Mort sur le grill, de Sam Raimi
Avec : Reed Birney, Paul L. Smith, Brion James
Année : 1985
Question film déjanté, Sam Raimi n’a pas seulement l’auteur de génie d’Evil Dead 2. Juste avant, il signait ce polar digne d’un Tex Avery. Inoubliable.
Coécrit par Sam Raimi avec Joel et Ethan Coen, Mort sur le Grill fait partie de ces oeuvres totalement déjantées bénéficiant de l’imagination débordante et des expérimentations propres à la jeunesse – fougueuse et impétueuse, bien sûr. En 1985, seulement quatre années se sont écoulées depuis la sortie de l’immense Evil Dead, premier film de Raimi, et ça se voit. Même si la production n’apparaît plus aussi fauchée et que la logique n’est pas celle du système D, la frénésie et le délire restent les maîtres mots. Le futur papa de la saga Spiderman développe d’abord son deuxième jalon comme un film noir. Tous les motifs sont à ce titre à l’avenant : la nuit d’orage qui plane sur Denver (Colorado), puis la trajectoire mortifère d’Ajax, antihéros fou d’amour dont le patron décide de se débarrasser de son associé.
Mais soudainement les curseurs s’affolent et le long-métrage se transforme en une sorte de Tex Avery filmé en live action (un peu comme dans Evil Dead II). En découle un cartoon complètement barré et partant dans tous les sens. Il serait aisé de reprocher à Mort sur le grill cette nature instable et hystérique où les vociférations prennent parfois le pas sur tout le reste. Seulement, cette folie délibérément foutraque apparaît mis en scène avec un tel soin et avec une telle ambition – qui n’est pas sans rappeler par moment le comique de situation et l’absurdité d’un film avec Jerry Lewis – qu’il s’avère difficile dans le même temps de ne pas ressentir une certaine admiration.
Plutôt injustement écorné par sa réputation, Mort sur le grill mérite largement d’être revu et réévalué. Car il s’agit probablement d’un des films américains les plus cinglés et cultes. Une œuvre qui met à la fois en lumière la virtuosité de Sam Raimi – dont on regrette les trop rares réalisations, la faute entre autres à son activité de producteur – et son esthétique si singulière. Il est probable que ce deuxième film de sa filmographie soit arrivé trop tôt ou à contretemps (une fantaisie maso et enfantine à rebours du gore de ses débuts). Nul doute en tout cas que Mort sur le grill a et continuera d’avoir une influence sur de nombreux metteurs en scène.
À noter que Joel Coen est un ami de Sam Raimi de longue date ayant notamment participé au montage d’Evil Dead (1981). À l’époque, Joel exerce la profession de comptable statisticien mais cette expérience dans le cinéma va fortement l’inspirer, exerçant une influence entre autres sur son premier film : Sang pour sang (1985). D’autre part, remarquons la présence au second plan d’un autre ami de Raimi, celui-ci face caméra : Bruce Campbell (le héros des Evil Dead) dans la peau de Renaldo, dit "The Heel".