Une petite fille est le témoin d’une scène qu’elle n’aurait pas dû voir et qui va influencer toute son existence, d’autant que la séquence en question -un enlèvement d’enfant- demeure un véritabe mystère. S’il s’agissait d’un cold case, on pourrait dire qu’une enquête a eu lieu. Mais l’affaire ne semble intéresser personne et Abby devient la principale investigatrice de cette disparition qui acquiert la forme symbolique d’un parcours initiatique : résoudre le problème, c’est aussi exorciser l’événement traumatique. Un autre fait marquant se superpose au passé douloureux : la disparition d’une mère qui conduit la protagoniste et sa soeur à reprendre la gestion d’un vieux motel, sans être d’accord sur cet héritage. Petit à petit, les indices d’un récit filandreux se mettent en place : Abby découvre qu’il pourrait y avoir un lien entre le jeune garçon borgne qu’elle a vu dans la forêt, avant qu’il ne soit enlevé, et cet enfant dont un article de 1994 parle, fils d’un couple de magiciens, qui s’est inexplicablement évaporé dans la nature...

Entretemps, on apprend que l’héroïne a quelques tendances mythomanes. Dans ce contexte, qui croire ? Et que s’est-il réellement passé ? D’autres corps de jeunes garçons ont été découverts au pied des chutes du Niagara et il semble bien que les versions officielles accréditant plusieurs suicides ne constituent pas la vérité...

Densifié par l’excellente interprétation de Tuppence Middleton, ce thriller distille une ambiance dérangeante, dans une dominante de couleur froide, prenant le temps d’étirer les scènes pour faire durer le suspens. Si le motif de la magie s’avère un élément important, ce n’est pas un hasard. Il se pourrait bien que l’histoire nous dupe à la manière d’une illusion savamment organisée. En tout cas, on se laisse guider dans ce récit à tiroirs avec le plus grand des plaisirs.