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Et puis mourir... Jean-Luc Bizien nous parle de son nouveau roman !

Bepolar : Comment est née l’idée de ton roman Et puis mourir ?  
Jean-Luc Bizien : J’avais envie d’écrire un roman policier qui, pour une fois, mettrait en scène des flics d’aujourd’hui (ça ne m’était pas arrivé jusqu’ici, la seule expérience dans ce sens étant la série La Cour des miracles, chez 10/18, dont les personnages vivent au… 19ème siècle). Et puis je voulais rendre hommage à mon père. C’est chose faite, je crois – j’espère que le roman lui plaira.

Bepolar : Qu’est-ce qui t’a donné envie de mélanger le mouvement des gilets jaunes avec un polar ?
Jean-Luc Bizien :Ce fut plus un besoin qu’une envie. Quand des événements aussi forts secouent la société, quand des gens, pendant des mois, crient leur besoin d’être aidés, entendus, il est difficile – voire impossible – de passer à côté. Les écrivains sont là pour ça, je crois : s’intéresser à la vie, au monde qui nous entoure, pour proposer des histoires qui invitent à se poser les bonnes questions. J’ai donc imaginé une histoire en parallèle à ces mouvements : les gilets jaunes sont là, on ne peut pas les ignorer, mais il y a aussi cette histoire. Qui renvoie quand même aux gilets jaunes, avec d’autres gens certes, mais tout autant de cris de détresse qui se perdent dans la tourmente.

Bepolar : Est-ce que c’est confortable d’écrire sur un mouvement aussi mouvant que celui-ci, sur fond de contestation sociale ?
Jean-Luc Bizien :Non, bien entendu. C’est un tantinet risqué, parce que le sujet est si sensible que chacun en a une perception très personnelle, en fonction de son vécu, de son éducation, de ses valeurs… Au vrai, c’est même un sujet franchement casse-gueule, parce qu’on tombe vite dans la caricature, l’outrance ou – pire encore à mes yeux ! – le prêchi-prêcha, qu’il aille dans un sens ou l’autre.
Pour éviter le faux-pas, j’ai choisi de m’en tenir aux faits, de raconter ce que j’ai vu, ce qui a été établi. J’ai revu des reportages, relu des articles, je me suis repassé des images jusqu’au vertige, pour essayer de n’en retenir que l’essentiel. Je ne porte pas de jugement. Je fais confiance aux lectrices et aux lecteurs pour s’approprier l’histoire et s’en faire une idée juste.
La difficulté, dans cet exercice, c’est d’être documenté, rigoureux, sans pour autant que l’aspect didactique prenne le pouvoir sur le récit. Les lecteurs n’ont pas envie d’un cour magistral rébarbatif ou lénifiant. Ils veulent une histoire, qui puisse éventuellement les faire réfléchir au fil des pages, puis quand ils ont reposé le livre.
C’est ainsi que je conçois mon métier, que j’écrive pour la jeunesse ou pour les adultes.
J’ai appris à faire confiance aux lecteurs.

Bepolar : C’est un roman qui se déroule à Paris, ville que tu as déjà mise en scène dans différentes histoires. Quel lien as-tu avec la capitale ?
Jean-Luc Bizien :Un lien d’amour-haine, je crois. J’ai adoré cette ville, j’y ai vécu pendant des années. Je l’ai détesté à un moment et je suis retombé en amour. La vérité, c’est que je la trouve sublime. j’aime m’y promener, marcher au hasard, arpenter les quais, lever le nez, découvrir de nouveaux détails architecturaux. J’aime ses vibrations, ses lumières, ses monuments. J’adore cette possibilité inouïe de trouver un lieu ouvert à toute heure du jour ou de la nuit (certes, moins depuis l’épisode de la covid, mais ça reviendra)…
Hélas, Paris c’est aussi une ville qui rend fou. Agressif. Paranoïaque.
Un jour, après presque 15 ans de vie trépidante, j’en ai eu assez d’être bousculé dans le métro et sur les trottoirs.
On m’a agressé, violemment, une fois de trop. Dans le métro.
Et j’ai mal réagi.
J’ai envoyé voler l’agresseur au milieu du quai , avec la ferme intention, s’il revenait à la charge, de mettre à profit mes dix ans de rugby et mes quelques années de judo et de boxe française. Le gars a dû s’en rendre compte, il a changé de rame et il est allé embêter une autre victime.
Ce jour-là, je n’ai pas cessé de ruminer jusqu’à mon retour chez moi. Le soir-même, j’ai pris ma décision : j’ai déménagé quelques semaines plus tard et j’ai quitté Paris, d’abord pour la côte normande, puis pour la Corse.
Aujourd’hui, j’ai de nouveau plaisir à retrouver Paris. J’y reviens pour de courtes périodes, au gré de mes déplacements sur le continent. Je m’y pose entre deux salons du livre, entre deux avions. J’y retrouve des amis chers, des adresses fétiches.
Et quand je ferme les yeux, que j songe à Paris, ne reviennent que les bons moments. Ceux dont je m’inspire pour raconter mes histoires et – même quand je peuple ses rues de monstres ! – j’espère que l’on voit à quel point j’aime Paris.

