Bepolar : Comment est née l’idée de ce roman ?

Vincent Villa : C’est une très vieille idée, en fait ! Il y a vingt ans, j’ai voulu me lancer dans l’écriture d’un roman, déjà. Une personne de mon entourage très proche avait été victime de violences conjugales. J’en étais révolté. En creusant le sujet, je me suis aperçu qu’il s’agissait d’un fléau dont ne parlait pas assez. J’en ai fait la thématique d’un roman légèrement sociétal, saupoudré d’un peu de suspense. Mon manuscrit n’a pas eu de succès auprès des maisons d’éditions et, pour plein de raisons, je n’ai pas persisté dans l’écriture. Et puis, il y a presque cinq ans, j’ai eu un déclic. L’envie de me remettre à inventer des histoires me démangeait depuis longtemps et je me suis fixé sur mon genre préféré : le polar, le thriller, le mélange des deux même. A partir du moment où j’ai eu le bonheur d’être publié avec Je mangerai ton cœur et Paradiction, il était évident pour moi que je m’attaquerais à nouveau à cette thématique, en l’élargissant aux violences faites aux femmes et en la modernisant avec les dérives des réseaux sociaux.

Bepolar : Votre roman est en prise avec l’actualité puisqu’il évoque les féminicides. Lilly est une jeune femme tuée par son ex-compagnon. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous confronter à ce sujet ?

Vincent Villa : Comme je viens de l’expliquer, # JE SUIS LILLY est le résultat d’un long cheminement. Je n’ai pas écrit ce roman par opportunisme en réaction à l’actualité, je le portais en moi depuis deux décennies. Sauf que, contrairement à ce que j’avais fait la première fois, j’ai traité ce sujet sous l’angle polar/thriller. Cela peut paraître périlleux, mais mon challenge était de divertir et dénoncer à la fois.

Bepolar : C’est évidemment un sujet pleinement d’actualité. D’abord comment l’avez-vous préparé ? Et est-ce que c’est difficile d’écrire sur une thématique qui est malheureusement très présente dans notre société ?

Vincent Villa : Je me suis toujours intéressé à ce sujet, les polémiques, les mesures prises, les revendications des associations… Donc j’ai eu très peu de travail de préparation, juste un peu de recherches pour me mettre à jour. Ensuite, l’écriture ne m’a pas posé de problèmes. Le sujet est difficile, évidemment, même douloureux. Mais c’est comme un cri que j’avais au fond de moi et que j’ai enfin pu sortir, naturellement.

Bepolar : Est-ce qu’on pourrait le qualifier de "thriller engagé" pour vous ?

Vincent Villa : Thriller très engagé, même ! C’était le but. Et c’est complètement assumé.

Bepolar : Il y a des scènes très dures, très violentes. Comment les utilisez-vous en tant qu’auteur ? L’idée c’est de capter pleinement l’attention des lecteurs et lectrices ?

Vincent Villa : Il y a quelques scènes très dures, en effet, notamment en ouverture, pour marquer les esprits chaque fois. J’ai essayé de trouver un équilibre. Il ne s’agissait pas de les multiplier gratuitement.

Bepolar : Vous avez une galerie de personnages passionnants. Comment les avez-vous travaillés ? Je pense notamment à Nina. Qui est-elle ?

Vincent Villa : Nina est une jeune boxeuse de haut niveau qui a perdu sa soeur, Lilly, victime d’un féminicide. Je suis journaliste sportif et j’avais envie d’introduire un soupçon de sport ; ça se prêtait bien à ce personnage de femme révoltée qui part à la recherche de l’assassin de sa sœur. Plus globalement, je voulais façonner des héroïnes bien ancrées dans notre société actuelle et qui en reflètent la diversité, à l’image des militantes féministes, également.

Bepolar : Qu’aimeriez-vous que vos lecteurs et lectrices retiennent une fois la dernière page tournée ?

Vincent Villa : Des émotions fortes et variées qui seront propres à chacun : empathie, colère, indignation, frissons....

Bepolar : Quels sont vos projets désormais ? Sur quoi travaillez-vous ?

Vincent Villa : J’ai déjà fini le prochain manuscrit, qui a trait à l’ADN. Je ne peux pas en dire plus. Et j’ai écrit le premier jet du suivant, où on retrouvera les principaux personnages de # JE SUIS LILLY . Pour tout vous avouer, je réfléchis même à celui d’encore après. Maintenant que je suis lancé, mon esprit ne s’arrête jamais !