu’il essaye de repousser et de rejeter. Mais dans le livre, il est à la recherche d’un enfant qui le hante et il ne peut plus laisser son passé et lui-même être dissimulés.

La ségrégation raciale a survécu à la Guerre de Sécession

Bepolar : Underground Airlines nous plonge dans l’histoire américaine de la guerre civile, vous présentez une guerre civile revisitée, avez-vous du faire beaucoup de recherche pour le contexte de votre roman ?
Ben H.Winters : Oui j’ai beaucoup lu sur l’histoire de la Guerre de Sécession, mais aussi sur la période qui lui a succédé. La ségrégation raciale a survécu à la guerre. Et puis j’ai lu aussi beaucoup de choses sur la société américaine contemporaine, que ce soit des livres d’histoires, des romans, des autobiographies, des mémoires etc, tout ce qui influence encore aujourd’hui la question du racisme aux Etats-unis. Les américains ne réalisent pas toujours l’importance et la persistance de cet héritage.

Même si l’esclavage a été aboli en 1863, il reste encore que ce soit dans les institutions, dans les attitudes, dans les regards que l’on peut porter sur les personnes qui ont la peau noire, des conséquences de cette période là. Tout ça n’a pas disparu. Des personnes noires américaines peuvent en témoigner. Beaucoup de personnes blanches se voilent la face, elles n’ont pas envie d’affronter ou de reconnaître cette question.

Bepolar : Aux Etat-Unis aujourd’hui est ce qu’il reste un clivage nord sud ?
Ben H.Winters : Pas vraiment mais il existe quand même dans certaines régions du sud une nostalgie un peu terrible pour les confédérés. On la trouve aussi cette nostalgie dans des villes du nord célébrant les généraux confédérés comme des héros alors qu’ils ont luttés et créés une guerre contre leur propre pays. On ferait mieux de les condamner. C’est un virus qui contamine le monde entier, qui se propage, l’idée de la haine, de la peur de celui qui est différent.

J’ai essayé de mentionner, de conseiller des auteurs noirs et de questionner sur l’absence de visibilité des personnes noires dans le domaine de la littérature et des médias.

Bepolar : Vous abordez la question de l’esclavage tout en étant un auteur blanc. Comment vous le percevez ?
Ben H.Winters : A partir du moment où on crée un personnage qui n’est pas nous et qui a donc une identité différente, en l’occurrence ici un personnage noir, on fait beaucoup de recherches. J’ai beaucoup travaillé et beaucoup lu sur des récits afro-américains, sur ce qu’était la vie teintée de racisme pendant la période de l’esclavage. Aujourd’hui encore dans les romans, les pièces de théâtres ou la musique, les esclaves qui sont représentés sont des stéréotypes, des lieux communs et je n’avais pas envie de faire ça.

Certains auteurs vont vous dire que l’on est tout à fait libre d’écrire sur un personnage noir, en étant blanc ou d’écrire sur un personnage homosexuel en étant hétérosexuel, sur une femme en étant un homme. Je suis d’accord et je crois même qu’il faut encourager cette démarche là. On doit pouvoir le faire, mais la difficulté c’est qu’on a une responsabilité : celle de ne pas être un connard.

Bepolar : Pensez vous que vous auriez eu moins de visibilité si vous étiez un auteur noir ?
Ben H.Winters : Au moment où j’ai écrit mon roman, j’anticipais un peu les objections qui pourraient être portées contre mon projet, celui d’être auteur blanc qui écrit sur un personnage noir. Or les véritables critiques étaient plutôt sur cette question de visibilité. On me reprochait de vouloir me mettre en avant dans les journaux, d’être interrogé, d’être lu. C’était une question très intéressante sur la visibilité d’un auteur blanc alors que d’autres auteurs noirs mériteraient aussi d’être lu. Plutôt que d’être sur la défensive, j’ai essayé de mentionner, de conseiller des auteurs noirs et de questionner sur l’absence de visibilité des personnes noires dans le domaine de la littérature et des médias.

Pour Underground Airlines je savais que je voulais parler du racisme.

Bepolar : Pensez vous que les personnes noires sont plus représentées dans le domaine du cinéma que dans celui de la littérature ?
Ben H.Winters : Non je ne suis pas d’accord. Dans la littérature, le monde de l’édition est principalement blanc. Lorsqu’ils reçoivent des manuscrits l’expérience proposée, le style d’écriture est quelque chose à laquelle ils sont plus familiers, d’où cette discrimination.

C’est vrai que dans le cinéma, des luttes sont en cours pour donner plus de place à des producteurs, des réalisateurs et des acteurs noirs. C’est un aspect important dans toutes les sphères de la vie américaine aujourd’hui.

Bepolar : Dans vos deux romans il y a une grande résonance sociale actuelle, est-ce que le côté militant est très important pour vous ?
Ben H.Winters : Ce n’est pas le cas pour mon roman "Dernier meurtre avant la fin du monde" ou c’était accidentel. Alors que pour Underground Airlines je savais que je voulais parler du racisme.

Bepolar : Avez-vous de nouveaux projets ou des projets en cours ?
Ben H.Winters : Mon nouveau roman va paraître en janvier aux Etats Unis, il s’appelle « Golden States » il traite de la question "mais que se passerait-il si le concept de vérité n’existe plus, si on ne croit plus en rien ? " et je travaille aussi sur un nouveau roman.

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