Dans un univers de papier glacé, où la première scène est forcément un climax, Hypnotic se pose là, comme un objet dupliqué par les bons soins de créateurs respectueux, les yeux rivés sur un cahier des charges (on l’avait déjà constaté pour The Open House des mêmes cinéastes). Ainsi, le parcours scénaristique prévoira aussi qu’une jeune femme, impactée par une situation professionnelle insatisfaisante et une période sentimentale incertaine, tombera sous le joug d’un psy forcément charmant, rencontré dans une soirée, et qui l’aidera à surmonter ses traumatismes par l’intermédiaire d’une thérapie efficiente. Il est également programmé -ô surprise- que le praticien devienne rapidement le fantasme de sa patiente : dans les coordonnées du conservatisme, la fragilité féminine figure en abscisse et l’assurance masculine en ordonnée.

Mais pour catalyser la rencontre sur les bases d’une égalité artificiellement construite, le psy se livrera lui-même, oubliant la distance à laquelle il est astreint, tout en dévoilant, au fil de ses prêchi-prêcha, sa nature foncièrement ecclésiastique. Passons sur l’indigence des apophtegmes délivrés à son interlocutrice conquise - "si on se considère comme une victime, c’est notre choix", "nous pouvons laisser les difficultés nous définir", "nous pouvons accepter les fabuleuses capacités que la vie nous offre"-. Le stéréotype résonne parce qu’il est creux et le personnage qui lui sert d’enveloppe semble moins à son aise dans le thriller horrifique que dans le roman-photo, son vrai milieu naturel. Quand bien même le séduisant docteur serait un fieffé manipulateur, sa méchanceté ne se réduirait qu’à un mot écrit sur un synopsis.

Ces entités fantômes, vivant leur existence de poissons morts dans des appartements témoins, ont la mise en scène qu’ils méritent : leurs conversations insipides se dissolvent dans des champs-contrechamps paresseux, leurs rêves dialoguent avec la ringardise des flous artistiques, leur effroi noue un compagnonnage stupide avec les effets les plus éculés (cuts, jump scares, ralentis affectés, musique pompière). Bref, Hypnotic a tout du produit frelaté, dont la date de péremption est largement dépassée.