Bepolar : Le roman sort le 30 septembre prochain. Comment vis-tu cette période des jours avant la sortie d’un nouveau livre ?  
Jean-Luc Bizien :Je suis en apnée, comme à chaque nouvelle parution. La parution d’un livre, c’st comme une bouteille à la mer.
On y a tout mis, on a fait le maximum… mais on sait à chaque fois qu’on a forcément oublié un ou deux détails.
À la veille d’une publication, je me sens comme ces jeunes gens en costume, qui dansent d’un pied sur l’autre sur le trottoir, un bouquet à la main, en attendant leur rendez-vous… sans être certain qu’il viendra.
Éditeur, correcteur, auteur, chacun a fait tout ce qu’il a pu et c’est fini, c’est trop tard. Le sort est jeté. On n’a plus qu’à croiser les doigts pour que tous ces efforts ne soient pas vains, pour que les lecteurs soient au rendez-vous et, par-dessus tout… pour qu’ils ne soient pas déçus par leur lecture.

Bepolar : Quels sont tes projets, sur quoi travailles-tu ?  
Jean-Luc Bizien :Je travaille beaucoup en ce moment et j’ai de nombreux projets, tous plus excitants les uns que les autres : un thriller en collaboration, une série de thrillers historiques, un roman noir, des albums jeunesse… et puis un jeu de rôle et les romans qui lui seront dédiés, ainsi que la renaissance d’une série écrite il y a quelques années sous pseudonyme, mais qui me tient à cœur. Une série où l’on retrouve l’un des protagonistes des VEILLEURS, justement.

Bepolar : Quelles sont tes prochaines dédicaces ?  
Jean-Luc Bizien :Hélas, avec le virus toujours actif il est compliqué de participer à des festivals. J’admire les libraires et les organisateurs de salon qui ne baissent pas les bras et je leur apporte tout mon soutien !
Je serai donc (sous réserve d’annulation) en dédicace :
• Vendredi 2 octobre à la librairie Le Verbe du Soleil de Porto-Vecchio
• Samedi 10 et dimanche 11 octobre au festival de l’Imaginaire du Pays d’Aix « Autres Mondes » à Lambesc
• Les 31 octobre et 1er novembre, je serai à Bruxelles pour le festival Iris Noir
• Les 21 et 22 novembre ce sera « Noir sur la ville » à Lamballe
• Les 28 et 29 novembre au salon de Roquebrune-Cap-Martin

Galerie photos

  • Stéphane Furlan 22 février 2021
    Et puis mourir... Jean-Luc Bizien nous parle de son nouveau roman !

    Fin 2018, un tueur profite du chaos engendré par les manifestations des « gilets jaunes » pour commettre une série de crimes très ritualisés dans les beaux quartiers de Paris. En liant les codes du roman policier avec le plus grand mouvement social de ces dernières années, cette idée de départ me paraît lumineuse. Elle permet d’abord à l’auteur de nous immerger dans l’ambiance survoltée de ces samedis successifs, à tel point qu’on a parfois l’impression de se retrouver, en fin de journée, quand la majorité paisible s’est retirée, au beau milieu des affrontements, à devoir louvoyer entre les charges de CRS et les groupes de casseurs. Mais si Jean-Luc Bizien aborde peu l’aspect revendicatif et se garde bien de prendre parti, le sérieux avec lequel il traite ce sujet (et aussi le simple fait de l’avoir invité dans une fiction) favorise sa fixation dans la culture et contribue même, à son niveau, à renforcer son poids historique. En cela, il s’agit bien d’une œuvre engagée qui, et c’est le second point, en respectant les codes du polar, la plus populaire des littératures, permet à son sujet de s’accorder à sa forme d’expression (mais n’est-ce pas la définition de l’art ?) et offre ainsi à ses lecteurs la tension narrative qui va les pousser à enchaîner les pages jusqu’à la fin.

