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5 huis clos à voir pendant le confinement

Le cinéma, par essence, est déjà une histoire de huis clos de par son mode de réception. Cloitré dans une salle obscure ou dans un salon, lové dans un siège ou un canapé – idéalement –, le spectateur assiste au déroulement d’une intrigue, avec ses personnages confinés eux aussi dans un cadre, reclus dans l’espace du plan. Mais parfois, quelques metteurs en scène malicieux choisissent en plus de verrouiller littéralement leur histoire, en enfermant les personnages tout au long du film dans un environnement donné.

En matière de suspense, Hitchcockfut l’un des premiers à utiliser le dispositif : dans un canot de sauvetage dans "Lifeboat" (1944), ou encore dans un appartement dans "La Corde" (1948) et "Fenêtre sur cour" (1954). S’il s’avéra par la suite délicat de l’égaler, quelques cinéastes contribuèrent au moins à développer le genre, optant pour le minimalisme et l’économie de moyens. C’est le cas de Sidney Lumet, capable dans "Douze hommes en colère" (1957) de fasciner par la seule force des conversations dans une salle de délibérations. Le huis clos restera d’ailleurs pour le réalisateur une constante, de "La Colline des hommes perdus" (1965) à "Un après-midi de chien" (1976) en passant par "The Offence" (1973) et "Le Crime de l’Orient Express" (1974).

L’autre génie du huis clos à suspense n’est autre que Roman Polanski, lequel claquemure ses personnages dans la plupart de ses films : dans un voilier dans "Le Couteau dans l’eau" (1962), sur une presqu’île dans "Cul-de-sac" (1966), dans un appartement dans "Répulsion" (1965), "Rosemary’s Baby" (1968) et "Le Locataire" (1976), ou encore dans une maison dans "La Jeune Fille et la mort" (1994). Quant à Michael Haneke, il n’est pas en reste avec "Funny Games" (1997) et "Amour" (2012).

Du reste, on trouve du huis clos à toutes les sauces dans les thrillers : dans un hôpital psychiatrique avec "Vol au-dessus d’un nid de coucou" (1976), en haut d’un gratte-ciel dans "Piège de Cristal" (1988), sur une île dans "The Wicker Man" (1973) et "Shutter Island" (2010), dans un poste de police dans "Assaut" (1976), sur une île déserte dans "Battle Royale" (2000), dans une chambre de motel pourri avec "Bug" (2006) – Friedkinavait déjà fait le coup de la captivité avec "L’Exorciste" –, dans un chalet avec "Misery" (1990), dans une salle de bains insalubre dans "Saw" (2004), dans une cabine téléphonique dans "Phone Game" (2002), dans une maison isolée en Roumanie dans "Ils" (2006), dans un cercueil avec "Buried" (2010), sur un télésiège dans "Frozen" (2010), dans un abri anti-atomique dans "Panic Room" (2002), dans un hangar avec "Reservoir Dogs" (1992) – Tarantino reviendra au huis clos avec la cabane des "Huit Salopards" (2015) –, au sein d’une cellule en sous-sol dans "Split" (2017), dans un cockpit dans "7500" (2019), en mer dans "Dérive mortelle" (2006) – si seulement ils avaient pensé à dérouler l’échelle AVANT de sauter du bateau…

Et s’il fallait en retenir cinq ? Se trouverait alors fatalement parmi eux "Le Trou" (1960) de Jacques Becker, huis clos dans une cellule de prison, aride et éclatant, pratiquement aussi minéral que le cinéma de Robert Bresson. L’histoire suit Claude Gaspard, incarcéré à la prison de la Santé aux côtés de quatre détenus préparant leur évasion. Tout le suspense consiste à savoir si les acolytes parviendront à finir de creuser leur trou. Outre la fraternité et l’humanité folle se dégageant des personnages, on garde en mémoire son final suffocant. Chef d’œuvre.

Aussi emphatique soit-il, avec tous ses mouvements d’appareil virtuoses, "Snake Eyes" (1998) de Brian De Palma, mérite lui aussi sa place de ténor. Un coup de feu retentit dans le palais des sports d’Atlantic City et le lieu se transforme en tombeau dont on ne sort pas avant d’avoir élucidé le mystère. À cet effet, le flic corrompu Rick Santoro (Nicolas Cage, halluciné et hallucinant) arpente les espaces pour démêler le vrai du faux. En ressort un ballet vertigineux et claustro.

Chez Jeremy Saulnier, le papa de l’excellent "Blue Ruin" (2013), se cache une œuvre totalement régressive dont les protagonistes, membres d’un groupe de punk, se retrouvent prisonniers d’un bar lugubre infesté de skinheads, perdu dans l’Oregon : "Green Room" (2015). Pendant le concert du groupe, un meurtre a lieu. Problème : les rockeurs témoins doivent mourir et c’est un assaut insoutenable qui démarre. Comme dans "Assaut" de Carpenter, les méchants se ruent sur les héros, ici des jeunes musiciens qui tentent de résister, repliés qu’ils sont dans leur miteuse loge. Une œuvre aussi inouïe par sa violence que sa mise en scène.

Nul besoin d’être un chef d’œuvre pour briller, preuve en est "Mother !" (Aronofsky, 2017), relecture radicale et folle de "L’Ange exterminateur" (Buñuel, 1962). Avec pour point de départ et final une jolie demeure campagnarde isolée, le réalisateur de "Black Swan" (2011) tisse un délire visuel où tout ce qui tient de l’ordre finit trituré et déconstruit. À force de tension permanente, la paranoïa guette et chaque chose ou personnage semble suspect. Un des huis clos les plus inventifs et irréductibles.

Et pour finir dans le genre, "Climax" (Gaspar Noé, 2018), avec sa soirée sangria organisée dans une salle des fêtes perdue, ne démérite pas. Dans la même veine que le Aronofsky, le film présente une structure parfaite – ici des chorégraphies millimétrées et filmées avec un soin obsessionnel à la Kubrick –, avant de basculer vers un cataclysme tenant du massacre. Personnages, espaces… tout se distord et perd l’équilibre. Une expérience aussi amusante qu’effrayante, et assez prodigieuse dans son genre.

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