Cette nouvelle série scandinave, inspirée des livres du romancier Jógvan Isaksen, est également la toute première qui est produite aux îles Féroé. Et l’on aurait aimé la valider, d’autant que son pitch s’avère potentiellement intéressant, même l’hybridation entre drame personnel et machination collective ne le rend pas spécialement insolite.

Hélas, le polar se fond dans un décor de mystère et de beauté sauvage qui semble lui dispenser le moindre effort de mise en scène et d’incarnation fictionnelle. Comme s’il suffisait de multiplier les vues aériennes sur des routes tracées à flanc de montagne pour que l’imagination se contente d’une ambiance induite par des reliefs sinueux.

Or, si l’œil admire plus que de raison les superbes montagnes des îles Féroé, c’est bien parce que le rythme du récit ne s’accorde pas à son contenu, qui devrait envisager des personnages haletants, émus, impactés par des situations anxiogènes et nous mobiliseraient alors, les situations privilégiées étant potentiellement saisissantes, tout le monde ayant quelque chose à cacher.

D’où vient que la disparition de la jeune militante Sonja, une militante anti-chasse à la baleine, partie sur les traces de son compagnon de lutte accidenté, ne nous intéresse pas comme elle le devrait ? D’où vient que l’enquête menée par un journaliste d’investigation et une inspectrice acharnée ne nous projette pas dans le tourbillon des découvertes, des rebondissements placés sur un épineux chemin, où le militantisme écologique croise la corruption politique et les secrets de famille ?

Un homme et une femme menaient des investigations très risquées sur un vaste réseaux de malveillances. Leur neutralisation rapide ouvre un vaste champ d’hypothèses. Mais la réalisation atone nous impose deux protagonistes aussi neutres que possibles, alors que des enjeux affectifs devraient leur insuffler l’énergie dont il manque. Et rien ne vient perturber cette intrigue, que ses enjeux, pourtant d’une urgente actualité, ne parviennent pas à rendre passionnante.