    Voilà pour le tableau d’ensemble. Qu’en est-il de l’histoire et des personnages qui la peuplent ?

    Dans une écriture limpide et efficace, Jean-Luc Bizien campe des figures attachantes en évitant les clichés du genre. Si le protagoniste principal, le commandant Le Guen, est bien divorcé, comme nombre de ses collègues, la noirceur de son métier n’a pas encore réussi à affecter sa santé mentale. Donc pas de problème avec l’alcool, juste une passion dévorante pour sa musique de prédilection, le rock de sa jeunesse. En résumé, il m’a été bien agréable de le prendre en filature. J’ai particulièrement apprécié son rapport à son second Agostini et surtout leur opposition dans le débat entre droit et justice. En choisissant de placer son code moral au-dessus de l’application stricte de la loi, Le Guen renforce son humanité et marche dans les pas d’un des personnages que j’affectionne le plus, Bernie Gunther. Les autres protagonistes de l’histoire, y compris le criminel en « gilet jaune », sont également très bien travaillés et crédibles.

    En alternant le point de vue de l’enquêteur avec celui de sa cible, Jean-Luc Bizien accepte de se priver de la tension dramatique liée à la question du dévoilement des crimes, mais il parvient malgré tout à se rattraper (et même mieux) en laissant en suspens les motivations du meurtrier (qui nous seront révélées avec parcimonie) et surtout la chute de ces destins qui devront bien, un jour, se croiser.

    Enfin, en tant qu’auteur, j’ai été particulièrement intéressé par le portrait du contexte policier et particulièrement par la description des méthodes de travail de ce groupe de la Crim. Les personnages abordent l’affaire avec professionnalisme. Les rôles sont clairement définis et, dans ce collectif, chacun maîtrise assez son domaine pour avancer sans attendre les directives de sa hiérarchie, Le Guen n’intervenant qu’en dernier ressort en assumant la fonction de chef d’orchestre. De quoi fissurer le mythe de l’enquêteur génial et solitaire (mais peut-être aussi celui de l’écrivain ?), tout en fournissant l’occasion d’inspirer certains cadres encore trop portés sur l’autoritarisme. En conclusion, cet important effort de documentation améliore l’immersion dans le récit en renforçant sa crédibilité. Alors, si vous ne savez pas quoi faire samedi prochain, vous pouvez toujours enfiler votre « gilet jaune » et rejoindre Paris sur votre canapé en compagnie de Le Guen et son équipe.

    https://noiraucarre.com/2021/01/19/et-puis-mourir-de-jean-luc-bizien-quand-la-litterature-populaire-rencontre-la-revolte-du-peuple/

  • 1001histoires 4 octobre 2020
    Et puis mourir... Jean-Luc Bizien nous parle de son nouveau roman !

    "Le sort est jeté. On n’a plus qu’à croiser les doigts pour que tous ces efforts ne soient pas vains, pour que les lecteurs soient au rendez-vous et, par-dessus tout… pour qu’ils ne soient pas déçus par leur lecture".
    Je ne doute pas que le lecteur sera là car Jean-Luc Bizien fait tout pour ses lecteurs. Là il place son récit avec les Gilets jaunes, il a reconnu un sujet délicat qu’il aborde habilement "m’en tenir aux faits ... Je fais confiance aux lectrices et aux lecteurs pour s’approprier l’histoire et s’en faire une idée juste". Le lecteur, encore satisfaire le lecteur.
    "J’ai appris à faire confiance aux lecteurs". Moi je fais confiance à Jean-Luc Bizien, avec lui l’émotion est toujours au rendez-vous, ses récits sont à la fois instructifs et distrayants, quel que soit le genre ( Histoire et polar, jeunesse, thriller ... ). Jean-Luc Bizien réussit tout ! Merci à lui, bravo d’être si attentif envers les autres et tout particulièrement envers ses lecteurs. A bientôt sur un salon, à Nemours peut-être.

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