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La Lune dans le caniveau de Jean-Jacques Beineix

Une pépite du polar !

C’est l’histoire d’une jeune femme, Loretta (Nastassja Kinski), victime d’un viol dans une impasse et qui va mettre fin à ses jours. Son frère, Gérard (Gérard Depardieu) fait serment de vengeance et s’engage dans une fuite en avant à la fois cauchemardesque et onirique, multipliant les rencontres avec des personnages patibulaires aux abords d’un port moite et inhospitalier.

Il serait facile de réduire La Lune dans le caniveau à un bel objet où tout serait vain par-delà l’esthétique. Pourtant, il faut aller plus loin et se plonger dans les arcanes du film pour en prendre la mesure, comprendre à quel point il s’agit là d’une ode à la liberté de création. Ou bien le regard du spectateur se montre rétif voire insensible à l’univers onirique de "La Lune dans le caniveau", et sous cet angle il risque peut-être de s’ennuyer pendant deux heures et quart. Ou alors au contraire, il accepte d’y croire et de se laisser happer par l’univers fantasmagorique serti par Jean-Jacques Beineix. Et là, sous cette perspective, le voyage s’avère grandiose, avec ses mouvements d’appareil virtuoses, ses couleurs psychédéliques et sa poésie spectrale. Mais pourquoi le long-métrage est-il culte et indispensable ?

Parce qu’il est adapté d’un roman de David Goodis
Évidemment, le matériau d’origine est pour le moins luxueux, Goodis oblige. Résultat, l’atmosphère du film, à la fois paranoïaque et opaque, doit ainsi beaucoup au roman. Mais Beineixne se contente pas d’adapter plutôt fidèlement le livre, il en fait autre chose, un parcours quasi expérimental parfois pas si éloigné du cinéma de Gaspar Noé. Bien sûr, les gardiens du temple les plus inconditionnels de l’écrivain risquent de crier au scandale compte tenu du fait que "La Lune dans le caniveau" prend aussi des libertés, notamment avec la fin du roman éponyme qui apparaît élaguée et allègrement modifiée. Ceci étant, la faute n’incombe pas à Beineix mais aux producteurs du film qui avaient remonté les rushes du cinéaste à leur façon, n’hésitant pas volontiers à couper un certain nombre de scènes. Et malheureusement, il n’existe pas de director’s cut. Gageons que la version souhaitée initialement par Beineix sorte un jour.

Parce que Gérard Depardieu, Nastassja Kinski… et même Victoria Abril
Oui, « La Lune dans le caniveau » vaut aussi pour son casting. Dans le rôle principal, Gérard Depardieu, en blond rocailleux tantôt délicat, tantôt inclassable, se fond dans son personnage comme un caméléon. Cheveux courts, t-shirt, gouaille de frenchie… le protagoniste refoule une brutalité latente sous une tristesse non feinte – le réalisateur Leos Carax se souviendra de ce rôle pour penser celui de Guillaume Depardieu dans « Pola X » (1999). Si l’envoûtante Nastassja Kinski semblerait presque un peu trop éthérée, en dehors de sa sensualité débordante et de son aura magnétique, Victoria Abril ressort comme le personnage le plus touchant, toujours plein d’ardeur et de vibrations sensibles. Mention spéciale aussi pour Dominique Pinon, d’une rare intensité.

Pour sa photographie parfaite
Souvent virevoltante, la caméra arpente l’espace comme dans un rêve et c’est subjuguant. En matière de style, le long-métrage se situe quelque part au carrefour du Dario Argento de "L’Oiseau au plumage de cristal" (1970), du Francis Coppola de "Coup de cœur" (1981) – où figurait déjà Nastassja Kinski en figure de proue –, du Jean-Luc Godard de "Pierrot le fou" (1965), ou encore du Ridley Scott d’"Alien" (1979) et "Blade Runner" (1982). Ainsi, s’agissant du moins de la mise en scène et parfois même jusque dans l’horreur, "La Lune dans le caniveau" porte en lui toute l’emphase technique des eighties. Pas étonnant dès lors que les mouvements d’appareil soient à ce point aériens et au cordeau. Philippe Rousselot n’y est pas étranger. Directeur de la photographie de génie, ce dernier avait été déjà été mis à contribution par Beineix pour son film "Diva" en 1981. Collaborateur de Diane Kurys, Samuel Fuller, John Boorman ou, bien plus tard, de Guy Ritchie, le maestro produit une image d’une beauté sidérante dans "La Lune dans le caniveau", avec une approche très graphique façon BD.

Parce qu’il s’agit peut-être du meilleur Beineix
Et si « La Lune dans le caniveau » était simplement le meilleur film de Jean-Jacques Beineix ? Plus sombre et opératique que « Diva », parfois plus sensuel que « 37°2 le matin » (1986), plus inextricable que « Roselyne et les Lions » (1989), le néo polar mérite d’être redécouvert, apprécié à sa juste valeur, de même que son réalisateur, un peu oublié, réhabilité.

Galerie photos

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