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Trois bonnes raisons de (re)lire Caryl Férey

La Série noire (Gallimard) a eu la bonne idée de republier en ce mois de novembre 2020 une version enrichie du roman Paz, de Caryl Férey. Cette édition « augmentée » contient six textes originaux coécrits par Bertrand Cantat et Caryl Férey qui ont voyagé ensemble en Colombie, ainsi que sept chansons aux influences post-rock. Une bonne idée de cadeau pour les fans de l’auteur ou tout simplement les amateurs de bons polars. Et pour les budgets plus réduits, la version poche paraîtra en janvier 2021 chez Folio.

L’occasion pour nous de vous dire tout le bien qu’on pense de cet auteur, en trois bonnes raisons.

1. Parce qu’il fait partie des plus talentueux représentants de la relève du polar français
Sept. Ils ne sont que sept Français à avoir remporté le Grand prix des Lectrices de ELLE Policier depuis son instauration en 2002 : Fred Vargas (2002), Dominique Sylvain (2005) Marcus Malte (2008) Caryl Férey (2009) Ian Manook (2014) Oliver Norek (2017) et Franck Bouysse (2019). Sept nuances de polars, sept valeurs sûres très différentes mais assez représentatives des possibilités du genre. Alors oui, ce prix n’est certainement pas le plus pointu des nombreuses distinctions existantes, mais justement : c’est un excellent gage de qualité et une garantie de lecture agréable et populaire.

Ce n’est pas la moindre réussite de Caryl Férey : rendre attirants au plus grand monde des romans qui parlent d’Histoire, de fractures sociales, d’injustice, de pays lointains que ne connaissent - un peu et souvent qu’en surface - que des curieux et quelques voyageurs. Férey est assurément l’un des fers de lance de ces auteurs qui ont su réinventer le roman noir engagé dans la sphère francophone, un genre un peu perdu dans des combats idéologiques hérités de la Guerre froide.
Les messages que Férey fait passer sont d’autant plus efficaces qu’ils s’insèrent parfaitement dans la trame fictionnelle et qu’ils sont pourtant inspirés d’une réalité tangible et, souvent, terrible. Cela lui permet d’aller plus loin, de toucher plus large, d’être plus universel encore.

C’est l’une des qualités du polar que de pouvoir être, à certains égards, un héritier du roman social tel que l’envisageaient des Victor Hugo ou Emile Zola, transposé dans sa forme pour mieux épouser notre époque. Par son déni des frontières, quelles qu’elles soient, Férey interroge habilement et différemment l’humaine condition.

Ajoutons que les nombreux prix reçus pour Zulu en 2009, roman adapté au cinéma en 2013, ne doivent pas occulter les autres livres de l’auteur, eux aussi très souvent récompensés : prix SNCF du polar 2005 pour Utu, prix du meilleur polar de l’année du magazine Lire ou prix Landerneau polar en 2012 pour Mapuche, et on en passe !

2. Parce qu’il nous fait voyager intelligemment
Une Nouvelle-Zélande inattendue et métis dans Haka et Utu (avec un soupçon d’Australie), l’Afrique du sud post apartheid dans Zulu, l’Argentine qui panse les plaies de la dictature dans Mapuche, le Chili lui aussi façonné par un autocrate, Pinochet, dans Condor, la Colombie héritière des guerres civiles, des paramilitaires et des guérillas dans Paz : c’est à un véritable tour du monde que nous convie Caryl Férey.

A une nuance près, d’importance : il s’efforce de ne pas s’y comporter en voyageur, cet étranger qui contemple et abîme qu’honnissait l’anthropologue Claude Lévi-Strauss. Férey dit procéder en quatre étapes : tout d’abord se rendre dans le pays qu’il décrit, pour le contempler, s’en imprégner, avant de revenir et l’étudier de manière approfondie, dans ses dimensions historiques et sociales, pour mieux y retourner et y vivre le plus sincèrement possible, faire des rencontres. L’écriture n’est alors que l’ultime escale du voyage d’écriture, son aboutissement.
Cette démarche, quoi qu’on en juge, permet assurément d’ancrer ses romans dans le « réel » et surtout d’évoquer les soubresauts de la grande comme des petites histoires. S’il ne prétend pas faire œuvre d’historien, Férey est néanmoins une très bonne porte d’entrée, engagée, dans les conflits sous-jacents ou hérités qui agitent les pays qu’il décrit.

3. Parce qu’il est l’un des derniers écrivains rebelles du polar.
Rebelle, un paradoxe voire même une posture pour un écrivain qui a reçu l’honneur de tant de prix et qui fait souvent partie des listes de meilleures ventes ? Pas forcément. Qui a déjà pu parler ou côtoyer l’auteur en dédicace ou lors d’un salon sait que l’individu est souvent imprévisible et assurément libre, dans ses paroles comme dans ses actes. Un vent de fraîcheur et de spontanéité qui peut parfois agacer mais qui rappelle l’esprit libertaire et « mauvais genre » intimement lié au polar.

Nous, on trouverait ça vraiment dommage que ça disparaisse complètement…

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