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Ecume - Patrick Dewdney

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Résumé :

Le fils se demande si aujourd’hui le père serait capable de regarder en arrière, et de se rendre compte du chemin qu’ils ont parcouru ensemble, vers les limites. Il ne le pense pas. Non, il ne pense pas que le père soit capable d’envisager quoi que ce soit qui n’ait pour finalité davantage de mer et de sel. Ce qui a été infligé en route est secondaire. Qu’ils finissent tous deux noyés, que les poissons éventrés hurlent en silence tandis qu’il leur arrache les organes un à un. Rien ne peut rivaliser avec l’immensité de l’eau ni le murmure de l’écume. Le déséquilibre est écrasant. A bord de La Gueuse, un navire de pêche vétuste, un père et son fils livrent une lutte quotidienne contre un océan mourant, charriant tour à tour poissons et réfugiés. La démence de l’un vient nourrir la solitude de l’autre. Fouettés par les embruns de l’Atlantique, deux mondes irréconciliables affrontent l’abysse.

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Vos #AvisPolar

  • Nicolas Elie 7 juillet 2017
    Ecume - Patrick Dewdney

    D’abord, il y a eu « Crocs ». Tu te rappelles ? Les trois clous plantés sur une croix… Je t’en reparle pas. Pas la peine, t’as qu’à le lire si tu l’as raté.

    « Écume », c’est le second roman de Patrick K. Dewdney chez Territori.

    Ce roman-là t’emmène sur les flots, dans un petit bateau, et celui-ci, il a pas d’ailes pour voler. Le petit bateau s’appelle « la gueuse », et lui aussi, après avoir fait le tour du monde, il revient chez lui. Tu liras pourquoi. Une gueuse, parfois, c’est une princesse déguisée.

    T’en connais aussi, toi, des pères et des fils qui se parlent pas trop ? T’en connais ?

    Alors ça va te rappeler quelque chose.

    Un père, et un fils.

    Il y a des écriveurs qui ont besoin de te présenter des personnages en pagaille, au point que parfois tu t’y perds un peu. Non, je déconne. Tu te perds pas parce que tu prends des notes. Dans « Écume », tu prendras pas de note. Pas besoin.

    Comment parler du vide entre les humains dans un roman noir ? Comment, par la grâce d’une petite fille dont tu ne parles pas la langue, l’espoir peut-il d’un seul coup se mettre à exister ? Toi, tu sais pas, mais Patrick, lui, il sait. Il fait partie de ces écrivains qui te balancent leurs tripes sur le clavier et qui t’empêchent de respirer. Alors tu tournes les pages, et tu te dis que tu vas lire tout doucement, pour pas gaspiller. Pour profiter de chacun des mots qu’il t’offre. Parce que dans ce roman, chacune des phrases est un cadeau. Et pas un cadeau à la con, une étoile, qu’il a décroché pour toi. Tu sais ces étoiles qui guidaient les voyageurs, avant, au cœur de la nuit.

    Un père, et un fils.

    Comment se retrouver enfermé quand tu navigues sur les flots ? Comment faire exister l’une à côté de l’autre, deux solitudes, sans même qu’elles se touchent ? Simplement faire exister les mots à travers le silence, c’est sans doute le secret de ce roman hors-normes. Te faire sentir l’odeur du poisson mort et pourrissant dans la cale, te faire toucher du doigt cette vie de misère des marin-pêcheurs qui naviguent sur les flots, ohé ohé jusqu’à perdre la peau qu’ils ont sur les mains, jusqu’à ne plus entendre que le bruit de la vague, celle qui peut faire de ton bateau une simple coquille de noix.

    Te faire pleurer les larmes de ces hommes, du fond de leur vie de misère, la seule qu’ils connaîtront jamais. Entendre leur plainte.

    Un père, et un fils.

    Comment te faire entendre les cris de ces bateaux, de ces David face à tous les Goliath qui écument les crêtes de ces vagues qu’ils ne sentent même plus ? De ces usines qui avalent les poissons de toutes les mers du globe sans se poser de questions sur la pérennité de notre planète et des espèces qui nous ont permis de survivre depuis que nous pouvons naviguer sur les flots ?

    Écouter les cris de douleur de ces hommes et de ces femmes qui quittent leur vie à cause d’une bombe tombée sur une école ou un hôpital et qui partent à la recherche d’un monde un peu meilleur. Entendre les prières d’une enfant face à la violence de ces adultes qu’elle ne comprend pas. Être face à ces yeux qui te demandent pourquoi.

    Un père, et un fils.

    Comment te montrer la folie, sans ces mots surfaits qui ne veulent plus rien dire ? Te laisser entrevoir ces solitudes qui fabriquent des hommes incapables de ressentir la moindre émotion, pour qui la lumière au bout du chemin n’est finalement qu’un naufrage, l’espoir d’un naufrage. N’être tourné que vers la mer et ses abysses qui t’attirent inexorablement. Te dire que la rédemption n’existe pas pour certains d’entre eux. Que l’amour n’est finalement qu’une odeur, celle d’un parfum enfoui au fond d’une poche ou d’un souvenir ancien, qui se mélange à celle de ces poissons écorchés, vidés de leurs entrailles, comme tu voudrais parfois qu’on te vide des tiennes.

    Un père, et un fils.

    Comment t’emmener sur la barque de Charon, et te laisser juste là, devant la porte de ces enfers qui t’effraient depuis que tu es en âge de croire à l’ailleurs, ou peut-être de croire que cet ailleurs n’existe pas ? Regarder ta peau se desquamer, rongée par le sel dans lequel tu vis chacun des jours de ton existence, chacune des nuits où tu t’endors abruti de fatigue, et puis chacune de celles où tu gardes les yeux ouverts en attendant le matin. Te faire bousculer par ce vent que tu croyais ton ami quand tu n’étais qu’un enfant, ce vent qui te transperce aujourd’hui comme des dizaines d’hameçons, ceux que tu destines à ces êtres vivants que tu vas arracher à la mer. T’éveiller dans cette humidité poisseuse dont tu ne peux te défaire, dans ces odeurs de cadavres qui recouvrent même celle de ce parfum que tu espères un jour retrouver. Le parfum de cette femme, croisée au hasard d’un regard et sur laquelle ton corps s’est fixé.

    Un père, et un fils.

    Comment te faire tourner la dernière page d’un roman et espérer en secret qu’il y a encore quelques lignes, oubliées, que tu vas pouvoir relire ? Mais tu sais que c’est un leurre.

    Que tu es arrivé.

    Que ces derniers mots sont vraiment les derniers et que tu vas déposer le livre, pas trop loin, avec ceux de cette collection magnifique, parce que parfois, au détour d’un sourire, au détour d’un mot glané ailleurs, tu vas pouvoir le reprendre, comme tu l’as fait pour « Crocs », « Recluses »,

    « Retour à la nuit » ou « Clouer l’ouest » et sentir à nouveau l’odeur des embruns, voir à nouveau le visage de cette petite fille, entendre les prières qu’elle adresse à un Dieu dont tu ne parles pas la langue.

    T’as vu, j’ai pas mis un seul mot de l’histoire pour que tu ailles le chercher et que tu les lises, ces mots.

    Pour que toi aussi, ils t’ouvrent en deux et que tu te dises, après la dernière ligne,

    que tu viens de refermer le premier roman, après celui du vieil homme, qui te parle de la mer.

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