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L’interrogatoire de Carine Joaquim

Bepolar : C’est un roman autour du couple et de la famille, et d’un passage
difficile pour ses membres. Qu’aviez-vous envie de faire ? Comment est née l’idée de ce roman ?

Carine Joaquim : Il est difficile d’expliquer la genèse précise de ce roman sans dévoiler une partie essentielle de l’intrigue. Mon livre repose entre autres choses sur une sorte de retournement de situation, un changement de perspective que le lecteur va découvrir dans les dernières pages. Je ne peux pas en dire plus sans briser l’effet de surprise pour les lecteurs.
En réalité, ce qui m’intéressait au départ, c’était de montrer les mécanismes et les rouages qui aboutissent à des situations tragiques. Alors, à partir d’une situation bien précise, j’ai essayé de démêler les fils, de les dérouler pour suivre le cheminement de chacun des personnages jusqu’au dénouement.

Bepolar : C’est d’ailleurs votre premier roman, qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ?
Carine Joaquim : Ecrire, c’est une manière de regarder le monde, de l’appréhender et de le donner à voir, ensuite. Un peu comme les photographies qui, selon la sensibilité et le parti-pris de celui qui tient l’appareil, vont mettre l’accent sur des éléments particuliers, parfois des détails, que l’on ne remarque pas nécessairement lorsqu’au quotidien, l’œil balaie distraitement le décor.
Quand j’ai commencé à écrire, alors que j’étais très jeune, je ne me le formulais pas comme ça. C’était plutôt un élan, une pulsion, la certitude qu’il existait un monde de la fiction aux possibilités infinies, et que ce monde m’était accessible, à la fois par la lecture, qui a été l’élément déclencheur de cette découverte, mais aussi par l’écriture.

Bepolar : Comment pourriez-vous nous présenter les membres de cette famille, le trio ?
Carine Joaquim : C’est une famille banale. Elle pourrait habiter la maison d’à côté, ou celle d’en face. Elle est constituée de Stéphane et Elisabeth, les parents, et de leur fille adolescente, Maëva. Comme beaucoup de ménages parisiens, elle décide de déménager dans la couronne périurbaine, à trente kilomètres de Paris environ, pour accéder à davantage d’espace, de calme et de verdure. Pas si loin, mais suffisamment pour que le dépaysement soit réel. La petite commune de banlieue où ils arrivent a des airs de province, et c’est d’ailleurs ce qui horrifie l’adolescente, catastrophée à l’idée de vivre « à la campagne ».
Pour les parents, le changement de vie est un nouveau départ, une sorte de dernière chance pour leur couple, après des années d’un naufrage qui s’éternise.
On fait leur connaissance à ce moment-là de leur vie.

Bepolar : Vous explorez les fêlures de vos personnages, leurs doutes, leurs espoirs et leurs interrogations, aussi bien pour les parents que pour leur fille, Maëva. Comment avez-vous travaillé pour incarner ces trois personnages ?
Carine Joaquim : J’aime beaucoup observer une situation de l’extérieur, avec du recul, pour y pénétrer ensuite en adoptant le point de vue de chaque personnage.
En tant qu’enseignante, je travaille dans un milieu où je suis le témoin de situations sociales très diverses et complexes. A partir du comportement d’adolescents en souffrance, on met souvent le doigt sur des relations familiales douloureuses, parfois tragiques, et selon l’interlocuteur (le père, la mère, l’enfant), l’analyse est généralement différente.
C’est certainement ce lien quotidien avec les petits –et parfois les gros- drames qui traversent la société qui m’a permis de changer de point de vue assez facilement.

Bepolar : Est-ce que vous avez l’impression que c’est presque un roman social
sur certaines familles aujourd’hui ?

Carine Joaquim : Oui, bien sûr. La famille est une entité fragile et le ciment qui assure sa cohésion s’effrite bien souvent. J’espère que beaucoup de lecteurs sont plus heureux que les personnages du roman, mais le nombre de familles qui éclatent est suffisamment important pour que l’on réfléchisse à ce qui peut mener à cette dissolution. Le manque de communication, le fait que chacun, pressé par le quotidien et isolé dans son intériorité, cloisonne sa vie extra-familiale des relations intra-familiales, que la maison ne soit plus que l’endroit où l’on se croise plutôt qu’un vrai lieu de rassemblement et de partage, tout cela existe, crée de la frustration, sans que l’on comprenne forcément ses causes insidieuses.

Bepolar : Votre roman est dense d’émotions mais aussi de sujets différents que vous abordez. Est-ce que c’est facile d’écrire le mot fin sur une telle intrigue ?
Carine Joaquim : Non, et c’est la raison pour laquelle je ne l’écris pas. C’est difficile, c’est vrai, de laisser des personnages qui, au fil de l’écriture, sont devenus incroyablement vivants.
Je me plais à imaginer que les personnages d’un roman poursuivent leur existence après la dernière page. L’auteur, et le lecteur avec lui, cessent de les accompagner, mais leur aventure continue. Elle se poursuit dans l’imaginaire, mais aussi à travers l’écho que le réel nous renvoie.
Les thèmes qui sont abordés dans Nos corps étrangers sont divers mais ils sont partout autour de nous. On n’en fait pas un traitement approfondi et définitif dans un texte de fiction. En revanche, on espère, une fois qu’on les a montrés, que les lecteurs en verront le reflet partout autour d’eux, là où ils passaient peut-être inaperçus, et que cela suscitera une réflexion.

Bepolar : Quels sont vos projets désormais ? Sur quoi travaillez-vous ?
Carine Joaquim : Je continue à écrire, bien sûr. Je travaille sur un nouveau roman depuis environ un an, qui entrelace également plusieurs thèmes, mais qui s’articule autour de la paternité. Et je retravaille également un texte écrit il y a plusieurs années, pour le rendre plus conforme à ce que j’aspire à faire maintenant.

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