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Petite histoire du polar au cinéma, épisode 8 – les modernes, les héritiers

Les tentatives du film de détectives à l’ère moderne

Vampirisé par le thriller, les films d’action et d’espionnage, les détectives trouvent davantage de successeurs parmi les séries télévisées (de Twin Peaks à True Detective en passant par Sherlock) qu’au cinéma. Pour preuve, même Sherlock Holmes est devenu depuis Sherlock Holmes (Guy Ritchie, 2009) et Sherlock Holmes : Jeu d’ombres (Guy Ritchie, 2011) un personnage de film d’action à la sauce buddy movie. Retenons cependant depuis le libidineux et brillant L’affaire Thomas Crown (Norman Jewison, 1968) : Mort sur le Nil (John Guillermin, 1978), Meurtre dans un jardin anglais (Peter Greenaway, 1982), Gosford Park (Robert Altman, 2002) ou le remake Thomas Crown (John McTiernan, 1999). Et laissons tout de même une place de choix au chef d’œuvre Sleepy Hollow (Tim Burton, 1999), qui grâce à l’enquêteur de génie Ichabod Crane et sous couvert de fantastique saupoudré de psychanalyse, réinsuffle un semblant de vie au sous-genre. Chose que réitèrent en 2002, certes avec moins d’ampleur, les frères Albert et Allen Hugues dans From Hell, relecture du mythe de Jack L’Éventreur d’après le roman graphique du génial Alan Moore.

[Le gialllo, pot-pourri prodigieux

Un cheminement parallèle et connexe, du côté de la série B mais néanmoins légitime, doit aussi être observé à travers le giallo, sous-genre du polar né en Italie. Mario Bava, Dario Argento, Lucio Fulci, Sergio Martino, Pupi Avati, voire même aujourd’hui le duo Hélène Cattet & Bruno Forzani… d’innombrables cinéastes – surtout italiens – ont adapté les fameux romans policiers à couverture jaune. Des ouvrages souvent pétris d’assassinats et d’histoires d’amour à la frontière de l’érotisme, et que toute une société s’arrachait pour exorciser ses tabous. En ont découlé des films plastiquement brillants – les éclairages, avec une couleur représentant allégoriquement chaque émotion, furent décisives - mais aux dénouements plutôt faibles. Il n’empêche qu’entre Le corps et le fouet (Mario Bava, 1966) et Amer (Hélène Cattet et Bruno Forzani, 2009), sans oublier Les Frissons de l’Angoisse (Dario Argento, 1977), le film de détectives aura poursuivi sa lancée en sourdine. L’occasion entre autres d’influencer un autre sous-genre : le slasher qui, des années 1980 aux années 2000, allait devenir le divertissement par excellence de nombreux adolescents en mal d’hémoglobine et de frissons.

L’héritage du film noir

De tous les sous-genres que compte le polar, le film noir apparaît comme celui ayant le mieux réussi à traverser les décennies. Plus radical et pessimiste que jamais depuis la fin de son âge d’or, celui-ci continue de peser durablement sur le cinéma d’auteur. Cette strate, Claude Chabrol l’aura arpenté sous forme de critique sociale jusqu’à la fin de sa vie, depuis Que la bête meure (1969) à Merci pour le chocolat (2000) en passant par Les noces rouges (1973) et La Cérémonie (1995).

Pendant ce temps, William Friedkin réalise French Connection (1971) et sa course-poursuite culte, puis subit les foudres de la bien-pensance avec La Chasse (1980), avant de revenir en 2011 avec le sans concession Killer Joe. Fleurons qui pour la plupart doivent beaucoup à toute une bande d’irréductibles : Don Siegel avec L’Inspecteur Harry (1971), Sam Peckinpah avec Guet-apens (1972), Richard Fleischer avec Les flics ne dorment pas la nuit (1972), Sidney Lumet avecSerpico (1973) etThe Offence (1973), ou encore Robert Altman avec Le Privé (1973).

Le crépuscule d’Hitchcock, l’avènement des disciples

En France, Alain Corneau signe dans cette catégorie les admirables Série noire (1979) et Le choix des armes (1981), tandis que Robert Bresson filme les derniers plans de sa carrière dans L’Argent (1983). Mais c’est comme depuis toujours les Américains qui dominent le film noir. Alors qu’Alfred Hitchcock tourne son dernier opus du genre en 1975, Complot de famille, la nouvelle génération et quelques vétérans prouvent l’universalité de la thématique. Brian de Palma réalise ainsi selon ce modèle les hitchcockiens Obsession (1976),Blow Out (1981), L’esprit de Caïn (1992), Femme fatale (2002), Le Dahlia Noir (2006) et Passion (2011).

Clint Eastwood, non content d’incarner à l’écran l’inspecteur réactionnaire le plus iconique de l’époque, met en scène les indispensables et sensibles Un monde parfait (1993) puis Mystic River (2003). Alors que David Lynch filme de son côté les intemporels Blue Velvet (1986) et Mulholland Drive (2001). Ou que les frères Coen y vont de leurs Sang pour sang (1984), Miller’s Crossing (1990), Fargo (1996) et The Barber (2001). Abel Ferrara et Werner Herzog, eux, se répondent à 18 ans d’intervalle respectivement avec Bad Lieutenant (1992) et [Bad Lieutenant : escale à la Nouvelle Orléans->339] (2010). Woody Allen scrute avec précision l’ascension tortueuse d’un prof de tennis parmi les dédales de la haute société dans Match Point (2005). Enfin, Paul Thomas Anderson s’illustre avec brio dans cet univers avec Inherent Vice (2014). Autant de films où les femmes fatales – venimeuses ou faussement pernicieuses – reprennent leur place dans la plus pure tradition d’antan. Mention spéciale à ce titre justement pour Mulholland Drive, Femme fatale, Le Dahla Noir, Killer Joe, Passion et Inherent Vice.

Des chefs de fil en Asie

Malgré la supériorité des États-Unis sur ce créneau, l’Asie n’a pas toujours à rougir. En Corée, le cinéaste Na Hong-jin a réalisé ces dernières années deux perles du genre : The Chaser (2008) et The Murderer (2011), et le Japonais Sono Sion notamment Cold Fish (2010). Tandis que les metteurs en scène chinois Lou Ye et Diao Yinan ont récemment rebattu les cartes avec respectivement Mystery (2012) et Black Coal (2014). L’histoire se poursuit, et le polar n’en a décidément pas terminé avec le septième art.

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