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L’interrogatoire de Robin Recht et Matthieu Angotti

Bepolar :Qu’est-ce qui vous a donné envie avec Matthieu Angotti d’adapter Le jardin du bossu de Franz Bartelt ?
Robin Recht : Il y a bien cinq ans, un ami m’a mis dans les mains « Le jardin du bossu » en me disant : « Tiens, tu prends ce bouquin et tu ne le poses pas dans un coin. Celui là, tu le lis. » Le soir même, j’ai commencé ma lecture pour la finir au petit matin… Un plaisir incroyable ! J’avais le sentiment que Franz Bartelt avait écrit son roman pour moi, comme s’il me connaissait intimement. Quelques années plus tard, je terminais mon adaptation de Conan et artistiquement j’avais envie de changer d’air. Je tournais autour de plusieurs idées qui ne me satisfaisaient pas. J’ai commencé alors à repenser au Jardin. Graphiquement, j’ai toujours eu une tendresse pour l’ambiance des vieux films français des années 50 ou 60, le dessin de Tardi, cette France un peu caricaturale de Gabin, Blier, Venturra… Au moment de proposer des projets à mon éditeur chez Delcourt, je lui parle donc du roman. Quelques jours plus tard, il me contacte, me dit qu’il l’avais lu et qu’il était tout a fait partant pour une adaptation en bande dessinée.

Bepolar :Comment avez-vous travaillé avec Matthieu Angotti ?
Robin Recht : Travailler avec Matthieu est la chose la plus simple et agréable du monde. Il est toujours à l’écoute de mes propositions ou suggestions sur les dialogues puis je le laisse faire ses choix. C’est la même chose pour la partie graphique, il propose librement puis il me laisse travailler. Il n’y a jamais de frictions ou de négociations. Nous nous faisons totalement confiance pour faire les bons choix pour le livre. Concrètement, j’écris un séquencier avec un découpage de l’album scène à scène et un court résumé pour chacune. A partir de là, Matthieu écrit les dialogues pour chaque scène puis je dessine le story board complet de l’album avant de commencer les planches proprement dites. Le seul moment ou nous sommes revenu sur le séquencier de départ, c’est pour les scènes de fin sur l’enquête des flics. On a senti qu’il manquait là des morceaux d’histoires. La fin change donc un peu de celle du roman dans son déroulé même si au fond notre adaptation raconte exactement la même chose.

Bepolar :Comment avez-vous procédé pour l’adaptation ? Qu’avez-vous gardé, notamment au niveau des dialogues ?
Matthieu Angotti : D’abord il faut reconnaître que le livre se prête très bien à l’adaptation : c’est une histoire racontée de manière super vivante, à la première personne, avec une unité de temps et de lieu, des rebondissements et des dialogues d’orfèvre. On pense d’ailleurs que ça pourrait tout à fait fonctionner en film ou en pièce de théâtre ! Pour ramener au format BD, on a essentiellement dû gommer la plupart des digressions et flashbacks dans les souvenirs du héros, et puis quelques scènes d’action, mais assez peu au final. On a aussi basculé le récit au présent. Pour les dialogues, notre parti pris était d’être le plus fidèle possible à l’écriture de Franz Bartelt, on a privilégié les reprises exactes, avec quelques ajustements quand la narration BD le nécessitait.

Bepolar :Et au niveau graphique, quels ont été vos choix pour mettre en image cette histoire ? On a lu vos albums sur Conan ou Elric, est-ce que c’est la même manière de travailler en noir et blanc ?
Robin Recht : Ce n’est pas la même façon de penser la narration mais pour chacun de mes livres, mon obsession c’est de me mettre complément au service de l’histoire. Dans mes choix de narration, de cadrage, de dessin ou d’encrage, je m’efforce de trouver le meilleur vocabulaire et la meilleure grammaire pour raconter une histoire qui m’a touchée. Je ne veux pas mettre le moindre ego ni plier l’histoire à ma personnalité, je souhaite simplement être à son service. Forcement, les choix sur Conan sont très différents de ceux pour La cage aux cons. Les besoins ne sont pas les mêmes, la place du lecteur non plus. Alors j’ai essayé de trouver ce qui convenait le mieux à la mythologie épique de l’un et à la truculence parfois glaçante de l’autre.

Le héros entretient un rapport ambivalent au luxe, à la richesse, au monde des nantis : un mélange de fascination pour le grand monde, les premiers de cordée, et de colère face à la violence de classe des puissants et à la vanité des apparences.

Bepolar :Parlez-nous un peu du personnage principal "séquestré" dans la maison d’un autre, un pilier de bistrot, mais avec des humanités et des "idées de gauche"... Comment le voyez-vous ?
Matthieu Angotti : On a flashé sur ce personnage. D’abord par son côté anti-héros, con et beau à la fois comme dirait l’autre, et tellement marrant. Ensuite parce que Bartelt l’a travaillé en profondeur, de sorte qu’il soit un miroir des lecteurs de 2020. Le héros entretient un rapport ambivalent au luxe, à la richesse, au monde des nantis : un mélange de fascination pour le grand monde, les premiers de cordée, et de colère face à la violence de classe des puissants et à la vanité des apparences. Mais ce n’est pas tout : il entretient aussi un rapport ambivalent à la misère, à ceux qui galèrent : un mélange de mépris pour les pauvre gens, dont il tient absolument à se distinguer, et d’élans de générosité, de solidarité incarnée par ses fameuses idées de gauche. N’est-on pas tous pris dans ces contradictions ?

Bepolar :Avez-vous eu contact avec Franz Bartelt ? Avez-vous travaillé avec lui ? Est-ce que vous savez s’il a aimé ?
Matthieu Angotti : On a eu plusieurs contacts avec Franz Bartelt, qui a été d’une extrême bienveillance. Nous n’avons pas travaillé avec lui car il nous a donné carte blanche ! Puis il a apprécié les premières planches et a eu des mots merveilleux en accueillant l’album fini. C’était un grand plaisir d’avoir ces quelques échanges, surtout partant de notre désir de grande fidélité à son œuvre.

Bepolar :Y’a-t-il d’autres livres que vous aimeriez adapter ?
Robin Recht : « Il y a trois bouquins qui trainent dans un coin de ma tête : «  Pop : 1280 » de Jim Thompson qui est sans doute mon polar préféré. « Martin Eden » de Jack London mais que je transposerai sans doute dans le présent si j’en faisais une bande dessinée. Et enfin, « La mort du roi Tsongor  » de Laurent Gaudé qui a malheureusement décliné l’idée quand je lui ai parlé d’une adaptation de son livre.

Bepolar :Le livre vient de sortir. Quels sont désormais vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ?
Robin Recht : Je travaille actuellement sur le célèbre Thorgal. L’éditeur de la série m’a fait l’honneur de me donner une carte blanche sur le personnage. Je viens de finir le story board de 100 pages et le livre devrait sortir en 2022.

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