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P.D. James, la nouvelle baronne du crime

Pour les plus jeunes d’entre vous, P.D. James n’évoque peut-être plus grand-chose, si ce n’est un nom parfois vu dans les rayons des libraires. L’auteur britannique dominait pourtant de manière incontestée, avec sa compatriote et amie Ruth Rendell, le palmarès des meilleures ventes de polar durant les années 1970 et 1980, poursuivant le long règne des Anglaises sur le genre.

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Écrivain de polar "classique", plutôt conservatrice, (elle fut élue à la Chambre des Lords sur le banc des "Tories"), le parcours de Phyllis Dorothy James n’en est pas moins passionnant et symptomatique de son époque.

Pur produit de la méritocratie et de la tradition britannique, née à Oxford et ayant brillamment étudiée à la Cambridge High School for Girls, James est un exemple vivant de volonté et d’abnégation, au service des valeurs de "l’Angleterre éternelle". Son père la contraint à arrêter ses études à 16 ans, malgré d’excellents résultats, car il jugeait que cela n’était ni convenable ni nécessaire à sa future vie d’épouse.

Les épreuves vont forger ce bout de femme surprenante à bien des égards, féministe par l’engagement bien plus que par les idées ou les écrits. Rapidement mariée (en 1941, à 21 ans) puis mère de famille, c’est la défaillance de son mari, un homme engagé dans le service médical de la Royal Army et rentré traumatisé des Indes, qui vont la pousser à l’action, dans la vie professionnelle par nécessité puis comme écrivain, par envie longtemps réfrénée.

D’abord modeste employée de bureau à l’hôpital, elle suit des cours du soir pour gravir un à un les échelons de l’administration médicale, si bien qu’elle administre dès 1949 cinq cliniques psychiatriques dépendant du ministère de la Santé. Ses premiers succès littéraires dans le polar vont la pousser à passer les concours du fameux Home Office britannique (Ministère de l’Intérieur) où elle exercera pendant 30 ans au sein de la Police Criminelle et particulièrement au département judiciaire, dirigeant le service de médecine légale.

Parallèlement à sa carrière professionnelle, suite de succès et d’honneurs acquis à force de travail, P.D. James a également siégé au conseil d’administration de la prestigieuse BBC, été partie prenante de la commission liturgique de l’Église d’Angleterre et bien sûr été membre influente puis doyenne de la société des auteurs britanniques. Un vrai concentré des plus grandes institutions anglaises !

Ses expériences vont bien évidemment nourrir ses fictions, conçues comme autant d’occasion de remettre de l’ordre dans une société perturbée par le crime. Que retenir, alors, de son œuvre ?

Tout d’abord que ce succès phénoménal n’est pas sorti de nulle part. James est d’une certaine façon l’héritière des grandes romancières anglaises, accommodée aux goûts de son époque. Admiratrice de Jane Austen, James lui a rendu hommage dans La Mort s’invite à Pemberley, un policier historique dont l’intrigue se situe dans la fameuse demeure de Pemberley, lieu central dans Orgueil et Préjugés. Intrigues ciselées, sens de la mise en scène et une attention très fine aux rapports entre les personnages et leur psychologie font d’elle une digne héritière.

Elle s’inscrit aussi dans la lignée des grandes reines du polar comme Agatha Christie et Dorothy L. Sayers avec son personnage d’Adam Dalgliesh un gentleman detective typique, d’une grande culture, poète à ses heures et surtout très patient, bien conscient que l’âme humaine est une matière malléable et que la culpabilité ronge même les esprits les plus corrompus, les poussant à l’inattention voire à la faute. Le « pacte de lecture » classique du roman policier est préservé : les lecteurs bénéficient des mêmes informations que l’enquêteur, c’est leur sens de l’analyse qui sont stimulés.

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Son apport propre au polar tient dans la modernité tirée de sa vie quotidienne : James apporte une grande crédibilité à ses enquêtes policières et un bon sens de la mise en scène. Adam Dalgliesh, enquêteur gravissant les échelons du Metropolitan Police Service du New Scotland Yard, est à la fois ancré dans le passé par ses goûts, ses valeurs et ses actes, mais cet homme qui pourrait nous paraître un peu vieux jeu a fait de son malheur (sa femme est morte en couche) une force au service de la justice. A cet égard, il est un miroir assez intéressant de son créateur.

Couverte d’honneur mais jamais couronnée du Golden Dagger Award (elle dû se contenter de Silver Dagger Award en 1971, 1975 et 1986) James a néanmoins reçu le Grand Prix de littérature policière 1988 pour Un certain goût pour la mort, alors que sa carrière d’écrivain entrait dans son déclin et que de nouvelles voix se faisant entendre dans le polar. Elle est restée jusqu’à son décès en 2014 une star aux Etats-Unis, ses œuvres étant toutes des bestsellers.

Anoblie par la reine Elisabeth II en 1991 et faite baronne of Holland Park, P.D. James fait rentrer le polar dans son ère moderne, en s’appuyant sur des recettes anciennes et de la crédibilité.

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